Matières premières : de l’or artisanal extrait « légalement » dans l’est de la RDC sur le marché international

Lundi 26 Juin 2017 - 18:17

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Fair Trade Jewellery, un bijoutier opérant à Toronto, a réussi l’exploit d’importer trois barres aurifères de 238 grammes vers le Canada grâce à une chaîne d’approvisionnement fiable partant du site minier jusqu’à l’exportateur. En quelques jours, la bijouterie torontoise a conçu quatre magnifiques bagues en or pour les consommateurs canadiens. Il s’agit d’un minerai dont le numéro de lot gravé indique exactement la province de l’Ituri, dans l’est du pays.

Pour Partenariat Afrique Canada et Fair Trade Jewellery, un tel évènement ne peut que marquer une réelle avancée majeure. La RDC vient d'effectuer la première exportation d’or artisanal de manière tout à fait libre et responsable, ajoutent les deux partenaires. La traçabilité de l’or exporté facilement remontable renseigne que l'or provient d’un lot extrait d’une mine de l'Ituri. Comme l'explique Partenariat Afrique Canada, le projet baptisé « Or juste » permet d'instaurer un système de traçabilité pour l’or artisanal afin de le rendre légal et libre de conflit en RDC. Quant à la bijouterie torontoise, elle rappelle que l'opération est une première dans le secteur des ressources naturelles en RDC.

En effet, au fil des tensions politico-militaires, cette partie riche du territoire congolais a fait l’objet d’un regain d’attention de la communauté internationale désormais plus regardante sur les minerais qui servent à financer les rébellions. Plusieurs pays ont pris des mesures restrictives sur le commerce des produits miniers dans les zones en conflit du pays. Certains comme les États-Unis d’Amérique interdisent même à leurs entreprises minières d'opérer en RDC, sans prendre des précautions particulières.

Dans certaines de nos livraisons passées, nous faisions allusion à une montée de grogne dans les provinces minières de l’est de la RDC. Dans le Kivu par exemple, province qui a servi de point de départ à de nombreux mouvements rébelles, l’économie dépend à 90 % des activités minières artisanales. Une telle annonce aidera certainement à ramener la sérénité et pourra même constituer un nouveau départ dans une partie meurtrie du pays. Aujourd'hui, il est possible d’exporter des minerais de manière responsable en RDC, avec la collaboration bien entendu des partenaires crédibles opérant sur place, comme Partenariat Afrique Canada. Et c’est ce message que les miniers artisanaux de l’Est souhaitent porter à la communauté internationale. Il y a une garantie de retracer les différents minerais jusqu’aux communautés.

Une décrispation du secteur minier signera à coup sûr la reprise du développement local et contribuera à améliorer la vie de nombreux intervenants. Pour Partenariat Afrique Canada, le projet "Or juste" est une première expérience dans la province de l’Ituri. L’idée est d’inciter les mineurs artisanaux du secteur de l’or de trouver des débouchés légalement. Il s’agit de les mettre en contact avec des exportateurs sérieux qui offrent des prix justes. Au-delà, il sera possible de procéder à un renforcement de leurs capacités en leur assurant, par exemple, l’assistance technique nécessaire en échange des ventes légales. Il faut leur apprendre les meilleures techniques d’exploitation et les aider à se doter des équipements appropriés. Le projet compte actuellement environ 600 mineurs inscrits dans un total de 6 sites miniers. Le projet est financé par Affaires mondiales Canda, l’Usaid et l’Organisation internationale pour les migrations.

Qu'en est-il des bijouteries locales ?

Voilà qui relance également un autre débat interne sur l’émergence d’un entrepreneuriat local fort dans ce secteur. Le soutien devra provenir essentiellement des Congolais eux-mêmes. En effet, certaines bijouteries locales continuent à demander aux autorités congolaises de prendre les mesures nécessaires pour éviter leur disparition. Par ailleurs, la demande locale reste également très faible. Les quelques Congolais argentés préfèrent s’approvisionner en bijoux à l’étranger. Le constat général est que le Congolais consomme de moins en moins congolais. Pourtant, la bijouterie haut de gamme existe bien dans le pays. Bien entendu, les subventions de l’État seront indispensables pour relancer le secteur.

Laurent Essolomwa

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