Numéro spécial Francophonie - Pour Henri Lopes, le français est devenu une langue africaine

Vendredi 14 Novembre 2014 - 5:00

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Déjà candidat à la succession de Boutros Boutros Ghali en 2002, Henri Lopes, 77 ans, est la plus grande plume vivante d’Afrique centrale et l’une des plus grandes de l’espace francophone. Grand défenseur de la langue française, il est l’auteur de huit romans et d’une nouvelle

Diplomate, il est le doyen des ambassadeurs à Paris depuis 1998. Auparavant, il a été Premier ministre (1975-1975) et plusieurs fois ministres, sous-directeur général adjoint de l’Unesco (1982-1998). Président d’honneur de Livres et Auteur du Bassin du Congo et directeur général de la revue Géopolitique africaine, détenteur de plusieurs prix littéraires, Henri Lopes appelle à entretenir la francophonie dans ses soubassements, et affirme que si le français veut conserver son statut de langue internationale, il doit s’adosser aux pays de la francophonie dont la plupart sont sur le continent africain.

Il considère le français comme une langue africaine, un francophone sur deux étant aujourd’hui africain. « Le français est devenu notre trésor, plus que celui des Français », rappelle l’ambassadeur. Il pense que tout retour en arrière est impossible, et que la francophonie s’enrichit du métissage. Et à travers l’histoire de la francophonie, il retrouve l’histoire de son peuple, sa propre histoire. Pour qu’elle soit à la hauteur des défis mondiaux, il l’invite d’abord à faire perdre à ses défenseurs leur arrogance, car elle trouble leur message, à cause de leur « prétention » et démontrer qu’elle ne se résume pas à l’anti-anglophonie. En ce sens, il est convaincu que les Africains ont leur rôle à jouer, sachant qu’ils apportent un souffle nouveau qui « fait pousser de nouvelles fleurs dans le jardin francophone ». Il rappelle qu’aucune langue ne porte en elle des valeurs démocratiques et que celles-ci reviennent plutôt à des cultures et à des civilisations.

Il pense qu’à l’avenir, il faudra intégrer la dimension francophone dans les politiques d’immigration et plaide pour « un visa francophone, un laissez-passer francophone ». Il est pour la vitalité de la langue française et souhaite qu’il y ait des exigences vis-à-vis des pays qui veulent intégrer l’organisation, la francophonie n’étant pas « un club, mais une famille », ce qui répond naturellement à « plus de devoirs que de droits, comme cela se passe dans la famille africaine ».

Par expérience, et en fin diplomate, Henri Lopes s’est retenu de battre campagne, au contraire d’autres candidats, pour le poste de Secrétaire général de la Francophonie. La raison invoquée est que « ce sont les chefs d’État qui décident à la fois de la personne et de la feuille de route à appliquer ». Pour lui, la priorité sera de poursuivre l’œuvre d’Abdou Diouf.

Pour rappel, Henri Lopes est lauréat du Grand Prix de la littérature d’Afrique noire pour son recueil de nouvelles, Tribaliques (1972), Grand Prix de la Francophonie (1993), prix littéraire de la Porte-Dorée pour son roman, Une enfant de Poto-Poto (2012)

Noël Ndong