Paradise Paper : la Gécamines s’en prend à ses partenaires étrangers

Mercredi 22 Novembre 2017 - 16:38

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La toute-puissante entreprise étatique minière a accusé, le 20 novembre, par le biais de son président du Conseil d'administration, ses partenaires étrangers de « voler » l’Etat congolais, après avoir été elle-même mise en cause dans deux rapports par des ONG anglo-saxonnes.

De plus en plus, la Générale des carrières et des mines (Gécamines) scrute la meilleure façon de prendre le contrôle de ses ressources manières sans recourir aux partenaires extérieurs qui ne joueraient pas franc jeu. En tout cas, c’est ce qui ressort des propos du président du Conseil d'administration de cette entreprise publique tenus récemment, à Lubumbashi. En fait, Albert Yuma ne faisait qu’exprimer un ressentiment de l'Etat congolais qui voudrait copier l’exemple des pays arabes. Il y a quarante ans, en effet, ces pays s’étaient départis de leurs partenaires extérieurs jusqu’à gérer leur pétrole de manière souveraine.

Pour Albert Yuma, la collaboration avec les partenaires étrangers dans le secteur minier n’est pas porteuse. Ces derniers, a-t-il déclaré, « volent la République démocratique du Congo » (d’après ses propres termes). Le patron de la Gécamines n’a fait que répondre aux allégations de certaines ONG internationales qui ont confirmé l'existence d’une maffia organisée au sein de cette entreprise au profit d’une poignée d’autorités politiques, sans contrepartie pour le personnel sacrifié sur l’autel d’une boulimie excessive.

En juillet dernier, l’ONG britannique Global Witness avait qualifié le secteur minier congolais de « distributeur automatique de billets » pour le régime en place à Kinshasa. Une réalité corroborée, début novembre, par une ONG américaine, le Centre Carter, qui a estimé qu'un total de 750 millions de dollars, générés par la production minière entre 2011 et 2014, n'a pas pu être retracé de « manière fiable » dans la comptabilité de la Gécamines. Une accusation vite balayée par l'administrateur directeur général de la Gécamines qui a assuré que « tout l'argent a été enregistré dans les comptes » de son entreprise. Et d’enchaîner : « Pas un dollar ne manque et l'essentiel de cet argent est parti dans le personnel, dans les investissements et dans le financement de l'Etat congolais ».

Jetant l’anathème sur les partenaires étrangers, Albert Yuma les rend responsables de la situation que connaît aujourd’hui le pays du fait de l'éparpillement des recettes générées par l’exploitation du secteur minier. « L'Etat aurait dû toucher 768 millions de dollars d'impôts. L'Etat a touché zéro parce que nos partenaires se sont toujours arrangés pour que les comptes d'exploitation soient en perte d'année en année », a-t-il avancé. Tout compte fait, les partenaires étrangers n'auront plus une place de choix dans le nouveau mode de gestion qu’entend mettre en place la Gécamines avec le concours du cabinet Ernst&Young. Ce dernier a été chargé de « repenser » l'organisation de la Gécamines pour mieux contrôler les partenariats étrangers. L'enjeu selon lui, pour la RDC, consiste à prendre le contrôle de ses minerais.  

Alain Diasso

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