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Monde : un bilan 2019 peu engageant

Lundi 30 Décembre 2019 - 10:23

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 Vue du grand Sud l’évolution générale de la planète n’a guère été positive tout au long de l’année 2019 qui s’achève. Non seulement elle n’a été marquée par aucune avancée sérieuse dans les domaines stratégiques les plus essentiels, au premier rang desquels figure la lutte contre le dérèglement climatique, mais elle a vu aussi se préciser des tensions entre les grandes puissances dans différentes régions du monde. Ce qui, tout bien considéré, ne laisse guère espérer que l’année à venir sera meilleure que celle dont nous vivons les dernières heures.

Résumé en quelques mots ce diagnostic pessimiste repose sur les constatations suivantes :

° La Conférence sur le climat qui s’est tenue à Madrid durant ce dernier mois de l’année a été un échec. Elle a été boudée par un grand nombre de dirigeants, n’a pris aucune décision sérieuse pour la protection de la nature, a confirmé le désintérêt des grandes nations comme la Chine et les Etats-Unis, n’a même pas été capable d’imposer l’application des mesures prises lors des COP précédentes pour lutter contre le dérèglement climatique. Ceci alors même que les experts ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur les cinq continents.

° Loin de s’apaiser les tensions ethniques et religieuses se sont aggravées un peu partout dans le monde, mais surtout au Proche et au Moyen-Orient où la guerre larvée que se livrent les Musulmans sunnites (conduits par l’Arabie Saoudite) et chiites (conduits par l’Iran) s’aggrave de jour en jour et en Afrique du Nord, dans la région du Sahel, où les pays engagés dans la lutte contre le djihadisme s’avèrent incapables de coordonner leurs efforts pour combattre le terrorisme et où leurs alliés comme la France en viennent à douter de leur propre action.

° Dans ce contexte peu positif les grandes puissances refusent de coordonner leurs efforts afin de  trouver des solutions à ces conflits : les Etats-Unis de Donald Trump se replient sur eux-mêmes au nom de l’ « America first » que celui-ci prône sans le moindre complexe, la Chine accélère sa montée en avant dans l’économie mondiale sans se préoccuper d’aider les pays qui l’entourent à résoudre leurs problèmes, la Russie réapparaît sur la scène avec l’intention affichée d’influer sur l’évolution du monde et l’Europe, divisée, s’en efface progressivement.

° Sur le plan économique la mondialisation n’a pas eu les effets escomptés : les pays émergents peinent toujours à réduire leur endettement et à lancer leur croissance, les pays riches qui les ont exploités pendant longtemps ne se préoccupent guère de les aider à résoudre leurs problèmes, l’endettement planétaire atteint un niveau plus qu’inquiétant et touche pratiquement toutes les nations, qu’elles soient riches ou pauvres. Bref, le bond en avant que l’on attendait de l’ouverture des marchés ne s’est pas produit.

° Dernier point, qui n’est pas le moins important, ces problèmes se cumulent dangereusement dans le moment même où se confirme une augmentation de la population mondiale qui verra à brève échéance des continents comme l’Afrique faire vivre le quart de l’humanité. Avec, bien évidemment, les frustrations et les tensions qui grandiront inévitablement au sein de ces sociétés si les nouvelles générations n’ont pas des conditions de vie plus sûres, plus confortables, plus ouvertes sur le vaste monde.

De tout ce qui précède ressort la conclusion qu’une adaptation de la gouvernance mondiale à ces nouvelles réalités est indispensable. Si rien n’est fait en 2020 pour avancer sur cette voie l’on peut être certain que les tensions de toute nature enregistrées tout au long de cette année 2019 s’aggraveront dangereusement.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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