Mondial 2014 : la Grèce chipe aux Éléphants un huitième de finale historique (groupe C)

Mercredi 25 Juin 2014 - 14:48

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Alors qu’un match nul suffisait aux Éléphants, la Côte d’Ivoire s’incline dans les derniers instants face à la Grèce (1-2). Et loupe, pour la troisième édition consécutive, la qualification pour les huitièmes de finale. Balayée lors du premier match par la Colombie, décevante face au Japon, la Grèce se qualifie pour les huitièmes de finale avec 4 points et une différence de buts négative (-2)

La scène est cruelle et dramatique: dans les arrêts de jeu, l’infortuné Sio touche involontairement la jambe de Samaras et offre le penalty de la victoire à la Grèce. Mais elle ponctue un match manqué des Ivoiriens, qui ont livré une prestation brouillonne, alternant individualisme et fautes tactiques.

Deux blessures et une barre pour la Grèce dans la première demi-heure

Pourtant, la malédiction qui accompagne la génération Drogba-Touré depuis près de dix ans semblait s'être portée sur la Grèce, contrainte de changer deux joueurs dans les 24 premières minutes. Mais les Hellènes, qui ne comptaient jusqu’alors qu’une seule victoire en huit matchs joués (contre le Nigeria en 2010), ne baissent pas les bras et se montrent les plus dangereux : Holebas touche la barre des 25 mètres à la 32e et Karagounis sollicite Copa Barry à la 34e.

Un duo Touré-Drogba décevant, un Gervinho trop seul

Alors que les Ivoiriens avaient misés sur la vitesse du trio Kalou-Bony-Gervinho lors des deux premiers matchs, Sabri Lamouchi a décidé d’aligner Didier Drogba au coup d’envoi. Mal lui en a pris, car le vétéran (36 ans) n’avait pas les jambes, mardi soir, et a souvent ralenti le jeu. Et si Gervinho a multiplié les saillies désordonnées, Yaya Touré a aussi déçu, dézonant trop souvent, ce qui a contribué à déstabiliser le bloc ivoirien.

La désinvolture de Tioté amène le premier but grec

C’est une erreur individuelle qui va amener le premier but grec : sans aucune pression adverse, Cheick Tioté joue en retrait, avec une désinvolture coupable. Samaras profite de l’offrande pour servir Samaris (1-0, 42e). Un coup de massue pour l’équipe ivoirienne, qui est donc éliminée à cet instant du match.

La sortie de Tioté déséquilibre un peu plus encore le bloc ivoirien

La réaction n’a pas lieu au retour des vestiaires, puisque les Grecs, qui jouent parfaitement le contre, se créent deux occasions franches : pointu de Lazaros au ras du poteau à la 55e et frappe de Salpingidis repoussée par Barry à la 59e. Au pied du mur, Sabri Lamouchi lance enfin Bony à l’heure de jeu, mais au lieu de sortir un Drogba transparent ou un Yaya Touré des mauvais jours, le Franco-Tunisien rappelle Tioté sur le banc, déséquilibrant encore plus le bloc ivoirien. Qui frôle d’ailleurs la correctionnelle neuf minute plus tard sur un nouveau contre grec, ponctué d’un tir sur la transversale de Barry (70e).

Les Éléphants égalisent sur leur premier mouvement collectif

Néanmoins, l’espoir va revenir sur une des trop rares actions collectives des Ivoiriens : Kalou sert Gervinho qui remet dans l’axe à Bony (1-1, 74e). Mais après un nouveau tir grec sur le poteau, le drame va arriver : après un 4 contre 2 très mal négocié par les Ivoiriens, la Grèce part en contre avec fougue, quand la moitié de l’équipe ivoirienne revient en marchant.

Une faute involontaire mais réelle de Sio sur Samaras

Dans la surface ivoirienne, Sio touche involontairement la jambe de Samaras qui amplifie la chute : penalty, 2-1 et élimination des Éléphants. Les huitièmes leur tendaient les bras, mais la Grèce a été plus motivée, solidaire et cohérente, et participera au second tour pour la première fois de son histoire. Chez les Élephants, les prochains jours seront agités après ce scénario catastrophe.

Le coupable changement tactique de Lamouchi

Pour expliquer ce nouvel échec, on peut regretter que Sabri Lamouchi, qui a rendu son tablier à l’issue de la rencontre, se soit fourvoyé en abandonnant sa stratégie initiale qui était d’aligner des joueurs rapides au coup d’envoi avant de lancer Drogba en cours de match pour apporter de l’expérience. En le titularisant, sous la pression de l’opinion publique ivoirienne, Lamouchi a fait tout l’inverse, puisque les inexpérimentés Sio et Diomandé sont entrés aux 83e et 79e…  Il vaut parfois mieux mourir avec ses idées qu’avec celles des autres.

La faillite des cadres, la prédiction d’Adebayor

Mais comme au Cameroun, les egos des cadres ont pénalisé le collectif : sous une apparente union sacrée, Yaya Touré et Didier Drogba ont continué leur lutte intestine pour le brassard. Au lieu de la jouer collective, ils ont tous deux voulu être le héros. Avant le Mondial, le Togolais Adebayor analysait, avec lucidité, l’ambiance qui règne chez les Éléphants, pointant le manque de solidarité. En voyant Drogba bouder le banc lors de son remplacement, on ne peut que constater la véracité des propos du Togolais.

Camille Delourme