Nord-Ubangi : difficile accès des réfugiés centrafricains à l’aide humanitaire

Lundi 13 Novembre 2017 - 13:00

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La situation devient inquiétante et les voix s’élèvent pour lancer un SOS en faveur de près de cinquante mille personnes dont les conditions de vie sont déplorables.

La délégation de la Caritas Congo a été informée dernièrement de la situation au cours d’un entretien avec les réfugiés, la population hôte  et les acteurs humanitaires. C’était en marge du suivi du programme « Veille humanitaire », piloté par la Caritas International Belgique dans la province de l'Ubangi, au nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Il ressort que les refugiés centrafricains sont exposés aux maladies et au manque de nourriture. La santé des enfants devient de plus en plus vulnérable, comme l’a fait savoir, dans sa déposition, le représentant de réfugiés à Yakoma,Tshindombi Ibrahim.  « Pire encore, les refugiés accèdent difficilement aux besoins alimentaires primaires à cause des prix élevés des produits de première nécessité », a-t-il martelé, tout en saluant l’hospitalité dont ont fait preuve les Congolais depuis qu’il sont arrivés à Yakoma en 2013.

Tshindombi Ibrahim a indiqué que les dernières statistiques du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et de la Direction générale des migrations donnent un effectif estimé à près de cinquante mille réfugiés centrafricains dans la province de l'Ubangi, depuis la vague de 2013. Il a également relevé que l’accès à l’éducation pour les enfants réfugiés est un casse-tête. Il leur est demandé de payer des frais scolaires comme les enfants autochtones alors qu’ils n’en ont pas la possibilité.

De son côté, l’administrateur du territoire, Jean-Norbert Mpetsi, a noté l’accroissement de l’effectif des refugiés centrafricains dans cette province. « Depuis avril jusqu’à ces jours, l’effectif des réfugiés centrafricains s’est accru progressivement au gré de la détérioration de la situation de l’autre côté du fleuve Oubangui ...», a-t-il expliqué.  Les réfugiés, a-t–il ajouté, ne vivent que dans des familles-hôtes et ne reçoivent pas d’assistance du gouvernement, ni des organismes humanitaires. « Nous avons vu le HCR une fois remettre des nattes et des marmites à un petit nombre de ces réfugiés. Ce dont nous sommes certains est que les denrées alimentaires se sont raréfiées»,  a reconnu Jean-Norbert Mpetsi.

Le président territorial de la Croix-Rouge de Yakoma, lui, parle plutôt de onze mille cinq cents réfugiés enregistrés dans ce territoire. Ceux-ci sont établis sur plusieurs sites, notamment Limasa, Ndayo, Ngazamba, cité de Yakoma et des villages environnants. Il a admis que ces refugiés vivent difficilement du point de vue social, bien que parmi eux, il y en a qui ont leurs petits moyens de substance. « Mais la réalité est que les plus vulnérables ne sont pas assistés », a-t-il signifié, avant de recommander au gouvernement de la RDC de leur trouver un lieu pour une meilleure coordination de l’assistance en leur faveur.

Parlant des causes de cet afflux des réfugiés centrafricains sur le territoire de Yakoma, le coordonnateur de la société civile "Forces vives du territoire de Yakoma", Marconi Modeste, a fait savoir que le manque de moyens financiers rend difficile l’accès à l’alimentation pour les réfugiés et la population autochtone.

Pour Mgr Dominique Bulamatari, évêque de Moleghe, cette situation est dramatique. Toutefois, il a  salué les interventions de l’Eglise catholique à travers Caritas Congo et Caritas Allemagne qui viennent en aide à ces réfugiés en dépit de leurs moyens. « Nous avons déjà bénéficié de trois projets en leur faveur de la part de la DCV, dans tous les quatre camps créés pour accueillir ces réfugiés. Nous leur avons apporté des habits, des assiettes et pour le moment, nous sommes passés à une aide qui pourrait les autonomiser : produire eux-mêmes ce dont ils ont besoin pour se nourrir », a-t-il laissé entendre.

 Le curé espère que les conditions de ces réfugiés vont changer avec l’arrivée de la délégation de la Caritas Congo dans cette partie du territoire national. Il invite ainsi le gouvernement  congolais, la communauté nationale et internationale à intervenir vite pour résorber cette crise humanitaire qui frappe les réfugiés centrafricains et la population locale.

Aline Nzuzi

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