Moyen-Orient : Washington et Tel Aviv optimistes sur le rapprochement Israël-pays arabes

Lundi 31 Août 2020 - 17:38

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En dépit de la réticence de certains pays et de la protestation palestinienne à l’accord historique entre Israël et les Emirats arabes unis annoncé le 13 août dernier, Américains et Israéliens sont convaincus que d’autres pays arabes ou musulmans vont suivre l’exemple d’Abu Dhabi en normalisant leurs relations avec l’Etat hébreux.

Plusieurs analystes pensent que les hésitations actuelles de certains dirigeants du Golfe sont d’ordre tactique et devront prendre fin le moment venu.  « Les réticences à la normalisation avec Israël sont tout autant liées aux politiques régionales qu’internes et peut-être à la position de l’Arabie saoudite », première économie du monde arabe, pense Elham Fakhro de International Crisis Group. Ryad, qui ne critique pas l’accord entre Israël et les Emirats, dit plutôt s’en tenir au plan de paix arabe qui conditionne toute normalisation avec l’Etat hébreux à son retrait des territoires palestiniens.

« Mais à long terme, il s’agit peut-être plus d’un ralentisseur du processus de normalisation que d’un changement de cap », souligne Elham Fakhro. « Le Soudan, Bahreïn, Oman, etc... ont renforcé leurs relations discrètes avec Israël ces dernières années, ce processus se poursuivra avec ou sans normalisation formelle », poursuit-il.

De son côté, Aziz Alghashian, professeur à l’université d’Essex, spécialisé dans les relations de l’Arabie Saoudite avec Israël, affirme que « la normalisation entre les Emirats et Israël fait partie de l’élargissement des relations indirectes israélo-saoudiennes ». « Les interactions saoudo-israéliennes augmenteront via les Emirats », soutient-il. Ces points de vue confirment ceux d’autres analystes, selon lesquels le royaume saoudien et Israël se livrent depuis des années à une « danse tranquille » pour bâtir furtivement des relations sur la base d’une animosité partagée contre l’Iran. Un rapprochement favorisé par le prince héritier Mohammed ben Salmane.

C’est dans le but de préserver ces acquis et de favoriser un réchauffement des relations entre Israël et les pays arabes que le conseiller à la Maison-Blanche, Jared Kushner, séjourne cette semaine au Moyen-Orient, quelques jours seulement après la tournée dans la région du secrétaire d’Etat américain, Mike Pompéo. Le gendre de Donald Trump estime que le récent accord entre Israël et les Emirats augure des lendemains meilleurs. « J’espère que nous pourrons utiliser cette percée pour avoir plus de dynamique », souligne-t-il, en référence au processus de paix dans la région.

Plusieurs pays candidats possibles à un rapprochement avec Israël

Depuis l’annonce de l’accord de normalisation entre les Emirats et Israël, parrainé par les Etats-Unis, les spéculations vont bon train. Plusieurs pays dont le Maroc sont cités parmi ceux qui sont les candidats possibles à un rapprochement avec l’Etat hébreux. A ce jour, les Emirats arabes unis sont le troisième pays arabe à établir des relations avec Israël après l’Egypte (1979) et la Jordanie (1994) alors que depuis sa fondation en 1948, Israël a eu des relations tumultueuses avec le monde musulman et arabe.

Lors de sa tournée au Moyen-Orient, le chef de la diplomatie américaine a tenté de convaincre les dirigeants de la région à suivre l’exemple emirati. Rentré aux Etats-Unis, il reste convaincu comme plusieurs membres des partis républicain et démocrate que les pays arabes vont normaliser leurs relations avec Israël. « Je suis très optimiste à l’idée de voir d’autres pays arabes se rallier à cette opportunité, de reconnaître l’Etat d’Israël et de travailler avec lui », indique Mike Pompeo, ajoutant que l’accord qui serait signé à la Maison-Blanche à une date ultérieure marque la première « étape courageuse d’une série d’accords qui mettront fin à 72 ans d’hostilités dans la région ».

Du côté israélien, l’on assure que des discussions vont se poursuivre avec le Soudan, le Tchad et Oman, après celles que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a eues ces derniers mois avec les autorités de ces pays. « Ce sont là des rencontres connues. Mais, il y a beaucoup plus de rencontres non médiatisées avec les leaders arabes et musulmans pour normaliser les relations avec l’Etat d’Israël », indique le chef du gouvernement israélien. « Les percées d’aujourd’hui seront les normes de demain, elles ouvriront la voie à d’autres pays qui vont normaliser leurs relations avec Israël », affirme-t-il.

Le gouvernement israélien continue de discuter en secret avec les dirigeants arabes et musulmans d’une normalisation en maintenant le plan Trump pour le Moyen-Orient annoncé en janvier. Ce plan prévoit la création d’un Etat palestinien, mais sur un territoire réduit en Cisjordanie, dont Israël envisage d’annexer une partie (environ 30%).

 

Nestor N'Gampoula

Légendes et crédits photo : 

Jared Kushner et Benjamin Netanyahu

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