Nelson Mandela : les Congolais n'oublient pas le médiateur qu'il a été pour leur pays

Samedi 7 Décembre 2013 - 13:56

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Depuis la France où il séjournait dans le cadre du sommet France-Afrique sur la paix et la sécurité, Joseph Kabila a salué la mémoire du premier président noir de la nation arc-en-ciel.

C’est avec consternation que les Congolais ont appris la nouvelle de la disparition de Nelson Mandela, ce symbole de la lutte anti-apartheid qui a rendu l’âme le jeudi 5 décembre au terme d’une longue agonie. Juste après la confirmation de son décès par le président sud-africain Jacob Zuma depuis la terre sud-africaine, des messages de condoléances ont afflué dans les médias et, un peu partout dans le pays, l’attitude était à la compassion vis-à-vis de cette  icône mondiale du combat contre le racisme. Depuis la France où il séjournait dans le cadre du sommet France-Afrique sur la paix et la sécurité, Joseph Kabila a salué la mémoire du premier président noir de la nation arc-en-ciel. Juste après, un deuil national de 72 heures a été décrété sur l’ensemble du territoire national. Les drapeaux ont été mis en berne en signe de solidarité vis-à-vis du peuple sud-africaine éploré.

En fait, les Congolais ont de bonnes raisons de garder une pensée pieuse à l’égard de ce grand homme d’État qui aura développé un lien affectif avec leur pays en étant, à un moment donné de l’histoire, au cœur du processus de sa stabilisation et de sa pacification. L’on se souvient, comme si c’était hier, de cette redonnée historique de 1997 à bord du navire de guerre sud-africain Utenika lorsqu’il tenta de réconcilier feu Maréchal Mobutu malade et en fin de règne, et Laurent-Desiré Kabila dont les troupes étaient aux portes de Kinshasa. L’image d’un Nelson Mandela ployant sous le poids de l’âge aidant un Mobutu affaibli à se déplacer avait fait le tour du monde, preuve du sens d’humilité et de l’altruisme qui lui étaient caractéristiques. Il croyait en son action et cherchait à négocier une transition pacifique en RDC autour de la valeur cardinale du pardon pour un compromis de paix. Mais hélas ! La rencontre d’Utenika fut un échec eu égard aux profondes divergences qui caractérisaient les deux « frères ennemis » dans leur approche de la transition.  

Mandela, le précurseur

Cet épisode illustre parfaitement le degré d’attachement que vouait Nelson Mandela pour la cause de la RDC. C’est non sans raison qu’à peine sorti de sa prison de Robben Island le 11 février 1990, il eut à effectuer une tournée dans quelques États africains dont la RDC en remerciement pour leur implication dans le dénouement de sa captivité, longue de 27 ans. Et lorsqu’il conduisit la transition post apartheid en tant que président de l’une de plus grandes nations du continent africain, Nelson Mandela développa une politique de sollicitude à l’égard de l’ex Zaïre sur fond d’une coopération bilatérale agissante assortie de nombreux projets de développement.

Une politique que vont poursuivre, au terme de son court mandat d’une année, ses deux successeurs Thabo Mbeki et Jacob Zuma dont il faudrait également louer la disponibilité sans faille à accompagner la RDC sur la voie de son développement. Le projet de traité de coopération énergétique « Grand Inga » visant l’extension de ce site afin de produire 40 mille mégawatts aujourd’hui en phase terminale de sa réalisation, est à mettre à l’actif de l’actuel président sud-africain dont le pays souscrit à hauteur de plus de 21 milliards de dollars pour valoriser se site.

Une grande perte

En outre, l’Afrique du sud avait largement contribué, grâce à la facilitation de Thabo Mbeki, à la stabilisation de la RDC à travers la signature de l’accord de paix de Sun City qui mit fin au conflit qui déchira le pays pendant quatre années de guerre avec, à la clé, 2,5 millions de morts. Aujourd’hui encore, l’Afrique du sud continue de marquer d’une pierre blanche son engagement pour le retour de la paix en RDC via ses soldats et ses tireurs d’élite présents au sein de la brigade d’intervention spéciale de la Monusco. C’est à Nelson Mandela, véritable précurseur de cette dynamique de coopération qu’il faudrait rendre la fière chandelle.

Une grande perte donc pour la RDC et pour toute l’Afrique. Mandela a démontré dans quelle mesure la démocratie pouvait être bâtie au-delà de la différence de races, sans briser les liens entre les composantes de la société. Il a réussi à démanteler l’Apartheid pour reconstruire une Afrique du sud plurielle sur des bases de dignité, de liberté, d’égalité et de fraternité. Le combat pour la paix qu’il a mené durant toute sa vie restera à jamais immortalisé tant par la chanson que par diverses œuvres d’art dont le Monument que lui a dédié ’artiste plasticien Christophe Meko Bisengo. Erigé autrefois sur le boulevard du 30 juin au croisement de l’avenue de la Libération (ex-24 novembre), il a été délocalisé et placé non loin du collège Boboto. Adieu l’artisan de la paix !

   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Nelson Mandela