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Où va la France ?

Lundi 17 Avril 2017 - 12:15

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Personne, bien évidemment, ne peut répondre à cette question alors que le premier tour de l’élection présidentielle est programmé pour le 23 avril, c’est-à-dire dans moins d’une semaine. Avec onze candidats en lice dont deux seulement seront présents au second tour de scrutin, avec des sondages qui ne cessent de fluctuer mais qui font apparaître que près d’un électeur sur deux ne sait toujours pas pour qui il votera, avec une campagne polluée par des actions en justice visant directement les candidats les mieux placés la France profonde apparait en plein désarroi. Mieux vaut donc ne pas spéculer sur l’issue du scrutin.

Cette remarque de bon sens n’empêche cependant pas de réfléchir dès maintenant à ce qu’il adviendra au soir du second tour de la présidentielle lorsque les citoyens auront élu pour cinq ans le nouveau locataire du palais de l’Elysée, à Paris. Au-delà, en effet, du sort de la France et des Français, ce qui se jouera le 23 avril et le 7 mai aura un impact direct sur les partenaires d’une puissance extérieure dont l’influence demeure forte malgré les problèmes croissants auxquels l’incapacité de ses dirigeants à prévoir le futur la confronte dans le moment présent.

De deux choses l’une, en effet : ou bien le successeur de François Hollande refusera comme ses prédécesseurs de regarder la vérité en face et ne prendra pas les dispositions nécessaires pour rendre à la France la place qui était jusqu’à présent la sienne dans le concert des nations ; ou bien, au contraire, il s’attaquera résolument à la racine du mal qui ronge son pays depuis des décennies, réduira les dépenses publiques de façon drastique, mettra de l’ordre dans les administrations, allègera les charges qui pèsent de plus en plus lourdement sur les citoyens comme sur les entreprises, s’attachera à rendre à la diplomatie française son dynamisme d’antan.

° Dans le premier cas la France, en dépit des armes de destruction massive qu’elle détient et qui lui assurent une place dans le très petit groupe des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, perdra inexorablement son rang de grande puissance. Incapable de redresser ses finances et de réduire le chômage de masse dont elle souffre, elle s’effacera derrière des pays comme l’Allemagne et l’Angleterre dont les dirigeants ont su gérer leur économie en bons pères et bonnes mères de famille. Fait plus grave encore elle dissuadera ses partenaires, sur le continent africain tout particulièrement, de les accompagner dans leur longue marche vers le développement durable.

° Dans le deuxième cas elle retrouvera très vite l’influence qu’elle a entrepris de détruire ces dernières années sans en avoir réellement conscience. Certes la politique d’austérité qui lui permettra d’éviter la faillite qui la guette actuellement provoquera des conflits sociaux en série, mais elle rassurera sa population active, ses entreprises petites et grandes, ses associés européens, ses grands alliés extérieurs. Si bien qu’elle disposera à nouveau des appuis qui lui font si cruellement défaut aujourd’hui. Et, bien sûr, elle verra revenir vers elle les pays qu’elle a longtemps tenus sous sa coupe mais qui s’imposent de jour en jour comme l’un des moteurs du développement mondial à venir.

Tout au long de sa longue, très longue Histoire la France a su franchir les obstacles que son insouciance, sa suffisance, son nombrilisme dressaient inévitablement sur sa route. Même si peu de signes donnent à penser qu’elle pourrait le faire une fois encore, il est permis d’espérer qu’elle y parviendra si elle choisit un président ouvert sur le monde, entouré de conseillers et de ministres compétents, capable de mesurer l’importance que revêt pour la France la vaste communauté humaine dont elle fait partie, conscient aussi du rôle éminent que jouera l’Afrique dans les nouveaux équilibres de la planète qui se dessinent.

Le pire, quoi qu’en disent et quoi en pensent les observateurs de la scène française, n’est pas certain.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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