Massacre des miliciens de Kamwina Nsapu : des appels à l’ouverture d’une enquête internationale se multiplient

Lundi 20 Février 2017 - 16:44

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L’usage disproportionné de la force auquel ont eu recours dernièrement les Fardc contre des miliciens de Kamwina Nsapu sans armes dans le Kasaï central a ému plus d’un dans la séquence filmée de près de sept minutes postée sur les réseaux sociaux.  

 Une récente vidéo postée sur le Net continue à faire le buzz sur les réseaux sociaux. Elle montre des hommes en uniforme de l’armée tirer à bout portant sur des personnes sans armes, des femmes et des enfants y compris. Le plus écœurant dans ce film de près de sept minutes est l’usage disproportionné de la force par les présumés éléments des Fardc contre ceux qui, visiblement, étaient les miliciens de Kamwuina Nsapu juste munis d’armes blanches. Ce qui a suscité des réactions en sens divers stigmatisant le côté bestial, brutal et cynique de ce massacre. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Côté gouvernemental, l’on a admis samedi, par la voix du porte-parole Lambert Mende, que des excès ont effectivement été commis par des forces loyalistes dans leur assaut contre le « groupe terroriste » Kamwina Nsapu et les assaillants porteurs d’armes de guerre, de chasse et d’armes blanches.

 

D’après le porte-parole du gouvernement qui a évoqué des « montages ridicules réalisés après ces accrochages par les pourfendeurs du gouvernement », la scène filmée date de décembre 2016 avec pour théâtre d’opération, Mwanza Lomba, un village du Kasaï oriental. Pour le gouvernement, tous les excès et abus signalés imputés aux éléments des Fardc dans cette opération » ont été « pris en charge conformément au code pénal militaire dès la fin de cette opération l’année dernière », un officier et un sous-officier « en répondent d’ores et déjà devant la justice militaire ». Par rapport aux faits qui remontent à quelques semaines déjà, Lambert Mende a trouvé « malveillant, tardive et inutile » les dénonciations faites par les internautes de ce qu’ils ont qualifié hâtivement de « crimes contre l’humanité ».

 

De part et d’autres, des langues se délient et appellent à une enquête internationale à l’instar de Washington. « Si ces exécutions extrajudiciaires se confirmaient, elles constitueraient des violations flagrantes des droits de l’homme pouvant donner lieu à des violences et à une instabilité généralisées dans un pays déjà fragile », a déclaré le porte-parole du département d’Etat américain Mark Toner. Les États-Unis en appellent au lancement d’une « enquête immédiate et approfondie, en collaboration avec les organisations internationales chargées de surveiller les droits de l’homme, afin d’identifier les personnes qui ont commis ces exactions odieuses et de tenir pour responsable tout individu coupable d’y avoir participé ». L’ONU a, quant à elle, exhorté les Fardc « à agir dans le respect des normes acceptables du droit national et international ». Entre-temps, la Mission de l’ONU au Congo enquête sur cette « vidéo et d’autres allégations » sur ce qui se passe dans les trois Kasaï.

La Nouvelle société civile congolaise a appelé à l’ouverture immédiate d’une enquête internationale impartiale afin de faire la lumière sur cette affaire pour que les responsables soient déférés devant la justice. Le secrétaire général adjoint de l’UDPS chargé des questions politiques et diplomatiques, Félix Tshisekedi a, quant à lui, exigé une commission d’enquête internationale et indépendante « afin d’établir les responsabilités des Forces armées congolaises dans la perpétration des crimes d’une violence aussi brutale que bestiale ». Dossier à suivre.             

 

 

Alan Diasso

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