Minerais : exploitation illégale de diamant en Angola, saisie d’or en RDC; l'Afrique centrale "minée"

Mercredi 23 Avril 2014 - 19:59

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Les nouvelles en provenance de la province angolaise de Bié font état de l'arrestation d'une trentaine de ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC), du Mali et du Congo Brazzaville pour fraude dans l'exploitation du diamant, selon une dépêche d'Angola press, reprise par l’agence Ecofin le 23 avril, tandis que les services spécialisés congolais ont mis la main sur un colis contenant de l'or dans la ville minière de Mbuji-Mayi.

Selon la source angolaise, les exploitants illégaux arrêtés et estimés exactement à trente-sept Africains ont été détenus durant toute une semaine après leur interpellation dans la province centrale de Bié. Cette intervention aurait été déclenchée après l’arrivée dans le secteur diamantifère angolais de plusieurs grands opérateurs, parmi lesquels le Russe Alrosa, le Sud-Africain DeBeers et Anglo-Americain. La détermination à assainir le secteur devrait permettre à l’Angola dont l’économie est tirée essentiellement par ses matières premières, comme le reste de l'Afrique subsaharienne d'ailleurs, d’augmenter sa production annuelle de diamant. Celle-ci pourrait ainsi passer à 9,5 millions de carats en 2014, contre 8,5 millions en 2013, soit un million de carats en plus.

Le défi posé par les exploitants artisanaux dépasse les frontières angolaises car la RDC est elle-même victime de ce phénomène préjudiciable au développement du secteur minier, et surtout à la maximisation des recettes provenant de son exploitation. Il y a quelques jours, le 16 avril, les éléments de la police ont mis la main sur 250 kg d’or dans un sac d’arachides à Mbuji-Mayi, capitale du diamant. La brigade anti-fraude a saisi le colis à l’aéroport de Bipemba. Les informations provenant du ministère provincial des Mines ont permis d’établir une traçabilité. Il s’agit d’un colis de minerai en provenance de l’exploitation artisanale de la localité de Kanyama, au Katanga. Il est ainsi arrivé à la frontière avec le Kasaï Oriental avant d’être acheminé ensuite de manière frauduleuse dans la ville minière de Goma, au Nord-Kivu. Mais l'opération n'a pas marché. L’on se rappelle que 98% de l’or extrait des mines congolaises sont sortis frauduleusement de la RDC au cours de l’année 2013. À ce sujet, un rapport des Nations unies a indiqué clairement que les pertes s’établissaient à plus de 400 millions de dollars américains. Preuve d'une situation intenable, il y a eu l’ultimatum adressé par la Gécamines à 20 000 creuseurs artisanaux pour quitter la carrière de cuivre de Luputo dans le Katanga afin de permettre à Luna Mining de mettre en œuvre le contrat conclu en début d’année.

De ce qui précède, l’on comprend dès lors l’intérêt de renforcer les liens de coopération régionale pour venir à bout de ce fléau. Il est possible que la RDC passe progressivement d’une contribution financière du secteur minier de 9% à 25% en 2016, ont fait obbserver certains analystes. Mais pour y arriver, elle doit mettre en œuvre le cadre idéal capable d'encourager l’augmentation de la production minière tout en tenant compte de la Constitution, de l’Acte uniforme de l’Ohada et des engagements internationaux. Pour les milieux des affaires, plusieurs facteurs ont contribué à la faible contribution des recettes minières en RDC, notamment l’appauvrissement des milliers de travailleurs, le développement hors contrôle du secteur artisanal et le désordre qui s’en est suivi. Si hier il ne s’agissait que du diamant, aujourd’hui d’autres substances minérales se sont ajoutées, notamment le cuivre, le cobalt, l’étain et le coltant.

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

La carte minière de la RDC