Opposition : Katumbi sonne le glas du Rassemblement

Mardi 13 Mars 2018 - 18:45

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En lançant sa propre plate-forme électorale, l’ex-gouverneur du Katanga vient d’hypothéquer les chances de survie de la coalition créée à Genval (Bruxelles).  Il a rappelé à lui tous ses affidés, au grand dam de son alter égo, Félix Tshisekedi, obligé de faire avec cette nouvelle donne.   

Les grandes manœuvres politiques ont commencé dans l’opposition congolaise à près de dix mois des élections prévues d’ici à décembre. Une sorte de branle-bas est en train de s’observer au sein des partis politiques qui cherchent, d’ores et déjà, à mieux se positionner pour affronter les prochaines joutes électorales. L’heure est désormais aux alliances de toute sorte, même au-delà des bases idéologiques. Tout ce qui importe, c’est gagner ensemble les élections pour espérer avoir droit de cité au moment de la redistribution des cartes. Inévitablement, l’on tend vers la constitution de grands ensembles au sein d’une opposition plurielle qui n’a jamais trouvé la clé de l’unité pour faire bloc face à une majorité bien en place.  

À près de dix mois des élections, l’opposition continue, en effet, à étaler ses divergences. La guerre des égo a refait surface. Chacun tente de tirer la couverture de son côté, preuve que l'unité brandie il y a peu au sortir de Genval comme un trophée n’était que de façade. Un trompe-l'œil. Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, issu du conclave de Bruxelles, est aujourd’hui en train de battre de l’aile. Le G7 et l’Alternance pour la République (AR), deux grands regroupements politiques affiliés à cette plate-forme, ont pris leur liberté en convolant avec Moïse Katumbi, initiateur d'« Ensemble pour le changement », la nouvelle plate-forme électorale censée appuyer sa candidature à la présidence. Le G7 et l’AR qui n’ont jamais fait mystère de leur soutien au richissime homme d’affaires, leur candidat déclaré à la présidentielle, n’étaient pas du tout dans leur assiette au sein du Rassemblement. En témoigne leur rapprochement difficile avec l’UDPS, le parti-phare de la plate-forme.

Une guerre de leadership

Pour l’UDPS, le G7, l’AR et d’autres partis apparentés cherchaient à accaparer le Rassemblement pour en faire une machine électorale au service de l’ex-gouverneur du Katanga. En effectuant le déplacement d’Afrique du Sud pour entériner la candidature à la présidence de Moïse Katumbi et, partant, apporter leur caution à sa nouvelle plate-forme électorale, Pierre Lumbi, Delly Sessanga, Olivier Kamitatu et autres ont été littéralement tancés par les ténors de l’UDPS qui les ont taxés de traitres. Pour des esprits avertis, cette escapade des pro Katumbi était prévisible vue les ambitions, somme toute, légitimes nourries par l’ex-gouverneur qui, à l’évidence, cherchait un cadre pour mieux exprimer ses appétences. Le Rassemblement, avec toutes ses contradictions et ses querelles intestines, était loin de booster son aura et le propulser au sommet de l’État, surtout qu’en embuscade se trouvait un certain Félix Tshisekedi qui n’a jamais revu à la baisse ses prétentions à jouer les premiers rôles dans le microcosme politique congolais.

Entre les deux hommes couvait une guerre de leadership pour le contrôle de la frange de l’opposition dite radicale. Katumbi, plus malin, a brouillé les pistes et devancé son alter égo appelé à puiser dans ses ressources imaginatives pour tenter de rebondir politiquement à présent que le Rassemblement dont il est président s’est affaibli avec le retrait de l’AR et du G7. Difficile donc pour Félix de tirer son épingle du jeu dans ce nouveau tableau de l'opposition congolaise. Candidat à la succession de son défunt père à la présidence de l’UDPS, il devra batailler dur pour que sa requête soit avalisée au prochain congrès. Ce qui n’est toujours pas évident dans un parti qui veut se démarquer de tout relent dynastique.

En lançant sa plate-forme électorale, Moïse Katumbi vient d’hypothéquer les chances de survie du Rassemblement de l’opposition. Quitte aux cadres de cette plate-forme de démontrer le contraire en se dotant d’un leadership de taille capable de l’incarner et d’en faire une réelle force politique avec laquelle il faudra compter pour les prochains enjeux électoraux.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Moise Katumbi

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