Monnaie : le mouvement « Non au franc CFA » prend de l’ampleur

Lundi 18 Septembre 2017 - 13:38

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A l’appel du mouvement "Urgences panafricanistes", que préside le Franco-béninois Kémi Séba, des rassemblements se sont tenus le 16 septembre à Dakar, Cotonou, Libreville, Bamako et Villeneuve-la-Garenne (région parisienne) pour dire non au franc CFA.

Environ 200 personnes se sont réunies à Cotonou (Bénin), 400 à Dakar et un nombre beaucoup plus insignifiant à Libreville (Gabon), où la manifestation a été aussitôt dispersée, ainsi qu’à Bamako (Mali). A Villeneuve-la-Garenne, ils étaient entre 150 et 1200. Selon ces manifestants le franc CFA « empêche le développement » du continent, sur fond d’une polémique qui gagne notamment le Sénégal et le Bénin.

« On ne peut pas se dire souverains et dépendre d’une monnaie comme le franc CFA », a déclaré Simon Kouka, responsable de groupe de société civile sénégalaise Y’en a marre ! : « La souveraineté implique d’avoir sa propre monnaie. ». « Le franc CFA nous empêche de nous développer », affirme Keeman Diouf, artiste et ouvrier. Il a fait sensation en avalant un billet de 500 francs CFA, le jour même de la manifestation.

Ce geste de provocation fait écho au geste polémique de Kémi Seba, militant de la cause noire plusieurs fois condamné en France pour incitation à la haine raciale, qui avait brûlé publiquement en août un billet de 5 000 francs CFA. Début septembre, Kemi Séba, de son vrai nom Stellio Capochichi, avait été expulsé de Dakar vers la France pour « menace grave à l’ordre public ».

Dans le pays d’origine du militant, le Bénin, l’appel à manifester contre la monnaie que partagent quatorze pays d’Afrique francophone a rassemblé quelque 200 personnes. « C’est un handicap sociologique, économique, politique et social », a déclaré Amadidjè Sèmevo Mondésir, qui se désigne comme « premier ambassadeur » au mouvement Non au franc CFA : « Il s’agit du combat de la jeunesse et de l’Afrique. »

En effet, le mouvement populaire réunit essentiellement des jeunes qui dénoncent l’héritage colonial, même si, dans le milieu des économistes, les avis divergent sur ce vieux débat. Le candidat malheureux à la dernière présidentielle au Bénin, Lionel Zinsou, accusé d’être trop proche de l’ancienne colonie française, a regretté que la question du franc CFA soit perçue comme « un tête-à-tête entre la France et l’Afrique, la dernière phase de la colonisation ». Selon lui, la stabilité d’une monnaie « commune » est plus importante que les débats « populistes » et les questions de « narcissisme politique », citant la Côte d’Ivoire comme succès économique.

Monnaie commune pour environ 155 millions d’habitants, le franc CFA est accusé par ses détracteurs de favoriser les intérêts de la France, ex-puissance coloniale, tandis que ses défenseurs soulignent l’importance d’une monnaie commune stable, à la différence du naira nigérian ou du rand sud-africain, monnaies flottantes, qui souffrent de la chute des cours des matières premières calculées sur la base du dollar.

Josiane Mambou Loukoula

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