Opposition : succès mitigé de l’appel à la ville-morte

Mercredi 15 Novembre 2017 - 18:29

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Le mot d'ordre lancé par le mouvement citoyen Lucha et soutenu par le Rassemblement/Limete, la principale plate-forme de l'opposition, n’a pas produit l’effet escompté, le 15 novembre, sur l'ensemble du territoire national.

Pour une fois, l’opposition radicale et ses alliés sont passés à côté de la plaque, au regard du peu d’intérêt manifesté par les Congolais à leur mot d’ordre. Et pourtant la veille, tout présageait un triomphe. Des tracts ont circulé dans la ville de Kinshasa, annonçant la manifestation qui semblait recueillir au départ des grandes adhésions. Mais au jour « J », les choses ont tourné au vinaigre. Hésitants en début de matinée, juste le temps d’observation, les Kinois se sont finalement décidés de vaquer à leurs occupations quotidiennes. Ne voyant rien venir, ils sont sortis de leurs maisons pour gagner leur poste de travail.

Fluide aux premières heures de la matinée, la circulation a repris ses droits après 10 heures. Plusieurs écoles ont ouvert, même si quelques-unes sont restées fermées pour parer à toute éventualité. Graduellement, les magasins, les agences de transfert de fonds, les banques, les stations-service, les terrasses, etc., ont commencé à reprendre du service. Il en est de même pour les bus Transco remis en circulation peu après 10 heures. S’il est vrai que les activités commerciales ont tourné au ralenti au centre-ville, à l’est et à l’ouest de la capitale, c’est à peine que la population obnubilée par son train-train quotidien, évoquait cette « ville-morte » aux contours flous et qui, dans certains esprits, passait pour une distraction.

L’état d’esprit qui a prévalu dans le chef des Kinois s’est aussi manifesté chez les Matadiens qui, eux aussi, ont fait échec au mot d’ordre de l’opposition radicale qui  n’a été que relativement suivi. À Lubumbashi également, les activités commerciales ont tourné au ralenti dans quelques quartiers. La quasi-totalité de magasins et boutiques est restée fermée une bonne partie de la journée, preuve que les « Lushois » étaient en phase avec les organisateurs comme en témoigne la pression exercée sur eux par le maire, leur demandant de « vaquer librement et paisiblement » à leurs occupations.

Si à Kinshasa, Matadi et Lubumbashi, aucun fait notable n’est à signaler, tel n’a pas été le cas dans la province du Nord-Kivu, plus précisément à Goma où quelques altercations entre manifestants et policiers ont été rapportées. Les manifestations de la Lucha et du collectif d'action de la société civile ont donné lieu à des dérapages avec, à la clé, l’incendie d’un poste de police et des tirs de gaz lacrymogène pour disperser des manifestants et démonter les barricades érigées sur des voies publiques. Même situation à Béni, Butembo et Kasindi où les activités étaient quasi paralysées.

Dans l’ensemble, nonobstant quelques cas isolés d’incidents, la journée ville morte, décrétée par le mouvement citoyen Lucha de concert avec quelques partis politiques de l'opposition pour rejeter le calendrier électoral et réclamer le départ de Joseph Kabila, n’a été respecté que partiellement sur le territoire national. Les dispositions sécuritaires prises, avec le déploiement sur plusieurs sites stratégiques des policiers anti-émeute, dont certains cagoulés sillonnant les grandes artères à bord des jeeps filant à vive allure, ont dissuadé de nombreux manifestants à Kinshasa et ailleurs à revenir aux bons sentiments.  

De quoi donner des ailes à la majorité présidentielle qui tourne en dérision cette activité de l’opposition qu’elle dit en panne d’inspiration. Le porte-parole de la Mouvance présidentielle est monté au créneau pour féliciter le peuple congolais dont il a loué la « grande maturité » face aux opérations « téméraires et intempestives » de ville-morte. Pour Alain Atundu, en effet, les Congolais ont compris la « mauvaise foi et la supercherie de ces démocrates de façade qui veulent ainsi créer délibérément une confusion dans l'esprit des Congolais pour aboutir à un autre dialogue politique dans l'espoir d'accéder au pouvoir par des combinaisons maffieuses en dehors des élections, seule voie démocratique en la matière ».  

 

Alain Diasso

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