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Où va le Bassin du Congo ?

Samedi 12 Janvier 2019 - 17:35

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Le moins que l'on puisse dire, en ce début d'année 2019, est que le Bassin du Congo connaît ou s'apprête à connaître  des changements qui marqueront fortement son Histoire. Il faut donc observer avec attention comment cette partie du monde évoluera dans les mois à venir.

Ce qui se passe en République démocratique du Congo (RDC) avec l'élection contestée de Félix Tshisekedi et l'installation dans les travées du parlement d'une majorité issue de la précédente n'est, en effet, que la partie émergée d'un véritable iceberg comme le montrent la reprise des troubles religieux et ethniques en Centrafrique, l'incertitude qui règne sur le sort du président Ali Bongo au Gabon, l'âge avancé du président Paul Biya au Cameroun dont la succession va devoir s’organiser, les tensions discrètes mais bien réelles qui ont accompagné et accompagnent toujours le départ du président Eduardo Dos Santos en Angola.

Région potentiellement la plus riche du continent en raison des immenses ressources minérales, agricoles, aquatiques et autres qu'elle détient, l'Afrique centrale est aussi, dans le moment présent, l'une des régions les moins prévisibles du continent. Si elle parvient à résoudre pacifiquement les problèmes politiques et sociaux qui se posent à ses peuples, elle sera à coup sûr, demain, le pôle économique de l'Afrique sub-saharienne ; mais si elle n'y parvient pas dans un délai raisonnable, elle verra se multiplier les obstacles dressés sur sa route vers l'émergence, avec le risque de devoir gérer des crises ethniques plus graves encore que celle qui dévasta le Rwanda, il y a vingt-trois ans, et qui déchirent toujours l’est de la RDC.

La RDC occupant, en plein centre de l’immense Bassin du Congo, un vaste espace où vit la plus grande communauté humaine de cette partie de l'Afrique, c'est bien de la politique que conduiront ses nouveaux dirigeants dans les prochaines années que naîtra, ou plus exactement se développera, le processus d'unification économique qui peut résoudre tous les problèmes présents et mettre fin aux conflits qui la déstabilisent. Il importe donc, au plus haut point, d'observer avec attention ce qui va se passer à Kinshasa dans les jours et les mois à venir avec la formation du nouveau gouvernement, l'énoncé des missions qui lui seront assignées par la plus haute autorité de l'Etat, la définition des priorités de la diplomatie congolaise, l'évolution des rapports avec les onze pays qui entourent la RDC.

Félix Tshisekedi ayant vécu avec sa famille des moments difficiles en raison des troubles qui agitaient son pays et ayant hérité de son père des convictions fortes concernant le rôle essentiel de la démocratie dans l'avancée des peuples, l'on peut espérer qu'il prendra dès le début de son mandat des décisions montrant sa volonté d'ancrer le Congo démocratique dans un Bassin du Congo pacifié qui entend lui-même œuvrer pour la construction d'une véritable communauté régionale. Il sait que les pays les plus stables de l’Afrique centrale, le Congo-Brazzaville et le Rwanda tout particulièrement, sont prêts à l’accompagner dans cette démarche.

Dans ce contexte géopolitique, rien ne serait donc plus rassurant pour la communauté internationale que la tenue rapide d’un sommet qui réunirait les dirigeants du Bassin du Congo et des Grands Lacs pour un dialogue consacré à la protection de la nature et à l’intégration régionale auquel participeraient tous les dirigeants de la quinzaine de pays concernés.

Brazzaville est, faut-il le rappeler, parfaitement équipée pour accueillir une telle conférence.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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