Marché de la poésie 2014 : soirée de clôture au Centre national du livre

Vendredi 27 Juin 2014 - 14:45

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Jeudi 26 juin, le Centre national du livre à Paris a accueilli la dernière des manifestations du trente-deuxième Marché de la poésie, dont la région invitée était cette année le Bassin du Congo. Les poètes Caya Makhélé, Maxime N'Débéka, Nimrod et Alain Mabanckou étaient réunis pour une soirée de lectures et d'hommage aux pères de la poésie congolaise, modérée par Dominique Loubao, l'occasion de revenir sur l'influence de ces derniers dans leur démarche de création poétique

De gauche à droite, Caya Makhélé, Maxime N'Débéka, Dominique Loubao, Nimrod, Alain Mabanckou (crédits Adiac)

Henri Lopes, président d'honneur du trente-deuxième Marché de la poésie, organisé en partenariat avec Livres et Auteurs du Bassin du Congo, s'est réjoui de la qualité de cette manifestation qui donne une voix aux poètes africains en Europe. « En Afrique nous connaissons les classiques européens, mais l'inverse n'est pas vrai », a constaté Henri Lopes qui a souhaité que ce type de manifestation ou bien la présence des écrivains africains au Salon du livre de Paris à travers le stand Livres et Auteurs du Bassin du Congo se généralisent et se pérennisent.

Respect du droit d'aînesse oblige, Maxime N'Débéka a été le premier des poètes à intervenir au cours de cette soirée. Surnommé par Alain Mabanckou « le Victor Hugo du Congo », Maxime N'Débéka a exprimé au public venu nombreux pour cette soirée de clôture la souffrance que représente la poésie, qui nécessite des années de travail avec la langue. Le poète engagé est revenu sur son parcours marqué par un passage par la prison : « La poésie m'a entraîné vers le militantisme et la prison a fait que le poète en moi s'est vengé du militant. »

Le poète tchadien Nimrod, qui se décrit comme un « poète du paysage », est revenu sur le rôle essentiel du poète : « Les poètes ne parlent que du désastre et on croit que c'est un ornement. Lorsque j'écris, je suis au cœur du tourment », a-t-il déclaré.

Alain Mabanckou, auteur de cinq recueils de poésie, mais désormais plus connu comme romancier et essayiste, a rappelé que la littérature congolaise était une histoire d'entraide : les aînés dans l'écriture aidant et conseillant volontiers les aspirants écrivains des jeunes générations. Dans ce passage de relais, « on ne pouvait pas entrer en littérature par le roman », explique le romancier : il fallait en effet commencer par l'art plus noble de la poésie. Ce passage obligé par la poésie sous-tend son écriture encore aujourd'hui. « Un roman qui n'a pas de souffle poétique ne m'intéresse pas. Mes romans sont d'intuition poétique », dit-il.

« Ma poésie se murmure à l'oreille », confie le poète congolais Caya Makhélé à l'auditoire. Et de rappeler que la « phratrie congolaise », tant célébrée par les écrivains et les intellectuels du pays, va au-delà du Congo. Notre pays a en effet été le refuge des intellectuels sud-africains, tchadiens, RD-congolais ou de tant d'autres pays du continent en prise avec l'oppression.

À l'issue de cette dernière soirée, Paris s'est drapé dans son manteau de pluie. D'aucuns y verront un clin d'œil des mânes puisque les eaux sont tombées à l'ouverture et à la clôture du Marché de la poésie. La boucle est ainsi bouclée alors que le rideau tombe sur ce trente-deuxième Marché de la poésie qui a été un véritable succès.

Rose-Marie Bouboutou

Légendes et crédits photo : 

De gauche à droite, Caya Makhélé, Maxime N'Débéka, Dominique Loubao, Nimrod, Alain Mabanckou (© Adiac).