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Oyonfoula et son péage

Samedi 14 Mars 2020 - 18:13

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La petite et plutôt paisible localité d'Oyonfoula, située sur la route nationale numéro 2, dans le département des Plateaux, à bonne distance de Ngo, chef-lieu du district éponyme dont elle dépend peut encore poser la barrière et continuer à alimenter sa petite sacoche à sou. Ses clients sont en effet chaque jour plus nombreux au regard du trafic toujours dense sur cette voie qui joint Brazzaville au Nord Congo sur un millier de kilomètres. Pour combien de temps encore?, pourrait-on se demander. Pour le temps que prendra la réhabilitation complète de la Nationale dans sa partie la plus dégradée dont on ne peut se faire l'idée qu'en l'empruntant au départ de la capitale ou en y entrant. 

Que les choses soient claires. La barrière dont il est question, un frêle morceau de bambou de Chine d'environ deux mètres et demi, n'est pas posée en travers de la route. Il n'y a donc de ce point de vue pas entrave à la circulation routière et donc ses initiateurs ne risquent rien. La barrière se trouve en bordure des cases que franchissent, à l'intérieur du village, les véhicules qui se détournent du "droit chemin" par crainte de ne pas arriver à destination. L'état des crevasses au passage d'Oyonfoula est tel que ne s'y risquent, à leur corps défendant, que les gros autocars des compagnies de transport en commun qui desservent cet important axe routier. 

Un petit poste à péage informel donc, sur lequel s'agglutinent des gosses tout aussi vigilants qu'entreprenants. A l'aide d'un vieux tonneau servant de piquet et de leur morceau de bambou de Chine, ils filtrent les passages avec hardiesse, sous la supervision d'un entremetteur plus âgé à qui doit échoir la comptabilité de la besogne: aussitôt un premier client entretenu, aussitôt la barrière est levée et aussitôt remise en place pour dissuader d'éventuels resquilleurs. Le colloque se déroule sans agressivité on imagine pour ceux qui obéissent. S'ils ne montrent pas les dents avec ces derniers, ils peuvent par contre ne pas accepter qu'on détruise les abords de leurs modiques cases sans contrepartie. Parce que les traces laissées par les véhicules sont bien visibles.

Ne réclamez pas un ticket s'il vous plaît, vous ne l'aurez pas. Dans l'informel ce qui compte est de savoir négocier. Enfin, comme dans toute relation marchande, il y a de la place pour ceux qui savent lire dans le regard du partenaire. On doit payer entre 500 francs CFA et plus la bifurcation d'une cinquantaine(?) de mètres en fonction du type de véhicule. Cela est dit plus haut, les autobus et autres porte-conteneurs se contentent de braver les immenses trous remplis d'eau de boue pâteuse car le détour  par le village paraît encore plus dangereux.

Le petit poste de péage informel de la petite et paisible localité d'Oyonfoula est en place depuis un petit temps tout de même. Quand il fut ouvert, on pense l'année dernière, il avait dû fermer après qu'une couche de gravier eut été posée par les services d'aménagement routier pour parer au plus pressé. Puis le naturel a repris ses droits et tous ses droits. L'abondance du trafic aidant, le gravier a simplement été emporté par les pneus des véhicules. Et le petit péage s'est réinstallé. Au petit bonheur de ses inventeurs ! Pour combien de temps encore?

Gankama N'Siah

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