Mortalité maternelle et infantile : le Congo en voie de valider son guide de surveillance

Mercredi 5 Novembre 2014 - 16:45

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Les cadres des différents secteurs de santé se réunissent les 5 et 6 novembre à Brazzaville à la faveur de l’atelier de validation des documents pour la revue et la surveillance des décès maternels, néonatals et infantiles dans le domaine de la surveillance épidémiologique intégrée des maladies

Organisée par le ministère de la Santé et de la Population en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette rencontre de deux jours vise à renforcer la notification et l’analyse des décès maternels à travers le système de surveillance intégrée de la maladie et riposte. Elle permettra aux participants d’enrichir et d’accroître leurs compétences respectives pour le renforcement du système de la surveillance épidémiologique et le programme de prévision de la mortalité maternelle et infantile en adéquation avec les réalités du Congo.

Les principales causes des décès maternels

La représentante de l’OMS au Congo, le Dr Fatoumata Binta Tidiane Diallo, a indiqué que les principales causes des décès maternels étaient les hémorragies, les complications de l’hypertension artérielle, les infections et les complications des avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité. Selon elle, un lien évident apparait désormais entre les services de santé maternelle et infantile et la surveillance épidémiologique pour la prise de décision éclairée. « La surveillance épidémiologique permet l’identification, la notification, la quantification, la cartographie et la détermination systématique des causes des décès maternels. Grâce à la surveillance épidémiologique, il est possible de notifier tous décès maternels et infantiles, de déterminer correctement les ratios de mortalité, de fournir en temps réel des tendances et d’identifier les possibilités d’éviter », a expliqué Fatoumata Binta Tidiane Diallo.

En effet, le Congo a mis en place en 2010, l’Observatoire national de décès maternels, néonatals et infantiles dont les résultats ont permis de mieux comprendre le profil épidémiologique des décès maternels. De même, le ministère de la Santé et de la population avec l’appui de l’OMS et du Fnuap, vient d’élaborer un guide contenant tous les éléments nécessaires à la pratique de l’analyse systématique des décès maternels, néonatals et infantiles y compris la surveillance. « Face à tous ces efforts dans le cadre de la réduction de la mortalité maternelle, infantile et néonatale, le temps est venu de passer en revue toute la documentation qui guide les actions vers l’atteinte des objectifs fixés, à savoir le guide de collecte et de notification et d’analyse des décès», a ajouté la représentante de l’OMS.

Présidant la cérémonie, le conseiller sanitaire du ministre de la Santé, le Dr Damase Bozongo, a rappelé que la surveillance des décès maternels demandait un suivi continu des interventions et programmes. Le but étant de réduire la mortalité, la morbidité maternelle, améliorer l’accessibilité, la qualité des soins et services offerts au cours de la grossesse, de l’accouchement et dans le post-partum. « Dans les pays en développement, la collecte des données complètes et fiables sur la mortalité maternelle est un exercice difficile. Ces décès ne sont le plus souvent pas documentés. Or, sans données complètes et fiables, aucune action correctrice ne peut être prise pour l’amélioration de la santé de la femme », a-t-il déploré.

Cette triste réalité a permis aux chefs d’Etat et de gouvernement, réunis à Kampala en 2011, de placer le sommet sous le signe de « l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et infantile dans la région africaine ». C’est ainsi qu’ils avaient décidé de surveiller, notifier et documenter chaque décès maternel survenu dans les formations sanitaires et/ou dans la communauté, afin que des actions correctrices soient entreprises pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise.

La mortalité maternelle et infantile, un réel problème de santé publique en Afrique

Rappelons que l’une des cibles des Objectifs du millénaire pour le développement (OMS) est de réduire de trois quart, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle. Depuis 1990, le taux mondial de mortalité maternelle n’a baissé que de 3,1% par an, au lieu des 5,5% nécessaires pour atteindre l’OMD 5 qui consiste à améliorer la santé maternelle. Selon les statistiques, l’Afrique subsaharienne a le taux de mortalité infantile le plus élevé du monde, avec 92 décès pour 1000 naissances vivantes, soit près de quinze fois plus que la moyenne des pays développés. Les principales causes en sont la pneumonie, la diarrhée, le paludisme, la rougeole, le VIH/Sida et les problèmes néonatals. La mortalité maternelle et infantile constitue un réel problème de santé publique en Afrique.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le Dr Damase Bozongo entouré du Pr Obengui et du Dr Fatoumata Binta Tidiane Diallo; photo de famille; crédit photo Adiac