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Mouaya-Sembolo : la « Kongo Connection » du FC Hallescher

Samedi 15 Février 2014 - 14:15

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La Kongo Connection du FC HallescherSamedi 8 février, sous une pluie battante, le SV Elversberg de Bernard Itoua recevait le FC Hallescher de Pitchou Mouaya et Francky Sembolo. Pour ce face à face entre le 14e et le 12e de Liga 3, près de 1 300 spectateurs, dont 300 fans d’Hallescher, qui ont parcouru les 560 kilomètres qui séparent les deux villes, ont bravé les intempéries. Avec ou sans parapluie, tous chantent de la première à la dernière minute, ne s’interrompant que pour avaler saucisses et bières. À l’issue du match, Francky Sembolo, auteur d’un doublé, et Pitchou Mouaya sont revenus sur leur parcours en Allemagne, entamé huit ans auparavant

Les Dépêches de Brazzaville : Francky, Pitchou, après la Jeunesse sportive les Bougainvillées, Saint-Michel-d'0uenzé, Oberneuland et la sélection nationale, vous voici à nouveau réunis sous le même maillot, au FC Hallescher. Votre relation, c’est une belle histoire…
Francky Sembolo : Oui, c’est une belle histoire. C’est assez incroyable et rare. Je remercie Dieu de m’avoir donné l’occasion de retrouver mon frère Pitchou, ici à Hallescher.

Francky, justement, ici à Hallescher, tu es chez Pitchou… C’est vraiment le chouchou de ce club ?
Ah, vraiment, ici c’est sa maison. Il est très apprécié ici. Ça fait maintenant cinq ans qu’il en porte les couleurs et il est vice-capitaine du club. Les supporteurs l’adorent. Et je le remercie, car il m’a vraiment bien accueilli chez lui.

Pitchou, effectivement, entre le club et toi, il y a vraiment un lien particulier, très fort.
Pitchou Mouaya : J’ai vraiment l’impression d’être dans une famille. Depuis cinq ans, je suis dans mon élément, dans un club sain, et nous avons vécu des événements forts, comme la montée en Liga 2 en 2012. Et cela s’est confirmé quand j’ai été blessé, gravement, en octobre 2012 (fracture du tibia): tout le club a été derrière moi et m’a soutenu. Ce n’est pas si courant dans le football actuel.

Même chose avec le public, avec lequel tu suivais les matchs, en tribunes, après ta blessure… C’est presque une histoire d’amour ?
Oui, c’est vrai que c’est très passionnel. C’est d’autant plus fort, qu’Halle est un club de l’Allemagne de l’Est. Avant que j’arrive au club, on m’avait dit beaucoup de choses sur les clubs est-allemands et leur public : violence, racisme. Mais depuis mon arrivée, je n’ai jamais ressenti tout ça. Seulement du soutien et de la passion. Dès mon premier match, ils ont vu que je donnais tout sur le terrain et ça suffisait pour être un des leurs.

Cette blessure, justement, ça a été un épisode à la fois difficile, en raison de la gravité, et incroyable, au vu du comportement de ton club ?
Tu sais, Camille, quand je me suis blessé, j’étais dans ma dernière année de contrat. Eh bien, sans même savoir si je pourrais rejouer, ils m’ont prolongé. Ça a été un geste très fort, qui m’a donné le courage de me battre pour revenir. C’est ça le FC Hallescher : une famille.

Revenons sur cette blessure, contractée le 27 octobre 2012 contre Osnabrück : il t’aura fallu plus d’un an, 14 mois exactement, entre l’opération et ton retour comme titulaire.
Vraiment, ça été long et dur. Tu sais, avec ce type de blessure, il faut être patient, fort et bien entouré. Parfois je me suis dit : « J’arrête, ça sert à rien, j’ai 29 ans, je n’arriverai jamais à retrouver mon niveau »… Dieu merci, il y avait mes proches et mon club pour me soutenir. Mais tout est dur : la rééducation, puis le retour sur les terrains, l’appréhension avant chaque contact… Pendant la phase aller, j’ai fait une bonne préparation et j’ai joué quelques matchs avec la réserve. Et enfin, début janvier, mon coach m’a donné la chance. Et voilà, je suis de retour.

Justement, ce retour conjugué avec l’arrivée de Francky, prêté par Bielefeld, correspond au renouveau d’Hallescher, qui a pris sept points en trois matchs et a gagné six places au classement. C’est ça la « Kongo Connection » dont parle la presse locale ?
J’avoue que ça m’a rendu plus fort d’avoir mon frère Francky à mes côtés pour faire mon retour dans l’équipe. Ça m’a donné la confiance. Et Francky a rendu l’équipe plus forte : avant la trêve, nous avions un problème d’efficacité dans les deux surfaces : avec Francky, on a gagné en réalisme, puisqu’il a déjà marqué quatre fois en trois matchs. C’est du gagnant-gagnant : il aide le FC Hallescher à gagner et en même temps, il s’offre une belle vitrine pour montrer que son début de saison à l’Arminia Bielefeld est un accident.

Francky, l’an passé, tu as montré que tu avais le niveau pour cette Bundesliga 2 avec Regensburg (8 buts et 4 passes décisives en 32 matchs). Alors que s’est-il passé à l’Arminia (8 matchs dont 1 seul comme titulaire, aucun but) ?
Francky Sembolo : À Bielefeld, on ne m'a pas vraiment donné ma chance. L’entraineur a son attaquant (Fabian Klos, 16 matchs, 5 buts, 4 assistances) et ne change jamais, quel que soit les résultats (l’Arminia est 15e sur 18 avec 22 points, NDLR). Je me suis donc décidé à venir en prêt car je ne peux pas rester une saison sur le banc, avec des petits bouts de matchs. Ici, on compte sur moi et surtout on me fait confiance, ce qui est primordial pour un avant-centre.

Tous les deux, ça fait désormais huit ans que vous êtes en Allemagne. Qu’est-ce qui vous plait tant dans ce football allemand ?
Tu as vu cet après-midi : il pleuvait fort, et pourtant les gens viennent au stade, ils chantent, ils mangent leur saucisse, ils boivent leur bière… Les Allemands aiment le foot, ils respirent le foot et pour un joueur, c’est important de sentir cet engouement.

Et qu’est-ce qui fait que les Allemands vous aiment tant ?
Les Allemands aiment quand tu travailles dur, que tu donnes le maximum et que tu es discipliné. Tu sais, notre président à Saint-Michel-d'Ouenzé, c’était un policier, le général Ndenguet, et il nous a appris cette discipline qui plaît tant aux Allemands (grands éclats de rires). Partout où nous passons, c’est toujours propre, carré…

En dehors du terrain, vous avez l’air de vous retrouver également dans la mentalité allemande. L’Allemagne est devenue une deuxième patrie ?
Oui, vraiment, nous nous sommes bien intégrés. En Allemagne, c’est facile : si tu t’intègres, que tu adhères à leurs principes et que tu parles la langue, ils t’acceptent comme un des leurs. Par contre, si tu ne fais pas d’efforts, ça ne dure pas longtemps.

Revenons au terrain et aux résultats. Avec ce point pris à Elversberg, vous confirmez la bonne dynamique entrevue depuis le retour de la trêve (7 points pris en trois matchs). Que peut espérer le FC Hallescher en cette deuxième partie de saison ?
Francky Sembolo : L’objectif numéro un, c’est le maintien. Actuellement, nous n’avons que quatre points d’avance sur le premier relégable. À nous de prendre un maximum de points pour assurer le maintien.
Pitchou Mouaya : C’est notre deuxième saison en Liga 3, et on sait que c’est souvent la deuxième saison qui est la plus difficile. Il faut donc assurer le maintien pour assurer la pérennité du club et pouvoir ensuite regarder vers le haut et être plus ambitieux.

Propos recueillis à Elversberg par Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Francky Sembolo et Pitchou Mouaya sont à nouveau réunis sous le même maillot, une habitude pour les deux Congolais, compagnons de route depuis leurs jeunes années à la JSB de Pointe-Noire. (© Adiac) ; Photo 2 : En manque de temps de jeu à Bielefeld, Francky Sembolo est revenu se faire une santé à Hallescher... (© Adiac) ; Photo 3 : Admirablement soutenu par son club et son public durant sa grave blessure, Pitchou Mouaya considère son club comme une famille. (© Adiac) ; Photo 4 : ... et pour l'instant ça fonctionne bien, puisque l'attaquant congolais compte désormais quatre buts en trois matchs avec Hallescher. (© Adiac)