Paix dans le Pool: Thierry Moungalla estime que les choses sont en bonne voie

Jeudi 19 Avril 2018 - 20:45

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Dans une interview accordée à Radio France internationale (RFI), le 19 avril, le ministre de la Communication et des médias, porte-parole du gouvernement, a évoqué divers sujets d'actualité liés à la vie nationale, notamment la crise financière que traverse le Congo, le retour définitif de la paix dans le département du Pool et la session de la Cour criminelle.  

« Un pays en difficulté financière ne se dissimule pas »

La situation financière difficile que traverse actuellement le Congo n’est pas passée sous silence. Sur l’information confirmée par le Fonds monétaire international (FMI) et relayée par RFI, selon laquelle la moitié de la dette du Congo avait été dissimulée, Thierry Moungalla a répondu : « un pays en difficulté financière ne se dissimule pas. C’est un pays qui, par la multiplicité des créanciers, peut avoir besoin d’un peu de temps pour rassembler l’ensemble des informations à mettre à disposition du FMI. C’est ce qui a été fait. Et aujourd’hui, nous pensons que l’ensemble des éléments sont sur la table. Nous venons de passer une étape essentielle qui était celle de la détermination des termes de référence. Il a fallu que nous parlions le même langage avec le FMI sur les questions essentielles, la gouvernance et la restructuration de la dette ».

Parlant de la gouvernance, il a, en outre, rappelé l’accord établi sur la base d’un mémorandum lié à la gouvernance économique et financière. « C’est un document commun. Pour ce qui concerne la restructuration de la dette, il y a eu le recrutement courant mars du cabinet Ernst & Young, qui est à pied d’œuvre et nous permet d’avancer le plus vite possible », a expliqué le ministre.

« Cette phase étant terminée, nous entrons dans une phase un peu plus technique, qui consiste à ce qu’en interne, le FMI examine et fasse son miel de toutes les données recueillies et propose à l’Etat congolais ou indique à l’Etat congolais le moment où le dossier passera en Conseil d’administration du FMI pour l’accord final. Donc, toute la phase antérieure aujourd’hui est terminée. Et il y a un accord global satisfaisant pour les deux parties », a martelé Thierry Moungalla.

La situation débloquée dans le Pool

Quatre mois après la signature d’un accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités, le ministre de la Communication a également répondu aux nombreuses questions sur la situation dans le département du Pool, notamment la libération des ninjas, le sort du pasteur Ntoumi,  le retour de la population et le désarmement des ninjas.

« Beaucoup de Congolais et d’observateurs étrangers ont été assez surpris de l’accord de cessez-le-feu qui a été conclu le 23 décembre dernier. La situation s’est brusquement débloquée, parce qu’il y a eu une volonté politique commune. Celle des autorités, en tête desquelles le président de la République, et celle du pasteur Ntoumi », a assuré le ministre de la Communication. Essentiellement opérationnelle, cette étape, a-t-il dit, a permis la cessation des hostilités, la reprise du trafic routier, la reprise attendue dans quelques jours du trafic ferroviaire et le retour progressif de la population déplacée.

« Il reste la phase politique incarnée dans la commission paritaire mise en place, avec, à égalité, les représentants du pasteur Ntoumi et ceux du gouvernement. C’est au cours de cette phase que l’ensemble des questions politiques qui sont pendantes, la situation personnelle du pasteur Ntoumi, la réinsertion effective des ex-combattants et les problèmes judiciaires trouveront leur solution », a souligné le porte-parole du gouvernement.

A propos du retour de la population qui s'est réfugiée à Brazzaville, il a précisé : « On en est déjà de la volonté de l’Etat qui, malgré les difficultés financières que vous connaissez, a débloqué des crédits dans le cadre du budget 2018 qui a été voté fin 2017. Cette somme débloquée, d’un milliard FCFA, permet déjà le retour progressif de la population ».

Compte tenu du fait qu’il y a à peu près cent mille personnes qui ont été déplacées par les événements, le ministre a estimé que le processus est long. D’ailleurs, a-t-il poursuivi, l’Etat a obtenu le principe de l’aide des Nations unies, lors d’une visite de l’un des représentants de cette institution au président de la République, en janvier dernier.
En ce qui concerne le désarmement, il a fait savoir qu’il y a deux étapes : le ramassage effectif des armes et le financement de la réinsertion qui nécessitera probablement l’apport de la communauté internationale.  « L’atmosphère aujourd’hui est à la restitution des armes. Il n’y a absolument plus aucune tension. Les convois de véhicules qui, aujourd’hui, ont ouvert la voie dans le Pool sont mixtes. Ils sont composés de représentants de la force publique, de l’administration et des ninjas », a laissé entendre le ministre.

Sur le sort réservé au pasteur Ntoumi, le ministre a souligné que tout est entre les mains de la commission mixte. « Il faut inscrire l’ensemble des questions d’ordre juridique, y compris la situation personnelle du pasteur Ntoumi, dans le cadre des discussions qui sont en cours. Je peux comprendre l’impatience, notamment du pasteur Ntoumi et de ses partisans les plus proches. Mais les choses sont sur la bonne voie et devraient se résoudre dans les prochaines semaines et les prochains mois. La poursuite a totalement cessé sur un plan opérationnel, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, le pasteur Ntoumi n’est ni traqué ni recherché », a insisté Thierry Moungalla.

Procès Jean-Marie Michel Mokoko

Les procès de Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa ont été aussi évoqués au cours de cette interview. Le ministre a expliqué les raisons du retard pris alors qu'ils devaient se tenir au plus tard le 31 mars, tel que l'avait promis le chef de l'Etat, dans son message sur l'état de la nation, le 30 décembre devant le parlement réuni en congrès. « Concernant le ministre Okombi Salissa, l’instruction du dossier se poursuit. Pour le dossier du général Mokoko, vous avez dû entendre le renvoi qui a été effectué vers la cour criminelle, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, sauf s’il exerce un recours, autrement dit la possibilité de demander que ce renvoi soit annulé, dans les quelques semaines qui viendront, le procès du général Mokoko pourra se tenir », a estimé le ministre. « Les deux ans que nous venons de passer s’expliquent par le fait que l’instruction a été à la fois sérieuse de la part du magistrat instructeur et suffisamment ouverte et respectueuse des droits de M. Mokoko, puisqu’il a exercé à chaque étape les garanties que lui fournit la loi », a-t-il justifié.

Même si, selon l’un des avocats du général Mokoko, ce dernier ne peut pas être poursuivi devant les juridictions de droit commun, du fait de son élévation à la dignité de Grand officier de l’Ordre du mérite congolais, Thierry Moungalla pense que « les conditions de son incarcération sont tout à fait normales. Sur le fait qu’il s’agirait d’une infraction politique, le code pénal prévoit l’incrimination d’atteinte à la sécurité intérieure. Il n’y a donc, du point de vue de l’Etat, aucun élément qui justifie cette volonté de décrédibiliser le procès à venir ».

Paulin Makaya s’expliquera devant la Cour criminelle 

Le ministre Thierry Moungalla a également parlé de la situation de Paulin Makaya, un autre opposant politique en prison qui, depuis décembre 2017, a purgé sa peine mais n’a pas encore recouvré la liberté.

« Effectivement, il a purgé sa peine. Mais, il y a aujourd’hui une incrimination qui pèse sur M. Paulin Makaya. En fin décembre 2016, il y a eu une tentative d’évasion dans laquelle il a été impliqué et pour laquelle il a été de nouveau inculpé par le parquet. Dans quelques semaines, il y aura certainement ce procès également. Il sera de nouveau conduit à s’expliquer devant la Cour criminelle », a-t-il annoncé, et d’ajouter, « son avocat le défend. Je comprends qu’il essaie de trouver tous les subterfuges. Simplement, je vous rappelle qu’il y a eu mort d’hommes. Deux agents de la force publique et deux gendarmes en ont trouvé la mort lors de ces événements ».

Malgré toutes sortes d’interprétations faites sur cette affaire, le ministre de la Communication croit qu’un Etat organisé, qui constate des infractions de droit commun, a deux options. « Soit la faiblesse : considérer que tout est dans tout et on peut se permettre de faire que l’Etat se délite. Soit, de poursuivre conformément à la loi. La qualité d’homme politique ne donne aucune immunité pour commettre des crimes ou des délits de droit commun », a-t-il argumenté.

A ceux qui spéculent sur le nombre des opposants politiques en prison qui serait de trop, le ministre a répondu « qu’il y en a des centaines, des milliers d’autres, qui ne sont pas en prison et qui exercent leurs activités d’opposants ».

« Parfait Kolélas n’est pas n’importe qui, il est libre. Tsaty Mabiala à la tête du premier parti de l’opposition, confère les dernières élections législatives, n’est pas n’importe qui non plus. Mme Munari, que vous recevez souvent sur vos antennes, n’est pas n’importe qui. Charles Zacharie Bowao n’est pas n’importe qui. Vous voyez que l’on peut ne pas se limiter à trois exceptions qui confirment une règle. C’est que, au Congo, on est emprisonné quand on commet un crime ou un délit de droit commun », a-t-il rappelé.

Par ailleurs, il a donné quelques informations sur chacun des opposants. « M. Mokoko avait lancé des appels à l’insurrection. Après cette fameuse histoire de vidéo dont tout le monde a entendu parler, il y a eu, un appel public à l’insurrection. Vous voyez que l’on est dans une autre logique. Vous parlez de radicalité. Je crois que, quand vous recevez M. Bowao ou Mme Munari qui ne reconnaissent pas les institutions, ils le disent et ils le proclament tous les jours. Ils ne sont pas poursuivis. Ils sont libres », a soutenu le ministre.

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Yvette Reine Nzaba

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