Nigeria : l’élection présidentielle de samedi s’annonce serrée

Jeudi 14 Février 2019 - 18:49

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Après avoir parcouru la quasi-totalité du géant ouest-africain, rempli de stades entiers de supporters et inondé la toile de Tweets, émojis ou autres facebook lives, les soixante candidats à la présidentielle du pays ont bouclé, le 14 février, leur campagne.

Les deux candidats principaux, le président sortant Muhammadu Buhari (Congrès des progressistes, APC) et Atiku Abubakar (Parti populaire démocratique, PDP), sont tous deux rentrés dans leur Etat d’origine, Katsina et Adamawa, pour un dernier meeting. Muhammadu Buhari, 76 ans, et son rival, un ancien vice-président de 72 ans, iront tous deux voter dans leur village. 

Dans un communiqué intitulé « Adresse à la nation », Atiku Abubakar a accusé le chef de l’Etat d’avoir échoué dans le domaine de la sécurité, d’avoir mené une politique anti-corruption « biaisée » car, ne visant que les membres de l’opposition et une politique économique défaillante.

« Le Nigeria ne pourra pas survivre à quatre ans de plus de cette médiocrité et de cette mauvaise gestion », a écrit l’ancien vice-président (1999-2007) pour qui, réélire Muhammadu Buhari conduirait le pays de cent quatre-vingt-dix millions d’habitants au « désastre ».

Bien que septuagénaire, le candidat de l’opposition a voulu se présenter en homme jeune, dynamique, pro-business et féru de nouvelles technologies. Sa stratégie de campagne a visé particulièrement les 18-35 ans, qui représentent plus de la moitié des quatre-vingt-quatre millions d’inscrits. Reste à savoir si son programme électoral écrit tout en émojis, avec tout de même un texte en regard, réussira à convaincre le pays le plus jeune d’Afrique où l’accès au smartphone ou à Twitter reste un luxe.

De son côté, l’ancien général Muhammadu Buhari, qui avait dirigé le pays une première fois en 1983 pendant les dictatures militaires, a reconnu que son mandat « n’a pas été un long fleuve tranquille », dans un discours posté sur les réseaux sociaux. Habillé, comme à son habitude, en tenue traditionnelle haoussa (groupe communautaire issu du nord du pays), il a toutefois insisté sur « les progrès importants » réalisés sous sa présidence. « Certains sont visibles pour tout un chacun. D’autres sont encore en phase de réalisation », a-t-il déclaré, demandant à ses partisans de lui permettre d’achever les chantiers anti-corruption et économiques.

Le Nigeria, divisé entre un sud majoritairement chrétien et un nord musulman, où des centaines de communautés cohabitent, est un pays instable, dans lequel des conflits et la criminalité généralisée sont une menace constante pour la sécurité nationale.

Si le dernier scrutin de 2015 s’est déroulé sans heurt majeur, plus de mille personnes avaient été tuées en 2011, dans des violences post-électorales. C’est ce que souhaitent éviter les candidats à la présidentielle qui ont signé mercredi « un accord de paix », promettant de ne pas encourager les violences et d’accepter les résultats, qui s’annoncent, d’ailleurs, très serrés. Le pays était relativement calme à deux jours du vote, malgré des heurts jeudi entre des supporters de l’APC, le parti au pouvoir, et les forces de police, à Port Harcourt, la capitale pétrolière.

Des manifestants ont tenté d’envahir les bureaux locaux de la commission électorale indépendante (INEC) pour voir des bulletins au nom de leurs candidats dans l’Etat de Rivers. Après des plaintes entre les différents candidats de l’APC et une procédure judiciaire, la Cour suprême a finalement décidé que le parti n’aurait pas de candidat à l’élection des gouverneurs et députés.

Au niveau national, les observateurs s’inquiètent surtout de l’achat des voix, alors que le pays souffre d’un très grand taux d’extrême pauvreté et d’un ralentissement de son économie. « Tous les politiciens le pratiquent (l’achat des voix, ndlr) », a confié un employé de l’INEC dans l’Etat d’Adamawa. « Ils ne se dénonceront pas du coup. Sauf après la proclamation des résultats : celui qui perd va se plaindre des agissements de l’autre ».

Pour l’instant, il n’y a pas de calendrier prévoyant l’annonce des résultats. En 2015, ils avaient été officiellement proclamés quarante-huit heures après le vote.

 

Nestor N'Gampoula et AFP

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