Nord-Kivu: difficile cohabitation entre le M23 et la population à Kiwandja

Lundi 29 Juillet 2013 - 17:29

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 Après trois jours de vive tension, les rebelles du M23 ont libéré le 29 juillet une centaine de jeunes arrêtés le 25 juillet pour avoir manifesté contre leur manière de gérer la cité. 

Les populations habitant dans des zones sous contrôle rebelle sont jusqu’à ce jour soumises à des restrictions qui les empêchent de mener une vie pleine et épanouie. C’est notamment le cas de Kiwandja, une bourgade située dans le territoire de Rusthuru, dont les habitants sont constamment malmenés par les éléments du M23 sur fond d’exactions et des pillages de leurs biens. Tout récemment encore, rapportent les sources locales, l’administration du M23 a interdit toute activité économique dans le quartier Burutande, un des trois que compte cette agglomération.   

Excédés par la vague d’insécurité dans leur contrée, des hommes et des femmes sont dernièrement montés au créneau pour exprimer leur mécontentement. Jeudi dernier, apprend-on, il s’est observé un mouvement de protestation à grande échelle des jeunes qui s’en sont pris aux intérêts rebelles. Des paillotes appartenant au M23 avaient été incendiés ainsi que certains points de péage, rapporte la radio onusienne. En outre, des scènes d’hystérie qui avaient accompagné les récents bombardements des Fardc contre les positions du M23 avaient été mal perçues par le mouvement rebelle qui a vite fait d’organiser une chasse à l’homme en prenant pour cible les jeunes. Il s’en est suivi des arrestations en cascade, apprend-on. De nombreux jeunes de Kiwandja auraient été amenés manu militari à la prison de Nyongera.

D’après la société civile, leur nombre aurait dépassé 210 personnes. Aujourd’hui encore, nombreux d’entre eux croupissent toujours en prison quoiqu'il y ait des appels incessants de la société civile locale en vue de leur libération. D’après le M23, ces jeunes auraient été arrêtés pour consommation d’alcool et perturbation de l’ordre public. En foi de quoi, 200 dollars de caution leur a été appliqué avant toute libération. Ce que démentent les familles des concernés qui dénoncent le diktat imposé par le M23 dans leur localité. Eu égard à la pression exercée par l’opinion locale, le M23 a fini par libérer lundi un premier groupe des jeunes (près d’une centaine) pendant que les autres continuent de croupir dans leurs cellules à Rutshuru-Pena et au camp-M23 de Nyongera.

Aux dernières nouvelles, la tension a baissé d’un cran à Kiwandja et ailleurs. La visite du chef de bureau de la Monusco à Kiwanja le  27 juillet et son appel à la paix auront influé certainement sur les esprits. Pour ce cadre onusien, le M23 n’a pas droit « d’arrêter et juger » quelqu’un. D’où la seule alternative qui restait aux rebelles pour ne pas se mettre à dos la Monusco était de libérer, purement et simplement, les jeunes captifs. Ces derniers évènements ont davantage accentué le clivage entre la rébellion du M23 et la population de Kiwandja.         

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des éléments du M23 en pleine patrouille