Numéro spécial Francophonie - Femmes africaines : forces et opportunités

Mardi 11 Novembre 2014 - 16:30

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On parle beaucoup de l’essor économique de l’Afrique… Le sommet de la Francophonie qui a lieu sur le continent devenu crédible pour l’investissement est l’occasion pour moi de rendre hommage aux jeunes filles et aux femmes africaines

C’est plus qu’un constat, les femmes africaines sont au cœur des communautés. Elles sont sources de vie, d’eau, d’éducation et de revenus pour leurs familles. Leur esprit d’endurance et les sacrifices dont elles font preuve chaque jour me poussent à leur témoigner tout mon respect, mais surtout à vous interpeller sur leurs conditions de vie. Vous le savez, elles sont très vulnérables, exposées à toutes sortes de problématiques et notamment à la misère sanitaire et au manque de politiques de santé publique.

Aujourd’hui en Afrique, une femme meurt toutes les trois minutes faute de soins basiques pendant la grossesse ou l’accouchement. En zone rurale, les infrastructures sont quasi inexistantes, et si elles existent elles sont mal équipées. Trop d’enfants n’atteignent pas l’âge de cinq ans. Comment pouvons-nous accepter ça et continuer à croire que la santé (notamment celle des femmes) et le développement du continent ne sont pas liés ?

Avec l’Amref (Association pour la médecine et la recherche en Afrique, première ONG africaine de santé publique), nous avons décidé, entre autres, d’accentuer nos efforts sur un sujet déterminant : la mortalité maternelle et infantile. L’Amref est la première ONG qui forme du personnel de santé en Afrique. Sa philosophie est simple : trouver des solutions africaines aux problèmes africains.

Nous avons donc lancé une campagne internationale, Stand Up For African Mothers, en octobre 2011 au Women’s Forum pour former des sages-femmes en Afrique subsaharienne. Notre objectif est d’en former 15 000 d’ici 2015 pour contribuer à réduire le taux de mortalité maternelle de 25%. Depuis son lancement, la campagne a déjà permis à plus de 6 000 sages-femmes d’entrer en formation sur le terrain. Nous les formons au Kenya, en Éthiopie, au Mozambique, en Ouganda, au Soudan du Sud, en Tanzanie et au Sénégal. Les sages-femmes sont des personnes clés dans le processus de développement du continent, et nous mettons à leur disposition tous les outils afin qu’elles bénéficient des meilleures formations. Recherche, innovation et nouvelles technologies sont au cœur de nos programmes et des progrès en santé.

Nous avons également entamé le développement de notre campagne en Afrique de l’Ouest où un rapport mondial sur l’état de la pratique de sage-femme 2014 a récemment révélé des informations alarmantes sur la couverture en soin de sage-femme pour les pays d’Afrique francophone.

Aspect symbolique de notre campagne et pour la première fois dans l’histoire, le prix Nobel de la Paix pourrait être décerné à une femme qui représente notre campagne et qui se bat chaque jour pour la vie des mères et des enfants. Cette femme, c’est Esther Madudu. Esther exerce le métier de sage-femme en Ouganda depuis douze ans. Elle a bénéficié d’une formation continue de l’Amref sur le planning familial, la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, les complications lors de l’accouchement, la vaccination du nourrisson. La vie d’Esther est entièrement dédiée aux mamans et aux bébés de sa communauté dans le petit village d’Atiriri, en Ouganda. Chaque mois une cinquantaine de mamans viennent accoucher dans son centre de santé.

Mon objectif était de vous alerter en quelques lignes sur un besoin urgent du continent afin que chacun d’entre nous et tous ensemble, nous puissions contribuer à la lutte que les femmes mènent chaque jour… N’oubliez pas que la femme africaine est un agent économique de plus en plus important et que le continent ne sera plus un Eldorado si nous ne prenons pas soin des populations.

Haweya Mohamed est administratrice d’Amref France, ambassadrice et porte-parole de la campagne Stand Up For African Mothers, et chargée de mission en communication à la Société nationale d’investissement à Casablanca (holding royale marocaine SNI)

Haweya Mohamed