Médias : les moyens de communication traditionnels condamnés à évoluer face à la modernité

Jeudi 16 Août 2018 - 15:00

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Le sujet a été longuement évoqué lors d’un séminaire de trois semaines, organisé jusqu’au 20 août à Pékin, en Chine, à l’intention des personnels séniors des médias des pays africains francophones. 

La rencontre a connu la participation de cinquante-quatre personnes venues de quatorze pays, notamment de l’Algérie, du Bénin, du Burundi, des Comores, de la République du Congo, de la République démocratique du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de Djibouti, de la Guinée-Bissau, de la République de Guinée, de Madagascar, de Maurice et du Sénégal. Organisée par l’Institut de recherches et de formations de l’administration d’Etat de la Radio et de la Télévision de Chine, elle a été l’occasion pour les conférenciers de donner leurs visions sur plusieurs thèmes. Sur le sujet « Les nouveaux médias remplaceront-ils les médias traditionnels ? », Li Zhiyong a indiqué que ces nouveaux médias ne sont autres que l’internet et les réseaux sociaux alors que le deuxième groupe est formé, entre autres, de la radio, de la télévision et de la presse écrite.

L’orateur a reconnu la place centrale qu’occupent les nouveaux médias en matière de communication par rapport aux médias traditionnels mais a fait savoir que selon des analystes, trois théories - être totalement remplacés, être partiellement remplacés, ne peuvent être remplacés - ont été avancées en réponse à la question soulevée. Résumant ces positions divergentes, il a relevé que « les médias traditionnels pourraient disparaître s’ils ne changent pas leur manière de faire ». « C’est pour avoir compris cette réalité des faits que la plupart ont eu la conviction qu’une révolution était obligatoire », a expliqué Li Zhiyong, soulignant que la vraie réponse à la préoccupation sus-évoquée est que les médias traditionnels ne pourront nullement disparaître mais ils sont tous condamnés à évoluer, s’ils veulent continuer à avoir des audiences qui conviennent.

Pour le conférencier, les experts veulent qu’on parle aujourd’hui d’écosystème médiatique, un ensemble dans lequel tout le monde joue un rôle avec plus ou moins d’interdépendance des uns avec les autres, que de raisonner en termes de médias traditionnels ou « à sens unique ». « L’erreur de ce genre de médias est de vouloir imposer leurs modèles d’information ou de publicité déjà surannés aux autres », a-t-il rappelé. « Avec les nouveaux médias, l’information est publiée de manière instantanée et la chaîne d’informations quotidiennes est toujours occupée, parce que les gens veulent suivre des informations sur le téléphone portable, par exemple, plutôt que dans les journaux », a commenté Li Zhiyong.

Devant cet état de choses, les médias traditionnels qui ne l’ont pas encore fait ont été invités à s’engager sur la voie du changement afin de s’arrimer à la modernité. La Chine a, de son côté, prouvé ses prouesses en la matière comme cela se traduit au sein de la Télévision centrale de Chine (CCTV), la China Network Television –Télévision en réseau de Chine (CNTV) -,  la Radio Chine Internationale (RCI), l’Agence de presse Chine nouvelle (Xinhua) et des journaux du pays, comme le quotidien de Lanzhou, dans la province de Gansu. 

S’agissant du cas de la télévision en général, qui ne voulait pas s’engager sur la voie du changement au motif qu’elle gardait toujours le leadership, l’orateur a dit que l’heure de faire des sacrifices avait sonné avec l’accès à l’internet. Il s’agit, par exemple, pour les chaînes de télévision ayant des sites, d’élargir leur audience en publiant en ligne des informations et autres publicités. Il en est de même pour la radio même si elle reste le seul média pouvant être consommé gratuitement sans modération partout, que l’on soit en voiture ou dans n’importe quelle situation ambulante.

Le public de plus en plus exigeant

D’après des analystes, les médias traditionnels doivent à tout prix évoluer mais pour le faire, ils doivent tous intégrer l’idée que le public ne veut plus qu’on lui impose des programmes (films, séries TV, Journal télévisé, publicité) à des heures déjà fixées d’avance. De même tout internaute ne veut plus attendre une demi-heure ou la vingtaine de minutes pour s’informer ou se distraire.

Outre les nouveaux médias et des médias traditionnels, d’autres sujets ont été développés, comme « Le panorama des médias chinois et la perspective de coopération télévisée ou radiophonique (CCTV et RCI) », « L’internet et la transformation du domaine des médias », « La nouvelle technologie du domaine des médias en Chine ». Yu Jiang de la CCTV francophone, Wang Yi, Zeng Qingjun et Yang Xiaolan, qui en étaient des conférenciers, ont suscité les réactions des participants. Leurs préoccupations ont pour la plupart porté sur la nécessité du raffermissement de la coopération médiatique entre la Chine et l’Afrique. Certains d’entre eux ont estimé que l’exemple donné par Xinhua en Afrique francophone et la CRI pour assurer et parfaire la vocation internationale des médias chinois, en couvrant certains pays de la région, va inévitablement renforcer ce partenariat si CCTV peut également emboîter le pas dans une démarche similaire. De plus, les délégués présents ont plaidé pour que tous les médias chinois internationaux procèdent à l’élargissement de leur champ d’action en comptant non seulement sur la performance des moyens modernes de diffusion des informations mais aussi en mettant tout en œuvre pour trouver en Afrique même, des correspondants locaux, capables de puiser l’information à la source. La création de stations CCTV dans certaines régions ou de radios émettant en FM dans chaque pays répondra au mieux à cette exigence, ont-ils escompté.

Nestor N'Gampoula

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