Nord-Kivu : les ex-rebelles du M23 de nouveau actifs

Lundi 16 Janvier 2017 - 17:30

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Alertant l’opinion intérieure le 15 janvier par le biais d’un point de presse tenu à Goma, le gouverneur du Nord-Kivu a indiqué que des ex-rebelles du M23 réorganisés à partir de l’Ouganda seraient en route en direction de la RDC avec armes et minutions pour une attaque généralisée. Ce que dément le gouvernement ougandais.    

Alors qu’on pensait que le Mouvement du 23 mars (M23) avait enterré définitivement la hache de guerre après avoir été défait en novembre 2013 par les Fardc et renoncé officiellement à la rébellion armée à la faveur de la signature des déclarations de Nairobi, les récents bruits de bottes entendus à l’est du pays laissent entrevoir une possible régénérescence de ce groupe armé. Les ex-rebelles du M23 qui, entre-temps, se sont réorganisés, planifieraient une nouvelle attaque de la RDC, à en croire l’autorité provinciale du Nord-Kivu qui a été la première personne à sonner l‘alerte. En effet, tout est parti d’un point de presse tenu à Goma par le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, dans lequel il a annoncé l’incursion armée des rebelles du M23 en RDC à partir des localités de Bunagana et Ishashae, territoire de Rutshuru.

Partis de l’Ouganda dans la nuit du 14 au 15 janvier avec armes et munitions, à l’en croire, ces rebelles auraient fait mouvement vers la localité frontalière de Bunagana (située à 70 km au nord-est de Goma) avec l’objectif déclaré de lancer une attaque généralisée en RDC.  Une information confirmée plus tard par le ministre de la Communication et Médias et Porte-parole du gouvernement qui parle de près de trois cents éléments armés se revendiquant du M23, lesquels éléments ont tenté une incursion armée avant d’être harponnés par les forces de défense et de sécurité de la RDC qui avaient pris position au niveau de la localité d’Ishasha. « Certains de ces rebelles ont déjà été arrêtés, d’autres continuent à résister, l’armée est en train de s’occuper d’eux comme il se doit (…) L’ordre a été donné aux forces armées de ne leur laisser aucune chance d’insécuriser les citoyens et les biens de la RDC », a déclaré l‘officiel congolais.

Dans les rangs des unités de la 34e région militaire des Fardc, la détermination à faire face à cette rébellion en gestation est manifeste. Tout celui qui oserait troubler la quiétude de la population congolaise est censé trouver sur sa route une armée congolaise aguerrie et prête à défendre l’intégrité territoriale au prix du sang. C’est dans cet état d’esprit que les Fardc ont empêché les rebelles du M23 dans leur progression, indiquent des sources militaires.  Sur le front diplomatique, la RDC s’est employée à saisir le mécanisme de vérification de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs pour certifier les allégations d’incursion armée sur son sol par les rebelles du M23.

Sur la même lancée, Kinshasa a déclaré attendre des éclaircissements de Kampala appelé à s’expliquer comment ces ex-combattants censés être cantonnés dans un camp des refugiés en territoire ougandais puissent se retrouver à l’air libre au point d’agiter le spectre d’une nouvelle rébellion armée en RDC. Bien plus, Kinshasa s’étonne que Sultani Makenga, l’ancien chef rebelle du M23, se retrouve à la tête de cette nouvelle aventure lui qui était censé, avec les autres cadres de cette rébellion, être en résidence surveillée ! Dans certains milieux en RDC, on ne se fait plus d’illusion, convaincus que l’Ouganda tirerait les ficelles dans ce rebondissement de l’épisode M23 pour avoir permis au M23 de se réorganiser à partir de son sol.  

Des accusations que le gouvernement ougandais rejette avec la dernière énergie. Dans une déclaration publiée le 16 janvier, le ministre ougandais des Affaires étrangères a démenti une quelconque incursion des combattants M23 dans la localité d’Ishasha au Nord-Kivu. Oryem Okelo est d’avis que le gouvernement congolais tente, à travers cette histoire cousue de fil blanc, de trouver des prétextes pour détourner l’attention de l’opinion sur la crise politique actuelle en RDC. « Nous savons qu’il y a des problèmes à Kinshasa mais ils ne doivent pas avancer l’Ouganda comme prétexte », a-t-il déclaré.  

Pour rappel, le M23, la toute dernière rébellion tutsie soutenue par le Rwanda et l’Ouganda dans l’est de la RDC depuis la fin de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), a été défait en novembre 2013 après dix-huit mois de guerre au Nord-Kivu. Le mouvement a confirmé en décembre 2013 son renoncement à la rébellion lors de la signature des déclarations de Nairobi par lesquelles il avait formellement, avec le gouvernement congolais, enterré la hache de guerre

Dossier à suivre.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des rebelles du M23

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