Musique : un recadrement du concept s’impose avant de poursuivre l’aventure du concert de réconciliation d’Extra Musica

Samedi 11 Janvier 2014 - 9:11

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À l’annonce de la réunification des anciens sociétaires du groupe Extra Musica pour une série de concerts à Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Owando et ailleurs en Afrique, puis en Europe dans le cadre de la commémoration des vingt ans de ce groupe, plus d’un mélomane de la bonne musique était plus que réjoui de voir enfin ces artistes réunis au nom de l’esprit patriotique. Un premier concert allait avoir lieu le 21 décembre dernier, mais il a été annulé à cause de la mort de Nelson Mandela. Du coup, Pointe-Noire a pris la vedette en ouvrant le bal, avant que Brazzaville et d’autres localités ne prennent le relais. Mais le concert de Pointe-Noire a été entaché de quelques couacs qu’il fallait arranger pour mieux recadrer avant de poursuivre la bienheureuse marche vers la réconciliation et l’unité de ce groupe

Que s’est-t-il passé exactement le 29 décembre 2013, et comment entrevoir l’avenir ? Nous avons donné la parole à Jean-Rufin Omboumbou, l’un des producteurs ; à Quentin Moyascko, artiste-musicien, ancien sociétaire d’Extra Musica ; à Christian Ingani, directeur général de DRTV Productions et manager de musique ; et à Raymond Nti, secrétaire général du groupe Extra Musica, porte-parole de Roga-Roga. Tous sont pour la poursuite de cette belle aventure, mais pourvu que le concept de réconciliation soit recadré. Et pourtant, la date a déjà été fixée. Le concert de Brazzaville, qui est le concert de relance, aura lieu le 14 février.

Jean-Rufin Omboumbou, l’un des producteurs de ce concert, a reconnu que le concert de Pointe-Noire avait connu quelques couacs qui méritaient d’être corrigés avant de continuer la marche : « Il faut d’abord cimenter ce qui a manqué lors du spectacle de Pointe-Noire pour aller au concert de Brazzaville. Il s’agit de réparer les gâchis. » Dans cette réparation des gâchis, le plus important c’est aussi de bien repréciser la programmation à tous les acteurs, c’est-à-dire les artistes-musiciens. C’est d’ailleurs la cause de l’un des couacs de Pointe-Noire. Est-ce que la non-application de la programmation telle que vu par les producteurs est née d’un non-respect ou d’une incompréhension ? 

Pour Jean-Rufin Omboumbou, la programmation de ce concert était répartie en trois parties. Et Roga-Roga, qui est la pièce maîtresse, devrait être présent dans les trois parties, parce que c’est lui qui est resté avec le groupe pendant les 20 ans. La première partie ou la première génération étant celle des Guy-Guy Fall, Quentin, Durhel Loemba, Kila Mbongo et autres… ; la deuxième étant celle de Doudou Copa, Oxygène, Papy Basting, Hermann Ngassaki… ; et la troisième, celle qui est actuellement dans le groupe. Malheureusement, Roga-Roga n’a pas joué dans les deux premières parties pour ne monter sur le podium que lors de la troisième partie ; ce qui a suscité l’indignation du public qui pourtant voulait bien le voir se produire avec les anciens sociétaires du groupe Extra Musica.

L’artiste-musicien Quentin Moyascko, ancien sociétaire du groupe Extra Musica, a d’abord apprécié le projet avant d’abonder dans le même sens que le producteur : « Depuis longtemps, j’ai toujours voulu que nous organisions chaque deux ans un concert pour satisfaire le peuple congolais. Mais, ce souhait n’avait jamais abouti. Il a fallu attendre Serge Mayembo et Jean-Rufin Omboumbou pour que ce projet réunificateur soit mis à exécution. C’est ainsi que ces deux organisateurs nous ont fait signer des contrats de production. Tous, nous avions apprécié la démarche. »

Quant au couac de Pointe-Noire, Quentin Moyascko, qui ne voudrait plus parler de ça, a tout de même rappelé que ce qui s’est passé le 29 décembre 2013, c’est à cause de l’attitude de leur frère Roga-Roga qui a voulu s’écarter des autres : « Il n’a jamais participé un seul instant aux répétitions tant à Brazzaville qu’à Pointe-Noire avec nous. S’agissant du spectacle, l’attente du public était de nous  voir ensemble sur le même podium, sur la même scène. Mais notre frère s’est arrangé à ne pas jouer avec nous. Voilà pourquoi il a reçu la sanction du public. Et pourtant, le directeur artistique, Durhel Loemba, lui a porté des conseils mais qu’il n’a pas voulu écouter. Mais ce qui est arrivé est arrivé, voyons désormais l’avenir. Préparons-nous pour le concert de Brazzaville en essayant de réparer les erreurs du passé. »

Pour Christian Ingani, directeur général de DRTV Productions et manager de musique, tout a été faussé dès le départ. Pour lui, on ne peut pas emmener les gens qui se sont insultés publiquement à se produire ensemble tant que vous les avez pas fait asseoir ensemble. Il faut d’abord réconcilier avant d’entrevoir une quelconque production, sinon qu’ils vont se chamailler même aux répétitions. « À mon avis, la signature des contrats n’était pas suffisante. Il fallait organiser des rencontres pour mettre de l’eau dans le vin. Il y a beaucoup de doyens dans la musique à Brazzaville, on pouvait les associer pour arranger cela, surtout que ce concert est comme une histoire nationale, parce qu'Extra Musica c’est quand même la fierté du Congo. Maintenant qu’il y a eu des couacs, espérons que dans l’avenir, les choses se passeront bien. En réalité, ça devrait bien se passer parce que pour réunir ces artistes c’est facile, puisqu’ils n’ont que les mêmes donateurs, il suffit de demander à ces derniers de dire quelque chose pour qu’ils s’unissent. »

Mais à ce jour, en dépit de quelques couacs organisationnels, tous ces artistes  sans exception ont compris le bien-fondé de ce projet.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Jean-Rufin Omboumbou, l’un des producteurs. (© DR) ; Photo 2 : Les anciens sociétaires d’Extra Musica en répétition. (© DR)