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Opposition cherche leader charismatique

Samedi 15 Octobre 2016 - 12:45

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Mise à part la tendance à l’invective, et même à l’irrévérence qui caractérise son discours public, l’opposition congolaise est globalement, mais réellement à la croisée des chemins. A quelques mois des élections législatives de l’année prochaine (les dates ne sont pas encore connues, il est vrai), cette réalité est tellement évidente que l’on se demande si le rejet réciproque de l’autre dans lequel se complaisent les partis ou plateformes politiques de cette "famille" lui sera bénéfique à brève ou longue échéance.

L’ennui, quand on aborde ce sujet vient surtout de l’absence de visibilité entretenue par la multiplicité de courants au sein de ladite opposition. Quand bien même certains de ses dirigeants y voient le signe d’une liberté de parole, de pensée et d’action vitale à la vie démocratique, rien n’indique, à priori, que dans le cas d’espèce, l’émiettement des énergies soit le meilleur moyen de mieux se faire entendre des autres. D’où cette question essentielle : comment situer l’opposition congolaise vraiment ?

Au plus fort du débat sur le changement de la Constitution du 20 janvier 2002, depuis juridiquement épuisé, naissait le Frocad (Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique). Il fédérait plusieurs partis d’opposition, parmi lesquels, l’Upads (Union panafricaine pour la démocratie sociale). Il est rejoint, ensuite, par l’IDC (Initiative pour la démocratie au Congo), qui a en commun de réunir les forces politiques et les individualités émargeant naguère à la majorité présidentielle. Les deux plateformes parlent d’une même voix, "bougent" littéralement le pays, jusqu’à la défaite historique pour elles, symbolisée par l’avènement de la nouvelle République issue du référendum du 25 octobre 2015.

Comme conséquence immédiate de cette bataille perdue, un des ténors du Frocad créé son propre parti, reçoit chemin faisant l’onction de quelques amis, presque de sa génération, et fonde le ROC (Rassemblement de l’opposition congolaise). Un peu plus tard, le Collectif des partis de l’opposition congolaise signataires de la déclaration du 17 août 2012, annonce son retrait du Frocad, estimant que le mouvement avait failli à sa mission d'empêcher le référendum et devait dès lors cesser d’exister. Du côté de l’IDC, à la tête de son propre parti, la Codeha (Convention des démocrates et humanistes africains), l’un des dirigeants, parmi les plus remuants, prend ses distances.

Le président de la Codeha s’active depuis à convoquer une "Convention" de l’opposition congolaise. Ce qui lui vaut les reproches de ses ex-collègues opposés à « une initiative solitaire » qu’ils dénoncent au cours d’une réunion avec la presse, le 20 septembre. Pour sa part, le Premier secrétaire de l’Upads a entrepris, fin septembre-début octobre, une tournée de mobilisation de la base de son parti dans la perspective des législatives de 2017. Les dirigeants de ce parti savent que la quatrième place occupée par leur candidat à la présidentielle du 20 mars dernier interpelle à plus d’un titre.

Principal parti de l’opposition parlementaire, l’Upads risque de perdre son leadership si elle n’adopte pas une autre stratégie que celle de vouloir en découdre à tout prix qu’elle a tenté de suivre ces derniers temps en s’alliant, au besoin, avec le premier venu. En attendant de clarifier sa position au sein du Frocad, comme la Codeha vient de le faire avec l’IDC, l’Upads sillonne son ancienne zone de prédilection, les pays de la vallée du Niari pour être précis, consciente que cet espace n’est plus du tout sa chasse gardée.

Au finish, dans cette opposition démembrée difficile à replâtrer, les uns et les autres lorgnent tout de même vers un lieu qui a toutes les allures de leur être commun : la mise en place effective des commodités constitutionnelles relatives au financement des partis politiques, à la définition du statut de l’opposition, et donc aussi celui du chef de l’opposition.

Sur ce dernier point, le Collectif du 17 août a son analyse : « Dans notre pays, l’opposition est plurielle, elle comprend plusieurs tendances ayant chacune des objectifs politiques différents. Certaines de ces tendances participent aujourd’hui au pouvoir ; d’autres, mues par des soucis alimentaires se battent fiévreusement pour entrer au gouvernement d’union nationale ; d’autres, enfin, fidèles à leurs convictions politiques demeurent farouchement ancrées dans l’opposition réelle », fulminait-il, lors de sa conférence de presse du 26 septembre.

Explication d’usage si l’on se permet un bref commentaire : à l'opposition, à l'heure qu'il est, personne ne sort du lot, tout le monde est tout le monde, chacun est chacun. Mais la nature ayant horreur du vide et la politique de la chaise vide étant moins payante, les futures élections législatives pourraient bien trancher la question du chef de l’opposition en fonction de l'attribution des sièges à l'Assemblée nationale. A moins, alors d’entrevoir deux cas de figure : un chef de l’opposition parlementaire, statutaire et constitutionnel, et un ou plusieurs chefs d’opposition de la rue. Pour ne pas la laisser orpheline de "parlementaires debout" comme on disait de l’autre côté du fleuve Congo, à Kinshasa, dans le courant des années 1990 et du tumulte de la Conférence nationale souveraine.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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