Mines : la société civile exige le rejet de cession des parts de Sokimo à AJN Resources

Vendredi 24 Avril 2020 - 10:25

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La Ligue congolaise contre la corruption (Licoco) et des organisations de la société civile ont organisé une conférence de presse, le 21 avril à Kinshasa, pour dénoncer la société AJN Resources Inc.

Dans un communiqué de presse, les organisations de la Société civile, déclarent : « le gouvernement de la RDC doit rejeter la cession des parts de la Société minière de Kilo Moto (Sokimo) à AJN Resources ». La Licoco et ces organisations ont en fait réagi au communiqué de presse d’AJN Resources Inc. du 15 avril. 

« Les organisations signataires du présent communiqué expriment leur désaccord avec ce qui tend à devenir une arnaque malgré leurs précédents avertissements au gouvernement congolais, à SOKIMO et à AJN. Alors que les réunions du Conseil des ministres sont suspendues, la ville de Kinshasa isolée d’autres provinces, certains services techniques et sociétés minières travaillant minimalement ou en confinement contre COVID-19 depuis la fin du mois de mars, les signataires ont découvert avec surprise le communiqué du 14 avril 2020 publié par des agences de communication au nom de AJN Resources Inc. et repris par des médias anglophones canadiens », peut-on lire dans le communiqué de ces organisations de la société civile en RDC.

Le communiqué reprend un extrait du communiqué d’AJN Resources qui indiquait ceci : « AJN Resources Inc. a le plaisir d'annoncer des estimations historiques des ressources minérales à Zani Kodo et Giro Goldfields et une mise à jour sur le projet aurifère du Nord congolais (GNPC) où AJN a le droit d'acquérir indirectement 30 - 35% des intérêts transportés gratuitement sur 13 licences couvrant 3801 km2 en vertu du protocole d'entente (MoU) signé le 18 janvier 2020 avec la Société Minière de Kilo - Moto SA (SOKIMO) ». 

« Nous avions publié notre communiqué en février où nous avions dénoncé le fait que AJN Resources est un trader, un commerce. AJN resources n’est pas une société minière, elle ne peut nous dire aujourd’hui qu’elle exploite une source, elle n’a jamais exploité de mine, c’est un trader. Et les traders travaillent sur les marchés financiers. Ils vendent des titres, empochent des commissions, c’est cela leur rôle », a argué Ernest Mpararo de la Licoco. 

Les organisations signataires ont donc été « stupéfaites de lire à travers le site internet d’AJN ResourcesInc, que cette dernière continue à mobiliser les investisseurs pour qu’ils financent son projet d’exploitation d’or en République Démocratique du Congo ». Ces organisations « demandent aux investisseurs probables et intéressés qui veulent s’aventurer dans le projet AJN Resources en République Démocratique du Congo de diligenter des enquêtes pour savoir comment AJN Resources a signé un mémorandum d’entente avec SOKIMO pour qu’il acquiert 30% des parts dans le projet Zani Kodo, comment est-ce que SOKIMO a accepté de céder ses parts de 35% dans le projet GIRO Goldfield et comment la SOKIMO braderait aussi un gisement certifié de 45T d’or de Kibali Sud ? ».

En considérant la réaction du ministre du Portefeuille le 23 février à la suite de leur communiqué du 22 février, ces organisations estiment que ce dernier doit demander à Sokimo de résilier le mémorandum d’entente qu’il a signé avec les responsables d’AJN Resources. Les raisons qui militeraient pour la résiliation du contrat seraient pertinentes. En effet, renseigne-t-on, « AJN Resources n’a pas de moyens financiers pour réaliser un projet d’une grande envergure comme le projet Kodo. D’ailleurs les responsables d’AJN Resources cherchent des fonds au niveau international, en violation des dispositions du Code Minier en ses articles 40, 41, 42 et 185 ». Ces organisations considèrent aussi que AJN Resources n’est pas une entreprise qui a une expérience dans l’exploitation minière. Sur le site internet de cette dernière, nulle part n’est mentionné le fait que la société a déjà réalisé une exploitation minière proprement dite. 

« AJN Resources qui est cotée à la bourse canadienne aurait sérieusement violé les règles en matière d’informations tout en déclarant des résultats sans aucun sous-bassement technique et AJN Resources aurait aussi fait recours à une Société écran pour justifier un montage financier grotesque, ce qui s’apparente à un blanchiment des capitaux », affirment les organisations de la Société civile. Des soupçons de corruption pèseraient sur ce mémorandum car AJN Resources aurait signé un mémorandum d’entente avec Sokimo pour acquérir toutes les parts de Sokimo dans tous les projets existants et en cours.

Les revendications des organisations

« Connaissant les modes opératoires de certains opérateurs et mandataires, les signataires du présent communiqué détiennent des indices, des sources fiables, que les responsables d’AJN auraient promis des avantages indus et illégaux aux responsables de SOKIMO dès que la mobilisation des fonds sera effective », accusent les organisations de la Société civile. Le ministre du Portefeuille qui devrait demander la suspension de ce mémorandum n’a pas encore donné l’ordre aux responsables de SOKIMO de stopper cette transaction. Aussi demandent-elles au ministre du Portefeuille « d’ordonner l’annulation immédiate de ce mémorandum d’entente entre AJN Resources et SOKIMO ; de sanctionner les responsables de SOKIMO qui sont impliqués dans cette transaction mafieuse ; d’organiser un appel d’offre pour la prise de participation des parts de SOKIMO dans tous ces projets en privilégiant les opérateurs qui ont des moyens financiers en lieu et place des opérateurs spéculateurs (traders) en bourses ».

Enfin à la Bourse canadienne, ces organisations suggèrent « de diligenter une enquête sur les déclarations d’AJN qui sont truffées des faussetés tenant à dérouter ses investisseurs potentiels. AJN ne détient aucun droit en vertu de ce Protocole d’Accord qui n’était qu’une expression d’intention ».

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Sokimo

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