Musiques urbaines : le Femua 2015 interpelle sur l'intégration africaine

Samedi 2 Mai 2015 - 16:15

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La huitième édition du FEMUA, le Festival des musiques urbaines d'Anoumabo s'est tenue du 23 au 26 avril 2015 dans cette commune d'Abidjan. Le thème de cette année est Intégration et Réconciliation, un thème qui fait écho aussi bien pour le public, les invités et les autorités présentes.

Reportage-Pour cette édition, treize artistes sont venus représenter huit pays d’Afrique, du nord au sud. Il s’agit de Fally Ipupa (RDC), Bracket (Nigeria), Freshlyground (Afrique du Sud), Joel Sebunjo (Ouganda), Philip Monteiro (Cap Vert), Habib Koïté (Mali), Smarty (Burkina Faso), Zaho (Maroc/France), Meta and Cornerstones (Sénégal/France) et les artistes Bailly Spinto, Antoinette Konan, Ras Goody Brown et Zouglou Makers pour la Côte d’Ivoire. Des artistes aux influences musicales différentes qui se sont produits sur plusieurs sites, du Golf hôtel (Cocody), sur la grande scène d'Anoumabo et pour la première fois dans le stade communale de Koumassi pour la clôture du festival dimanche.

Dès la cérémonie d'ouverture qui a eu lieu jeudi devant de nombreuses personnalités et autorités, le lead vocal du groupe Magic System et Commissaire général du festival a exprimé sa reconnaissance aux différents partenaires et a invité la jeunesse à une prise de conscience en cette année électorale en Côte d'Ivoire. "Nous avons de beaux projets, mais cela ne sera réalisable que dans la paix.  Nous devons cultiver le vivre ensemble, l'unité et la cohésion sociale."

 

Le mérite de Magic System salué

Le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie Maurice Bandama Kouakou a chaleureusement remercie Désiré Kadré Ouedraogo, Président de la Commission de la CÉDÉAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), par ailleurs parrain de la cérémonie. Ce dernier d'ajouter : « la Culture est le ciment qui lie les peuples et les continents. » 

Le maire de la commune de Marcory a rendu hommage aux Magic System lors de son allocution. « Je voudrais exprimer ma reconnaissance et ma gratitude aux quatre petits garçons d'Anoumabo. Grâce à eux, Marcory est sur le toit du monde. Grâce à eux, Abidjan et la Côte d'Ivoire sont connus partout. Je suis maire grâce à Magic System, car dans tous leurs tubes, il y a une chanson dédiée à Aby Raoul. Grâce à eux ce petit "glôglô" (quartier précaire) de Marcory est connu dans le monde. Je suis fier de vous. Continuez ainsi, ensemble nous irons très loin.", a déclaré Aby Raoul qui a su faire rire l'assemblée par son discours prompt, original et amusant.

Avant d'entamer les festivités sur la grande scène d'Anoumabo vendredi et samedi, des concerts ont eu lieu à l'Institut français d'Abidjan. Le malien Habib Koité a électrisé la scène avec ses musiciens et ses titres permettant le voyage en allant de Tombouctou, dans le nord du Mali, en passant par la France et San Francisco à travers des mélodies proches de ses racines mais teintées d'influences d'autres genres musicaux.

Sur la grande scène d'Anoumabo, la reine de l'ahoco (instrument ivoirien), Antoinette Konan, a fait danser le public, une histoire d'amour qui dure depuis 30ans. Au-delà de sa voix, c'est son aura qui séduit car son amour pour la musique entre modernité et tradition est communicatif. L'Ougandais Joel Sebunjo a surpris le public d'Anoumabo. Il y avait très peu de textes dans sa prestation mais de nombreux moments qui ont laissé s'exprimer les instruments.

Le groupe sud-africain Fresly Ground a été rappelé tant le public a pris du bonheur à le découvrir avec cette musique traditionnelle kwela, auquel est ajouté folk, rock et soul. Un fabuleux message de paix au regard de l'actualité, pour ce groupe fort de son métissage entre ses membres, Sud-Africains d'une part, mais aussi Mozambicains et Botswanais.

Le rappeur burkinabé Smarty a, avec beaucoup de finesse, interpellé la foule avec une intervention percutante, « L'intégration, c'est ce qu'il y a d'essentiel. Quand le message vient de l'Afrique, c'est fort. Nous ne devons pas pointer du doigt l'Afrique du Sud à cause de quelques individus qui se permettent de tels actes." Pendant sa prestation, le public a écouté et a vibré autour des messages de paix et d'union.« On doit se rappeler l'histoire et se rappeler l'enseignement de Nelson Mandela, Thomas Sankara », a fait entendre le Sénégalais Meta, lead vocal des Cornerstones, son orchestre reggae.

Fally Ipupa, Prix spécial de l'intégration africaine

La plus attendue par le public ivoirien sur la scène du FEMUA est sans doute Zaho. Elle a mis le feu sur scène avec ses titres mais aussi quelques extraits de morceaux phares valorisant le bon vivant des Ivoiriens et des nuits de la capitale.  Le duo nigerian Bracket a également fait danser tout Anoumabo.

Fally Ipupa, habitué des scènes ivoiriennes, a incontestablement ravi le public qui a repris en coeur, toutes ses chansons et s'est aussi laissé convaincre pour les nouveaux génériques de l'album Libre Parcours, chanté en duo avec ses choristes et musiciens venus directement de Kinshasa. Si le Prince de la rumba a reçu le Prix spécial de l'intégration africaine, au cours de la cérémonie de clôture du festival, le public est resté sur sa fin. Des applaudissements nourris l'ont accompagné, mais il n'était pas possible d'avoir de rappel car Fally Ipupa reprenait l'avion aussitôt après le concert.

Vu le succès de cette édition, tous les festivaliers avaient un sourire aux lèvres. Un regard égayé sur lequel on pouvait lire un "vivement l'année prochaine".

 

 

Ekia Badou

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Zaho sur la scène du Femua; Crédits photo: ACOSTA PHOTOGRAPHY Photo 2: Fally Ipupa sur la scène du Femua; Crédits photo: ACOSTA PHOTOGRAPHY Photo 3: A'Salfo entouré des officiels à l'ouverture de la 8ème édition du Femua à Anoumabo; Crédits photo: ACOSTA PHOTOGRAPHY