Marche du 19 septembre : scènes de violence à Kinshasa

Lundi 19 Septembre 2016 - 17:30

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Tirs de sommation par-ci, bruits assourdissants des gaz lacrymogènes par-là, Kinshasa a, le temps d’un éclair, frôlé la catastrophe à l’occasion de la marche du Rassemblement organisée lundi.

Alors que tout, au départ, paraissait bien réglementé à la lumière du consensus trouvé la veille entre le gouverneur de Kinshasa et les organisateurs, d’aucuns étaient surpris par la tournure prise par cette manifestation qui a vite tourné à l‘émeute. Forts de l’autorisation de la ville obtenue en bonne et due forme, les organisateurs avec à leur tête quelques têtes d’affiche du Rassemblement parmi lesquels Martin Fayulu, Félix Tshisekedi, Franck Diongo, Joseph Olengankoy et autres, avaient eu de la peine à canaliser le flux de leurs militants venus, déjà tôt le matin, en grand nombre au point de ralliement à l’échangeur de Limete.

Le débordement était, pour ainsi dire, à la mesure du gigantisme que l’opposition entendait imprimer à cette manifestation qui, d’après ses organisateurs, devrait sonner le glas du pouvoir de Joseph Kabila entré, depuis ce jour, dans l’inconstitutionnalité pour non-convocation du corps électoral à échéance échue conformément à la Constitution. Aussi le préavis constitutionnel par  rapport à la fin de son mandat devrait-il  donc courir à compter du 19 septembre, ont expliqué les organisateurs. La manifestation dite pacifique n’aura finalement duré qu’une bonne demi-heure. Les choses se sont gâtées au niveau de la 12e rue Limete lorsque les manifestants ont commencé à s’en prendre aux forces de l’ordre sur fond d’invectives et des chants hostiles au régime. Des symboles du pouvoir ont été pris pour cible y compris quelques biens publics. Des bus de la société Transco ont été caillassés à maints endroits incitant l’ire des policiers enjoints par la hiérarchie à disperser les manifestants. Le mot d’ordre était formel. La marche a été annulée. Pour le pouvoir public, il n’était nullement question de laisser l’opposition poursuivre sa marche qui s’inscrivait plutôt dans un schéma de guerre civile sur fond de vandalisme, de pillage, de destruction méchante et de perturbation de l'ordre public.     

Des échauffourées entre forces de l’ordre et manifestants, il en résultera des scènes de casse et de pillages à certains endroits. Dans le quartier chaud de Masina, le branle-bas était total autant qu’à Limete où le siège du parti présidentiel PPRD a été  réduit en cendres y compris celui du RCD d’Azarias Ruberwa. Des témoins font état des tirs des gaz lacrymogènes notamment dans les communes de Ndjili, Lemba, Limete et Bandal. À Ndjili, des témoins indiquent qu’une station-service et un commerce ont été incendiés. Au centre-ville de Kinshasa, plusieurs entreprises publiques et privées et écoles n’ont pas ouvert. Le recours par la police du gaz lacrymogène n’a fait qu’exacerber une tension qui est allée crescendo au fil de la journée jusqu’à entraîner mort d’hommes, plusieurs blessés et des dégâts matériels importants. Un policier aperçu en train de tirer à balle réelle les manifestants a été maîtrisé par ces derniers, puis lynché sans autre forme de procès. L’opposition parle de sept morts tandis que la majorité de deux cadavres recensés dont celui du policier abattu au siège du PPRD.  Le calme a été rétabli en début d’après-midi. L’opposant Martin Fayulu s’en est tiré avec une plaie sur la tête, blessé violemment par des policiers, apprend-on. 

        

Alain Diasso

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