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Où peut mener la déprime occidentale ?

Samedi 19 Novembre 2016 - 12:28

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Vue du cœur de l’Afrique, où s’écrivent et s’impriment chaque jour Les Dépêches de Brazzaville, l’évolution présente du monde peut être ainsi résumée : l’espèce humaine progresse à grands pas et de façon indiscutable, mais se fracture progressivement en deux camps, l’un très minoritaire en nombre mais toujours  puissant sur le plan matériel, l’autre très majoritaire en nombre mais encore fragile sur le plan matériel.

Le problème est que le premier camp sombre lentement mais sûrement dans la déprime alors que le second affirme de plus en plus nettement son optimisme et sa volonté de surmonter les obstacles élevés sur sa route au cours des siècles, de tirer pour lui-même le meilleur parti des nouvelles technologies auxquelles il a désormais accès, de s’imposer à brève échéance comme l’acteur majeur de la scène qui se joue au plan mondial.

Vu comme on dit « de Sirius » le premier camp, au sein duquel cohabitent les Etats-Unis et l’Europe, rassemble à peine quinze pour cent de l’humanité, soit en gros huit à neuf cents millions d’êtres humains, mais détient pour l’instant plus de la moitié des moyens économiques et financiers existants. Un actif considérable, hérité des siècles précédents durant lesquels ce camp colonisa le reste de la planète, qui donne toujours à ses dirigeants l’impression d’être en mesure de dicter leur volonté et qui les conduit à s’engager dans des actions stratégiques aussi peu raisonnables que ruineuses à terme. Mais un actif dont ses propres peuples doutent de plus en plus clairement qu’il est correctement géré comme le prouve la montée en puissance des oppositions dites « populistes » dont l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis vient tout juste de nous donner une idée précise.

Vu toujours « de Sirius » le deuxième camp, rassemble, lui, plus de quatre-vingt pour cent de l’humanité, s’étend sur trois des cinq continents que compte la planète, détient l’essentiel des matières premières, bénéficie d’une croissance économique qui lui garantit qu’à échéance de quarante ou cinquante ans tout au plus il influencera de façon  déterminante l’évolution du monde. D’où un optimisme, une joie de vivre, une volonté de progresser qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère régnant sur le Vieux Continent et dans le Nouveau Monde lors de la première révolution industrielle, il y a près de deux siècles. D’où aussi une prise de conscience chaque jour plus aigüe des problèmes sociaux et donc politiques au sens le plus large du terme que ses dirigeants devront résoudre s’ils veulent éviter les cassures que risque de générer une progression trop rapide.

Si le premier camp s’enferme, comme il semble hélas ! le faire, dans le mouvement de déprime constaté en Europe comme aux Etats-Unis, l’on verra dans les années à venir se creuser un fossé entre les pays occidentaux et les pays émergents dont la crise des migrants qui gagne aujourd’hui l’Europe nous donne dès à présent une idée précise. Et l’on assistera sans doute, à la lisière des deux camps, à  une montée des tensions dont le pire pourrait à tout instant surgir.

Si, en revanche, ce même premier camp décide de rompre le cercle infernal dans lequel il est sur le point de s’enfermer et décide d’accompagner sérieusement la marche en avant d’une humanité qu’il ne contrôle plus et ne contrôlera jamais plus, alors sans doute, pour ne pas dire certainement, il connaîtra une nouvelle jeunesse et parviendra à combattre de façon efficace la déprime dans laquelle il s’enfonce aujourd’hui.

Une chose est sûre : l’Occident n’a plus droit à l’erreur !

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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