Mike Fakih : « Former une jeunesse pour le bien-être du continent »

Dimanche 30 Mars 2014 - 7:45

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Mike Fakih est directeur du programme Europe-Afrique à Sciences-Po Paris. Il y a trois ans que ce programme existe, c’est un véritable succès dans le monde universitaire. Le directeur du campus Europe-Afrique répond aux questions des Dépêches de Brazzaville

Mike FakihComment est née l’idée du campus Europe-Afrique ?
Nous sommes partis d’un constat. 2010-2011, Sciences-Po, école d’élite et de référence, ne comptait qu’une petite soixantaine d’étudiants africains. Dans un cursus pluridisciplinaire et ouvert, Sciences-Po avait déjà cinq campus dédiés à des régions du monde. La seule non représentée était l’Afrique. Il y avait donc un manque de connaissances sur l’Afrique en général. Ainsi, ce projet fut motivé par une ambition forte de contribuer à une meilleure compréhension de l’Afrique et de sa dynamique. Nous cherchons aussi à rapprocher les jeunes générations d’Afrique et d’Europe. Nous avons travaillé avec des chercheurs, le corps universitaire et de nombreuses personnalités africaines. Comme le professeur Mamadou Diouf, ou encore le financier Lionel Zinsou. Aujourd’hui, nous comptons plus de 150 étudiants par promotion, avec plus d’un tiers venant de toute l’Afrique.

Quelle est la spécificité du programme Europe-Afrique ?
Il y a les cours fondamentaux de Sciences-Po qui ne changent pas (histoire, droit, économie, sociologie et statistique). En plus de cela, nos promotions ont des cours tournés vers l’Afrique donnés par des spécialistes du continent (anthropologie, histoire africaine, économie de l’Afrique, développement durable…). Les étudiants doivent prendre une troisième langue obligatoire : swahili, portugais ou arabe. Nous développons un réseau pour faciliter l’obtention de stages ciblés. Lors de la troisième année qui s’effectue hors les murs, l’étudiant va en Afrique ou en Europe (si l’étudiant vient du Congo, par exemple). Il peut aussi aller dans nos universités partenaires, qui sont les plus réputées d’Afrique.

 

Comment se déroulent le recrutement et la scolarité ?
Sciences-Po nous a procuré des ressources très importantes grâce à la scolarité et au département international. Même hors Afrique française, nous recrutons. Grâce à l’expertise de Sciences-Po, nous collaborons de plus en plus avec l’Afrique francophone. La sélection s’opère sur dossier et ensuite par entretien.

À quels types de fonction ces étudiants sont-ils destinés ?
Les perspectives futures sont nombreuses pour ces étudiants qui sortiront diplômés de Sciences-Po avec un double bagage. Ils sont pour l’instant en troisième année, et nous faisons d’ores et déjà un excellent constat. Les élèves restent brillants et obtiennent de très hautes mentions (Suma Cum Laude). Beaucoup partent en séjour d’étude dans des universités africaines, mais aussi américaines. Au niveau des stages, nous retrouvons nos étudiants dans des institutions africaines de haut niveau, mais aussi dans des Alliances françaises ou des programmes de développement. Récemment, une de nos étudiantes a été acceptée à Oxford pour poursuivre des African Studies. Nous les retrouvons aussi dans les pays où Sciences-Po n’a pas de réseau, c’est donc cette génération qui est en train de créer le réseau de demain (Tanzanie ou bien Mozambique, par exemple). Ainsi les profils sont-ils très variés.

Vous avez un rapport privilégié avec ces étudiants et vous observez le processus. Que pensez-vous des rapports entre l’Union européenne et l’Afrique ?
L’Europe a besoin de l’Afrique, et l’Afrique a besoin de l’Europe. Pas de doute. Cependant, il faut aller au-delà des aspects purement économiques. Il y a des liens culturels qui sont très importants, par exemple. Les deux continents aujourd’hui sont liés. Dans le programme Europe-Afrique, il y a beaucoup de Français et d’Européens qui veulent aller en Afrique pour faire perdurer les liens. Ainsi, il nous faut créer ensemble des liens égaux.

Georges Quesne