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Papa Wemba, notre Lumières d’Afrique

Lundi 2 Mai 2016 - 19:30

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Tout ou presque a été dit sur cet homme au grand cœur et au talent incommensurable, il a eu droit aux honneurs dus à son rang et de ce point de vue le peuple et les autorités de Côte d’ivoire se sont montrés à la hauteur en lui accordant à titre posthume la plus grande distinction honorifique et en organisant une soirée grandiose en sa mémoire. Mais il est autant vrai que si Jules Shungu Wembadio, a été au contact d’une multitude de mélomanes, parents, amis et autres professionnels du monde musical, il n’en demeure pas moins vrai que chaque relation établie a conservé son lot d’émotions. C’est ainsi que l’association « Lumières d’Afrique » par cette plume tient à rendre un témoignage sincère sur l’humaniste profond que fût l’étoile qui nous a quittés.

Naturellement, l’artiste nous a interpellés dès les années 70 avec le groupe kinois de référence  Zaïko Langa-Langa et à l’époque ses coéquipiers se nomment Evoloko, Gina, Nyoka Longo, Mavuela et bien d’autres. Qui de notre génération ne se souvient pas avoir esquissé des pas de danse sur des titres tels que  « Chouchouna » et « c’est la vérité » ?

Peut-être par incompatibilité d’humeur ou par modestie, c’est le cœur fendu qu’il quitte la formation musicale dont il est l’un des fondateurs pour aller créer avec d’autres anciens sociétaires, le groupe Isifi Lokolé. Conscient du talent qu’il avait à revendre et peut-être aussi de ce qu’il y avait pléthore de compétences dans ce nouveau groupe, il considère qu’il est temps pour lui de créer son propre groupe qu’il baptisera Viva la Musica de Molokaï  qui a généré tant de musiciens émérites et qu’il a laissé le 24 avril dernier dans un désarroi total suite à son brutal décès.

Nous avons eu un premier contact avec l’artiste à l’occasion de la sortie des « Nouveaux missiles », premier album du groupe Extra-Musica qu’il avait accepté de parrainer en 1996 sans hésitation et sans contrepartie, il avait même gratifié cette soirée somptueuse à l’hôtel PLM Mbamou Palace du play back d’un titre de son album du moment intitulé « Mannequin ».

Une première rencontre qui se passait donc sous de bons augures et prometteur comme on pouvait le prédire, la rencontre suivante se fit en l’an 2000 à l’occasion d’une prestation d’Extra-Musica  au Zénith de Paris, c’est vous dire combien ce parrainage fût salutaire et nombreux se rappellent sa prestation sur cette scène mythique où il interpréta son titre « Mi amor » avec Doudou Copa.

Naturellement cette amitié éprouvée avec au centre un intérêt commun pour l’art orphique nous trouvâmes le temps d’évoquer en 2006, notre concept « Terre sacrée » en lui demandant d’en être à nouveau le parrain ce dont il s’empressa d’accepter le principe et d’interpréter deux titres qui restent pour nous de doux souvenirs car interprétés selon son talent à savoir « Papa Joachim » et « Reconnaissance » Mais l’expérience ne s’arrête pas à ce stade, en 2009, pour la production du deuxième opus de « Lumières d’Afrique » il a accepté avec gaité de paraître dans un featuring du même nom avec des artistes de la jeune génération dont Roga-Roga, Mpassi, Lino Versace et Borosangui, Commando Toxique etc.. Puis un titre formidablement interprété, « Nzété ya bolingo », ce qui se résume en des soirées d’échanges interminables dans les studios d’enregistrement de Paris et Brazzaville,  des campagnes de promotion à Brazzaville et Pointe-Noire et une amitié transformée en fraternité.

Il avait bien compris le message de Lumières d’Afrique qui tend à contribuer à la construction réelle du pont artistique entre les deux Congo et, partant, entre tous les pays d’Afrique, c’est pourquoi il s’y retrouvait et disait n’avoir qu’un seul désir, celui d’apporter sa contribution et comme la musique était toute sa vie, il a fait partie des nôtres. Et c’est peu de dire que c’était un homme au grand cœur car nous pouvons affirmer que toute sa vie n’a été consacrée qu’à la musique et au bonheur qu’elle lui procurait. Papa Wemba ne refusait aucune proposition et donc se prêtait à toutes les expériences et ce que nous devons également retenir de lui, c’est son professionnalisme et en bon maître d’école, il nous aura appris à respecter tout public également, fût-il innombrable ou insignifiant.

Il faut que l’on comprenne bien que ce que l’on a pu considérer comme faiblesse de sa part ne révélait en fait que la force d’un homme d’exception, Vive l’Artiste qui, en allant illuminer nos cieux, prouve à suffisance qu’il appartenait à toute la planète musicale mondiale.

 

 

 

 

Ferréol Constant Patrick GASSACKYS

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Édition Quotidienne (DB)

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