Parc de Virunga : Emmanuel de Mérode échappe à un attentat

Emmanuel de Mérode, le directeur du parc des Virunga, a failli trépasser le 15 avril à la suite d’une embuscade tendue contre son véhicule par des hommes armés non autrement identifiés sur la route de Mwaro, à environ 28 km au nord de Goma. Le sujet belge qui était seul au volant de sa jeep sans escorte regagnait Rumangabo, la grande base de l’Institut congolais de conservation de la nature (ICCN) du Nord-Kivu. D’après des sources médicales, il aurait été atteint par balle à l’abdomen et au thorax, et sa vie serait hors danger après une intervention chirurgicale efficace. « Il a été opéré et se trouve toujours en soins intensifs », avait déclaré un corps médical de l'hôpital Heal Africa de Goma où la victime avait été transportée peu après son infortune. « Il est lucide, il parle et a remercié les Fardc pour l'avoir secouru ainsi que les médecins qui l'ont sauvé », a pour sa part déclaré le gouverneur du Nord-Kivu qui lui a rendu visite au lendemain du fâcheux incident.

En attendant son éventuelle évacuation pour la Belgique, Emmanuel de Mérode manifesterait des signes de vitalité qui forcent l’espoir quant à sa guérison complète, révèlent plusieurs sources. Les circonstances de cet attentat sont encore loin d’être élucidées. Tout ce que l’on sait, c’est qu’après leur forfait, les criminels se sont volatilisés dans la nature, convaincus d’avoir abattu leur proie. Tous les effets du directeur du parc ont été retrouvés sur le lieu du drame, notamment son téléphone portable. C’est grâce à un commandant des Fardc que le belge a été vite acheminé à Goma pour sa prise en charge. Apprenant la nouvelle, le ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, a souhaité prompt rétablissement à son compatriote et souligné que Bruxelles allait suivre l’enquête de près. Dans la société civile congolaise, des voix s’élèvent pour réclamer l’ouverture immédiate d’une enquête afin d’éclairer ce qu’elle qualifie « d’acte barbare ». Ce à quoi le gouvernement s’attelle d’ores et déjà.

Les associations et syndicats du Nord-Kivu entrevoient la piste d’une attaque ciblée au regard de l’obstination du directeur du parc à empêcher la firme britannique Socco international d’exploiter le pétrole dans le bloc 5 du parc national des Virunga. Et curieusement, cet incident intervient au moment où Emmanuel de Mérode vient de rendre un rapport compromettant sur Soco international plus que jamais déterminée à mener des prospections dans les limites du plus ancien parc d’Afrique. Pour de nombreux observateurs, le coup pourrait vernir de cette firme britannique mais aussi des braconniers et autres groupes armés qui vivent du commerce du charbon de bois et contribuent à la déforestation du parc. Créé en 1925, le parc des Virunga est classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979.