NTIC : le mystère des télécommunications vu par Jean-Pierre Okouo

Samedi 15 Mars 2014 - 3:56

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L’auteur, détenteur d’un master of sciences, ingénieur en chef, considère que les hommes ont toujours eu besoin de communiquer. Il se livre aux Dépêches de Brazzaville et revient sur la genèse de la communication humaine. Il retrace dans ses différentes parties le parcours sinueux de cette longue marche au-delà de ses aspects formels

Après tant de millénaires, dit-il, il est apparu au monde une génération d’hommes doués pour rêver, imaginer et réaliser qu’il est possible de transmettre des informations de toutes sortes à de grandes distances, à la vitesse de la lumière (300 000 kilomètres par seconde).

Selon J.-P. Okouo, c’est de l’impérieux besoin de communications rapides et sûres que sont nées dès la fin du dix-huitième siècle avec les inventions successives du télégraphe, du téléphone et de la radioélectricité, les télécommunications dont les hommes doivent le nom vers 1905 au professeur Édouard Estaunié, alors membre de l’Académie française. « En effet, comment imaginer le caractère aléatoire de l’interconnexion des éléments matériels et immatériels pour constituer un réseau de télécommunications ? », s’interroge-t-il.

Ainsi, signale-t-il, le précurseur des services de communication à distance est la télégraphie « sémaphore » dont le monde doit la mise en place vers 1765 entre Lille et Paris (230 kilomètres) par l’ingénieur français Claude Chappe. Ce mystère a rendu d’énormes services jusqu’en 1850, avant l’avènement de la télégraphie électrique dont l’histoire a commencé avec la publication en 1753 à Londres d’une lettre mémorable d’un certain C.M. dont l’identité n’a jamais pu être établie jusqu’à nos jours.

Il rappelle, en outre, que ce technicien de l’ombre se proposait d’installer entre deux points distants une série de fils électriques parallèles d’un nombre égal à celui de l’alphabet. Et d’ajouter : « Cette suggestion inspira beaucoup d’inventeurs (les Anglais W. F. Cooke et Charles Wheatstone, le diplomate russe Pavel Schilling, l’Américain Samuel Morse). Mais la suggestion relative à la transmission instantanée de la voix humaine à grande distance suscita un intérêt tout particulier, tout comme pour la télégraphie. C’est l’Anglais Robert Hooke (1635-1703) qui avait émis les premières suggestions relatives à la transmission de la parole à grande distance au moyen de fils tendus. »

« De même, un savant allemand, G. Huth, se proposait de faire recours au porte-voix pour la transmission de la voix en temps de nuit ; il proposa d’appeler son télégraphe par porte-voix “téléphone” », explique-t-il. Le monde doit l’invention du téléphone à un phénomène élémentaire de physique : la découverte des variations de l’état magnétique du fer au passage du courant électrique par le physicien américain Charles Grafton en 1837. Il démontra que ces variations produisaient un son musical qu’il baptisa « musique galvanique ». Reprenant la même expérience vers 1860, un autre physicien, un Allemand, Philipp Reis, d’ailleurs considéré dans son pays comme l’inventeur du téléphone, réalisa la première transmission d’une mélodie sur un cône imitant l’oreille et conclut que « les mots peuvent également être transmis de cette façon ».

Répétant les expériences de Reis, un savant américain, Alexander Graham Bell, concluait que l’élément essentiel dans la transmission de la voix à distance est le poste téléphonique, « car il doit d’une part transformer en énergie électrique l’énergie acoustique très faible produite par la parole humaine et, d’autre part, il doit inversement transformer à la réception, l’énergie électrique en énergie acoustique devant frapper l’oreille du correspondant. Cette invention suivie de celle des centraux téléphoniques et des améliorations apportées aux câbles téléphoniques ont émerveillé le monde avant l’avènement de la télégraphie sans fil », indique J.-P. Okouo.

En effet, la découverte des ondes hertziennes par le savant allemand Rudolph Heinrich Hertz est à l’origine de l’invention de la radio en 1895 par le jeune ingénieur italien Guglielmo Marconi (1874-1937) ; bref, Marconi n’est pas le seul inventeur de la radio au monde. On reconnaît l’existence de précurseurs comme Édouard Branly, grand physicien français officiellement désigné en France comme l’inventeur de la radio, et le russe Alexandre Stiépanovich Popov qui réalisa en 1895 des expériences concluantes sur les champs électromagnétiques en Russie où il est reconnu aussi comme l’inventeur de la radio. Ensuite, c’est grâce à l’invention de l’amplificateur des signaux faibles par l’américain Lee de Forest que la parole humaine a été transmise en 1915. Aussi sied-il de signaler que, outre la radiotélégraphie et la radiotéléphonie, au nombre des grandes innovations des ondes hertziennes et de leurs applications, ont peut citer, entre autres, les faisceaux hertziens, la radiotélévision et la radiodiffusion, le radar, les télécommunications par satellite et la radiotéléphonie cellulaire.

Le monde doit l’idée des télécommunications par satellite aux concepteurs des fusées (le célèbre savant russe Constantin Tsiolkovski en 1903, le chercheur allemand Herman Oberth en 1923, et le romancier ingénieur anglais Arthur C. Clarck en 1945) qui ont tour à tour imaginé que la mise en orbite de satellites artificiels de la Terre pourrait servir à la communication entre les peuples.

Toujours dans l’élan de la recherche des facilités et de la modernité, les professionnels des télécommunications ont étudié et favorisé, entre autres, la réalisation de l’étonnante association des réseaux téléphoniques aux micro-ordinateurs donnant ainsi naissance à internet et à la création des téléphones mobiles et cellulaires. « C’est là la mobilité et la délocalisation du téléphone, que Bell et ses contemporains ne pouvaient imaginer ni prédire », conclut Jean-Pierre Okouo.

Guillaume Ondzé