Maffia financière : le Centre Carter cloue la Gécamines et ses responsables

Samedi 4 Novembre 2017 - 12:05

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Dans son rapport intitulé « Affaire d’Etat », publié le 3 novembre, à Atlanta aux Etats-Unis, la Fondation américaine révèle qu’entre 2011 et 2014, l'entreprise publique congolaise a dissimulé près de 750 millions de dollars résultant des transactions du cuivre et du cobalt.

La Gécamines, entreprise publique dont les actifs d’Etat ont été privatisés, fonctionnerait comme un « Etat parallèle » avec, à la clé, les détournements des fonds et autres ventes irrégulières non déclarées, notamment sur le cuivre et le cobalt. Aujourd’hui encore, cette entreprise est sur la sellette après la découverte de près de 750 millions de dollars américains issus des transactions entre 2011 et 2014 du cuivre et du cobalt qu’elle aurait dissimulés. Difficile donc de connaître l’utilisation de ce montant qui aurait emprunté une autre destination plutôt que le Trésor public. Cette somme aurait été déduite de 1,1 milliard de dollars que l’entreprise a, du fait de sa position privilégiée « d’Etat parallèle », généré durant cette période sur les contrats de ces minérais. Malheureusement, seul 5 % aurait été reversé au Trésor public. Le gros du paquet n’a pas été retracé de manière fiable dans les registres de l’entreprise.

Tous ces détails sont contenus dans un rapport du Centre Carter, publié le 3 novembre, fruit d’un long travail de fouille et d’investigation. Les chercheurs de ce centre ont, en effet, réalisé près de deux cents interviewes, documenté plus d’une centaine des contrats miniers, scruté les pratiques contractuelles et financières de la Gécamines et ses partenaires d'investissement les plus importants puis interrogé les rapports de l’Initiative pour la transparence des industries extractives couvrant la période 2007-2014.

Le rapport de l'organisme se présente donc comme le résultat d’un travail de longue haleine, marqué par la seule volonté d’éclairer la lanterne des Congolais sur le fonctionnement de cette entreprise publique versée, à la lumière des documents présentés, dans la magouille financière. Selon le document, la Gécamines n’a pas versé au Trésor public les royalties, bonus et autres frais contractuels d’au moins 262 millions de dollars par an, durant la période de 2009-2014. Avec plus de cent permis d’exploitation qu’elle détient par devers elle, cette entreprise échappe curieusement au contrôle de l’Etat et se met en marge du Code minier, souligne le rapport. Une posture qui lui permet, d’après la même source, d’engranger d’énormes revenus sur pied des contrats conclus à l’emporte pièce.

Les revenus ainsi générés ne sont pas tous destinés au Trésor public et sont largement hors du contrôle public, indique la Fondation qui relève, par ailleurs, le refus de l’entreprise de publier des contrats pour plusieurs transactions minières qui pourraient avoir généré plus d'un demi-milliard de dollars en 2016-2017. Avec les élections qui se profilent à l'horizon, maints observateurs craignent que des conditions soient réunies pour de nouvelles ventes non déclarées et pour d’éventuels détournements de fonds.

Alain Diasso

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