Obsèques d'Étienne Tshisekedi : l'UDPS fait monter les enchères

Jeudi 9 Février 2017 - 17:15

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Selon la première force politique de l’opposition congolaise, seul le futur gouvernement qui sera issu de l’accord du 31 décembre est habilité à accompagner le deuil de l’illustre disparu.

Alors que les préparatifs évoluaient plutôt bien concernant l’organisation des obsèques de l’opposant historique Étienne Tshisekedi décédé le 1er février à Bruxelles sur fond d’intenses réunions initiées depuis le début de la semaine entre les représentants du gouvernement et ceux de la famille biologique et politique de l’illustre disparu, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) est montée au créneau pour tout remettre en cause. C’est un véritable pavé que vient, en effet, de jeter le parti du défunt en déclarant ne pas se reconnaître dans les tractations en cours avec un gouvernement qui chercherait à tirer des dividendes politiques en capitalisant, au mieux de ses intérêts, cette circonstance douloureuse. C’est Jean Marc Kabund, secrétaire général de l'UDPS, qui a livré cette position via un point de presse tenu le 8 février dernier au siège du parti.

Le ton était à la radicalisation et au rejet de tout ce qui est en train d’être fait par l’actuel gouvernement à l’honneur de l’ancien Premier ministre que fut Étienne Tshisekedi.  « L’UDPS n’est pas intéressée par l’offre des titres de voyage faite par l’actuel gouvernement à sa délégation », a d’emblée tranché Jean-Marc Kabund lisant une déclaration musclée exprimant la négation de son parti vis-à-vis d’un gouvernement qu’il n’a jamais porté à cœur. L’UDPS stigmatise « le caractère malveillant et ostentatoire de cette offre » ainsi que « des calculs politiques de mauvais goût dont l’objectif est de faire du tapage sur fond de marchandage inutile » autour de ces obsèques. Et pourtant jusqu’il y a peu, l’option de voir une délégation de la famille biologique d’Étienne Tshisekedi et quelques cadres du parti se rendre à Bruxelles aux frais de l'État semblait souffrir d’aucune contestation. Qu’est-ce qui a provoqué cette volte-face lorsqu’on sait que dans les échanges avec le gouvernement, le parti est bel et bien représenté ?

Vivement un nouveau gouvernement !

Une chose est vraie, c'est qu’à l’UDPS, le gouvernement Badibanga n’est pas habilité à organiser les obsèques d’Étienne Tshisekedi. Pour la première force politique de l’opposition congolaise, « le seul cadre politico-juridique censé régir l’espace politique congolais est l’accord de la Saint-Sylvestre » dont elle réclame à cors et à cri la mise en œuvre de manière intégrale « en conformité avec le vœu populaire ». Ce vœu populaire, à en croire ce cadre de l’UDPS, consiste à voir le futur gouvernement qui sera issu de cet accord du 31 décembre accompagner le deuil de l’illustre disparu. Autrement dit, le corps d’Étienne Tshiskedi ne pourra être rapatrié que si le gouvernement issu de l’accord du 31 décembre se mettait en place avec un nouveau Premier ministre désigné par le Rassemblement et nommé par le chef de l’État. « Ce n’est qu’à ce prix que les dates du rapatriement du corps et de l’enterrement d’Étienne Tshisekedi seront connues », a dit  Jean Marc Kabund tout en égrenant d’autres exigences supplémentaires de l’UDPS en rapport avec les obsèques de son défunt président. Il s’agit, entre autres, d’ériger un mausolée à son honneur au centre ville de Kinshasa et que les frais liés à son enterrement soient pris en charge par le gouvernement responsable qui sera issu de l’accord du 31 décembre.      

Faisant fi de ce qu’il considère comme des déclarations tapageuses et excessives de quelques cadres zélés de l’UDPS, le gouvernement poursuit néanmoins ses discussions avec les délégués de la famille biologique du disparu et le représentant du parti. « Nous ne traitons pas avec l’UDPS par communiqué de presse », a réagi Lambert Mende indiquant que le gouvernement n’a pas été encore saisi officiellement de cette prise de position. Tout en mettant cet excès de langage sur le compte de querelles supposées internes à l’UDPS, le porte-parole du gouvernement trouve indécent d’aborder des questions politiques alors que le corps du défunt n’a pas encore été porté à terre. «C’est un peu irresponsable pour nous qui sommes bantous que pendant un deuil, nous puissions régler des problèmes politiques », a-t-il déclaré.         

Enfin, tenant aussi à jouer leur partition dans cette situation, les pionniers de l’UDPS sont sortis de leur réserve pour réclamer la réorganisation du parti tout en exhortant les différentes structures se réclamant de l’UDPS à se mobiliser pour poursuivre la lutte pour l’instauration de la démocratie et d’un État de droit en RDC qu’avait menée Étienne Tshisekedi de son vivant.

Alain Diasso

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