ONU : les dirigeants affichent leurs positions sur la gouvernance mondiale ou nationale

Mercredi 26 Septembre 2018 - 13:30

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Débuté le 25 septembre, le débat général se poursuivra jusqu’au 30 courant à New York, aux Etats-Unis. Les leaders des Etats membres se succèdent à la tribune pour afficher leur vision du monde devant l’Assemblée générale. 

Tout a commencé le premier jour par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui a été suivi, entre autres, par le président américain, Donald Trump, et ses homologues; français Emmanuel Macron; turc Recep Tayyip Erdogan et Joseph Kabila de la République démocratique du Congo (RDC).

Dans son discours, le chef de l’ONU a appelé à rétablir la confiance, alors que l’ordre mondial est de plus en plus chaotique. « Notre monde souffre d’un grave syndrome, celui du déficit de confiance. Troublés, les peuples ne se sentent pas en sécurité. La confiance en est à un point de rupture : confiance dans les institutions nationales ; confiance entre États ou confiance dans l’ordre mondial fondé sur des règles », a déclaré Antonio Guterres. Le secrétaire général a ajouté : « Les valeurs universelles sont érodées. Les principes démocratiques sont pris en otage. L'Etat de droit est compromis (…). Nous sommes face à une série de paradoxes. Alors que le monde est plus interconnecté que jamais, les sociétés sont de plus en plus fragmentées. Les défis se mondialisent et les peuples se replient sur eux-mêmes. Le multilatéralisme est menacé au moment même où nous en avons le plus besoin ». Pour ce faire, il a insisté que « les dirigeants ont le devoir de promouvoir le bien-être de leurs peuples ».

Le président américain a,  quant à lui, souligné que les Etats-Unis ne cèderont pas à « l’idéologie du mondialisme » et donneront toujours la priorité à la « doctrine du patriotisme ». S’agissant des opérations de maintien de la paix, il a indiqué que son pays veut à tout prix limiter sa contribution aux opérations de maintien de la paix à 25%. L'aide américaine, a-t-il souligné, sera réservée aux « pays amis ». « Dans le cadre de nos efforts de réforme de l’ONU, j’ai dit à nos négociateurs que les Etats-Unis ne payeront pas plus de 25% du budget des opérations de maintien de la paix » (6 689 milliards de dollars, dont 28,5% sont payés par Washington jusqu’à présent), afin d’encourager les autres pays « à partager ce lourd fardeau », a-t-il expliqué.

Donald Trump a aussi annoncé un réexamen de l’aide versée par les Etats-Unis aux pays étrangers, sous la houlette du secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo. « Les Etats-Unis sont le plus grand donateur d’aide au monde (…). A l’avenir, nous allons donner de l’aide internationale uniquement à ceux qui nous respectent et, franchement, à nos amis », a-t-il précisé.

Parlant du commerce, Donald Trump a réclamé des échanges « justes et équilibrés ». Il voulait par ces propos justifier ses décisions récentes, à l’égard de la Chine. Pour le patron de la Maison-Blanche, le déséquilibre commercial avec Pékin « ne peut être toléré ».

« La CPI n’a aucune légitimité et aucune autorité »

Le patron de la Maison-Blanche a, par ailleurs, attaqué vivement la Cour pénale internationale (CPI), l’accusant de n’avoir « aucune légitimé et aucune autorité ». « Les Etats-Unis n’apporteront aucun soutien à la CPI » qui « revendique une juridiction quasi-universelle sur les citoyens de tous les pays en violation des principes de justice, d’équité », a-t-il martelé. Et rejetant l’idéologie du mondialisme, il a ajouté : « Nous n’abandonnerons jamais la souveraineté américaine à une bureaucratie mondiale non élue et irresponsable ».

Le président français a, de son côté, déploré la crise profonde de l’ordre international traditionnel et mis en garde contre la tentation d’un retour à l’unilatéralisme. Il a plaidé pour un nouvel équilibre mondial et appelé à ne plus signer d’accord commercial avec les pays qui ne respectent pas l’accord de Paris sur le climat. « Ne signons plus d’accords commerciaux avec les puissances qui ne respectent pas l’accord de Paris », a-t-il fait savoir, sans citer notamment les Etats-Unis qui en sont sortis en 2017.

Parlant de la lutte contre le terrorisme, Emmanuel Macron a estimé: « Nous sommes forts quand les États peuvent compter sur leurs propres forces et s’appuyer sur des formes de coopération régionale ». Il a cité comme modèles les forces conjointes mises en place au Sahel et dans la région du Bassin du Lac Tchad. A cet égard, il a plaidé pour « une meilleure articulation entre l’ONU et l’Union africaine » et souhaité l’adoption, en ce sens, d’une résolution du Conseil de sécurité « avant la fin de l’année ».

Citant encore les premiers résultats de l’Alliance pour le Sahel afin de « lutter contre les racines du désespoir qui ont permis aux terroristes de capturer les âmes », le président français a souhaité que soient à chaque fois articulés « les principes de la souveraineté des peuples, de l’engagement régional et d’un vrai soutien de la communauté internationale ».

Le président turc, pour sa part, a appelé à la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, alors que son homologue de la RDC, Joseph Kabila Kabange, a affirmé « le caractère irréversible de la tenue des élections prévues à la fin de cette année » dans son pays et réitéré son souhait d’en voir partir la mission de maintien de la paix de l’ONU.

Le premier jour du débat de la 73e Assemblée générale, cent quarante-six pays ont adhéré au plan d’action de l’ONU pour le maintien de la paix.  Cette initiative dénommée Action pour le maintien de la paix vise principalement, selon le secrétaire général, « à combler le fossé entre les aspirations et la réalité », en donnant aux opérations de maintien de la paix des objectifs plus réalistes, en rendant les missions plus fortes, plus sûres et en mobilisant un meilleur soutien politique en faveur de solutions, d’une part, et de forces bien équipées et bien entrainées, d’autre part.

Nestor N'Gampoula

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