Manifestation du 21 janvier: le bilan continue à soulever la polémique

Mardi 23 Janvier 2018 - 17:15

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Le nombre des décès suite à la marche organisée dimanche dernier par les catholiques ne fait pas toujours l'unanimité. Alors que la Monusco parle de six morts, l’ONG Acaj en répertorie neuf, et la police deux. A l'instar du  bilan, des réactions divergent également selon l’angle du prisme d'observation de l'évènement.

La mission onusienne en République démocratique du Congo, appuyée par des organisations de la société civile, a établi un bilan provisoire d’au moins six personnes tuées à Kinshasa et d'au moins soixante-trois personnes blessées lors de la répression par les forces de l’ordre de la manifestation dans plusieurs villes du pays. La Monusco  a également souligné que pour fuir cette répression, certains manifestants ont dû trouver refuge dans ses installations situées sur l’avenue des Poids Lourds à Limete/Kingabwa.

Pour sa part, l'Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj) a dit avoir recensé au total deux cent quarante-sept personnes arrêtées à Kinshasa dont cent cinquante-cinq étaient encore en détention dans la capitale et huit à Goma, dans le Kivu. Des chiffres contredits par la police nationale congolaise qui a évoqué, par l'entremise de son porte-parole, le colonel Muanamputu, deux morts.

Des enquêtes crédibles sur ces incidents

Lors d'une conférence de presse organisée en marge de cette manifestation, l’Acaj a annoncé que les organisations des droits de l’homme et les familles des victimes seraient en train de constituer un dossier d’informations à déposer à la Cour pénale internationale (CPI). « Nous condamnons fermement la répression sanglante de la marche du 21 janvier 2018 et exigeons une enquête internationale afin que les plus hauts responsables soient poursuivis en justice », avait soutenu le président de cette ONG, Me Georges Kapiamba, indiquant que plusieurs personnes avaient été arrêtées, détenues et torturées dans des cachots de la police et de l’armée.

De son côté, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui s’est dit « préoccupé par la mort d'au moins six personnes » lors de cette marche, a appelé les autorités congolaises « à mener des enquêtes crédibles sur ces incidents » et à traduire les responsables en justice. Tout en  exhortant les forces de sécurité congolaises à faire preuve de retenue et à faire respecter les droits du peuple congolais à la liberté d'expression et de réunion pacifique, M. Gutteres a également appelé au plein respect des lieux de culte. Le secrétaire général de l’ONU a, par ailleurs, invité les acteurs politiques congolais à « œuvrer pour la mise en œuvre complète de l'accord politique du 31 décembre, qui reste la seule voie viable vers la tenue des élections, le transfert pacifique du pouvoir et la consolidation de la stabilité en RDC ». Dans la même lancée, la communauté internationale, qui appelle aussi à la retenue, condamne la répression par le sang de cette marche et plaide pour des enquêtes en vue d’établir les responsabilités.

La majorité, quant à elle, a dénoncé « le comportement téméraire et incivique » des laïcs catholiques. Son porte-parole, André Alain Atundu, a notamment indiqué que la coalition au pouvoir était « gravement préoccupée par le comportement téméraire et incivique d’un groupe de catholiques laïcs de l’archidiocèse de Kinshasa, en panne d’une catéchèse évangélique contemporaine ». Pour ce dernier, cette structure de l’Eglise catholique, dont la marche du 21 janvier était la deuxième dans ce sens, agit« en complicité avec certains acteurs de la vie politique congolaise contre les intérêts de la RDC ». André-Alain Atundu accuse, par ailleurs, le Comité laïc de coordination (CLC) de cacher en son sein « des activistes politiques notoirement connus et facilement reconnaissables ».

Le CLC, rappelons-le, a déjà organisé deux marches pacifiques à travers le pays: celle du 31 décembre 2017 puis celle de dimanche dernier. Ces manifestations visent, selon cette structure, à obtenir le respect de l’accord politique du 31 décembre 2016 signé entre le pouvoir et l’opposition en décembre 2016 pour cogérer le pays jusqu’aux élections.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Des manifestants Photo Adiac

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