Obsèques d’Etienne Tshisekedi : Lucien Lundula déjoue les mauvaises prédictions

Lundi 3 Juin 2019 - 18:45

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Homme du sérail, réputé méticuleux, pragmatique et rigoureux dans le travail, Lucien Lundula peut, à présent, pousser un ouf de soulagement  après la mise en terre de l'ex-Premier ministre, dont il a organisé, avec réussite, les funérailles du 30 mai au 1er juin. 

A la tête du comité d’organisation, Lucien Lundula  a, depuis l’arrivée de la dépouille d'Etienne Tshisekedi le 30 mai à Kinshasa, accumulé des nuits blanches, obnubilé par la seule obsession d’offrir aux Congolais des instants mémorables censés rester gravés dans leur mémoire.

Au-delà du formel, c’est tout un challenge personnel que se livrait ce fonctionnaire international, par ailleurs rompu dans l’événementiel. Son expérience avérée en matière d’organisation des réunions de haut niveau telles que les sommets de chefs d’Etat et de gouvernement, les conseils des ministres et les assemblées parlementaires paritaires ACP-UE, a été mise à contribution pour relever ce qui, à plus d’un titre, tenait lieu d’un défi.

Durant deux semaines pleines ponctuées des réunions par intermittence, Lucien Lundula avait les yeux sur chaque détail et coordonnait intelligemment toutes les commissions spécialisées, avec une maîtrise digne d’un meneur d’hommes. Lorsque l’avion devant amener le corps sans vie du « Sphinx » de Limete connut un léger retard suite aux pépins logistiques, l’homme se démena tel un diable pour décanter la situation, passant des coups de fil à tout rompre, tenant d’interminables séances de travail, ne lâchant rien face à la pression qui montait. Les obsèques d’Etienne Tshisekedi étaient un peu son « affaire » et il a de bonnes raisons d’être fier de leur déroulement, sans anicroche ni grand dérapage.

L'unité retrouvée à l'Udps le temps des funérailles

Toutes les appréhensions exprimées, la veille, autour de cet événement, ont été démenties dans les faits. Durant les trois jours consacrés à ces obsèques, rien de fâcheux n’a été relevé nonobstant quelques couacs, du reste mineurs, sans grand impact sur le déroulé des funérailles. A la retenue et à la discipline dont a fait preuve le public, on peut y ajouter le professionnalisme de la police dont les éléments ont maîtrisé tous les paramètres sécuritaires. Même les combattants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps), réputés imprévisibles dans leurs agissements, ont fait preuve de continence, déjouant les mauvaises prédictions. L’instant des funérailles, les cadres et militants de ce parti historique ont tu leurs divergences et rangé au placard une guerre interne de leadership devenue, à la longue, ennuyeuse et sans panache. Les obsèques d’Etienne Tshisekedi ont permis de sceller, à nouveau, l’unité du parti aujourd’hui déchiqueté et de poser les bases du redécollage. Les frictions tant redoutées entre la famille biologique et politique du « Sphinx » de Limete n’avaient pas non plus lieu d’être. Tout s’est passé dans une parfaite symbiose, loin de tout esprit séparatiste et discriminatoire.

Un pari tenu

Le protocole d’Etat, en synergie avec le comité d’organisation, s’est dépassé pour minimiser les improvisations, particulièrement durant les obsèques officiels qui ont vu quelques chefs d’Etat africains rehausser de leur présence à côté des représentants des pays amis et des animateurs des institutions. La foule en délire ne cachait pas sa satisfaction en accompagnant toutes les phases de la cérémonie pendant près de trois heures sans que son attention n’en soit affectée. La chapelle ardente gigantesque reliée à la tribune d’honneur par un tapis rouge, en dessous de laquelle était exposé le cercueil élevé sur un socle en forme de béret, symbolisait toute la hargne du comité Lundula de tenir son pari. Le dernier acte de ces trois journées mémorables a été dit dans la soirée du 1er juin, lorsqu’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba a été inhumé à Nsele, dans l’intimité familiale, conformément au rite traditionnel luba. 

Pour en revenir à Lucien Lundula, notons qu’il est fonctionnaire international au sein du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (le Groupe des États ACP) basé à Bruxelles. Institution qu’il a intégrée en  2001 en évoluant au sein du service des Conférences, mais également, comme responsable de la préparation des états des salaires du personnel du secrétariat ACP Bruxelles (Belgique) et Genève (Suisse). Il est détenteur d’un master en sciences politiques de l’Université Libre de Bruxelles et d’un baccalauréat en sciences économiques et relations industrielles de l’Université de Montréal (Canada).

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Lucien Lundula

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