Parlement : Joseph Kabila lance un appel à l’unité et à la cohésion nationale

Lundi 15 Décembre 2014 - 17:45

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Le chef de l’État s’est plié, le 15 décembre, à l’exigence constitutionnelle qui l’astreint à prononcer devant la représentation nationale, à la faveur de la clôture de la session de septembre, un discours sur l’état de la Nation. 

Ouverture des concertations nationales par le Président Kabila le 7/09/2013 à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John BompengoC’est dans un hémicycle du Palais du peuple pris d’assaut par les députés et sénateurs que Joseph Kabila a fait le tour d’horizon de la situation sociopolitique du pays en mettant un point d’honneur sur la nécessité de renforcer la cohésion nationale en fédérant toutes les forces autour de l’idéal de la reconstruction et du développement. Consolider la paix, rendre effective l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, appliquer les recommandations des concertations nationales, accélérer le processus de la décentralisation, appuyer le processus électoral et améliorer les conditions sociales des concitoyens en poursuivant la reconstruction nationale, tels sont les objectifs à la réalisation desquels le gouvernement de cohésion nationale est appelé à s’investir.

Joseph Kabila s’est félicité de l’enracinement de la culture démocratique dans le pays tout en invitant les acteurs politiques à promouvoir les valeurs de la pondération, du respect de l’autre en aguillant leur sens de responsabilité. Sur la même lancée, il a invité le gouvernement à poursuivre le processus de la décentralisation tributaire des projets de lois encore en souffrance dans les deux chambres législatives dont celles portant création de la Caisse nationale de péréquation et fixation des limites des provinces sans oublier la loi portant statut des chefs coutumiers ainsi que celle de la mise en œuvre de la Fonction publique nationale et provinciale.

Joseph Kabila a exhorté le Parlement à parfaire ces lois en accélérant le processus de leur adoption. Sur le plan sécuritaire, il a réitéré son  credo de tout mettre en œuvre pour neutraliser toutes les forces négatives qui écument l’Est du pays lâchant au passage que tous les crimes commis sur les paisibles populations à Beni et ailleurs ne resteront pas impunis. Il a indiqué avoir donné l’ordre aux formes armées de la RDC « de poursuivre le travail de restauration de la paix jusqu’à l’éradication de toutes les forces négatives nationales et étrangères ».

Pas d’injonction de l’extérieur    

Sur le chapitre des élections, le président de la République a fait part de sa volonté de ne pas déroger à ce rituel qui fait partie du jeu démocratique. Il a demandé au Sénat et à l’Assemblée nationale de doter la Céni des lois dont elle a besoin pour organiser les élections conformément aux échéances fixées. Un appui conséquent, a-t-il ajouté, devrait également être apporté à l’Office national d’identification dont l’apport dans l’organisation des scrutins crédibles est très attendue. « Toutes les élections prévues par les lois de la République seront organisées conformément aux dispositions qui seront prises par l’institution compétente pour ce faire, à savoir la Céni », a déclaré Joseph Kabila.

Sur la même lancée, Joseph Kabila s’est interrogé sur le bien-fondé de l’auto invitation des autorités non congolaises dans le débat national en rapport avec les élections. Il s’est insurgé contre la tendance de certains fils du pays à se référer à l’étranger  pour régler des différends à caractère national déniant aux Congolais la capacité, la sagesse et la maturité de solutionner par eux-mêmes leurs problèmes. « Ces comportements des uns et des autres surprennent parce qu’il n’y a pas de crise politique en RDC », a-t-il déclaré en substance ajoutant que si jamais elle survenait, les Congolais trouveront toujours dans leur tradition des voies de sortie par le dialogue. « Ma main a toujours été et reste tendue. Le peuple congolais  n’est pas n’importe quel peuple », a-t-il déclaré, « un peuple jaloux de son indépendance » acquise de haute lutte et qui s’attelle à léguer à la postérité un État uni. Vis-à-vis des partenaires extérieurs, Joseph Kabila a indiqué que les Congolais sont prêts à recevoir d’eux des avis, conseils et suggestions, « mais jamais des injonctions ».

Abordant le chapitre économique, Joseph Kabila a déclaré que la stabilité actuelle du cadre macroéconomique n’est pas suffisante et que l’urgence pour le moment consiste à engager résolument l’État et le secteur privé dans un programme ambitieux de production afin de générer l’emploi. Tout en se félicitant des progrès réalisés dans le domaine minier surtout en ce qui concerne l’exportation du cuivre, le chef de l’État a fait part de son souhait de voir la production minière atteindre le niveau record au terme de l’année en cours de sorte à influer positivement sur sa part de contribution au budget de l’État.

« Congo Airways » en gestation

Sur le plan des infrastructures, le projet d’unification de la Nation par voie routière reste un défi à relever. Déjà, soixante douze villes du pays ont été désenclavées en même temps que se poursuivent les travaux de modernisation et de réhabilitation des routes d’intérêt national, des aéroports, sans oublier les travaux de voirie en cours dans les grands centres urbains. Joseph Kabila qui met une emphase particulière sur le transport multimodal a, par ailleurs, informé de l’acquisition sur fonds propres de trente-huit locomotives dont la livraison est prévue pour 2015. Concernant le transport aérien, il a annoncé la création imminente d’ici 2015 d’une nouvelle compagnie nationale d’aviation « Congo Airways ». Quant au transport urbain, fluvial et lacustre, il a salué les efforts entrepris dans ces secteurs pour faciliter le déplacement des populations.

Concernant le domaine foncier, pourvoyeur de conflits et de procédures judiciaires, Joseph Kabila a plaidé pour que des facilités soient dorénavant accordées aux requérants de sorte à permettre l’accès d’un grand nombre à la propriété foncière. Il a invité le Parlement à initier une loi à cet effet.  Dans le domaine de l’éducation, il a loué la progression en termes de budget affecté à ce secteur (16%) tout en réitérant l’engagement du gouvernement à maintenir cet élan. Il a, par ailleurs, invité à la réflexion collective sur le devenir du système national d’enseignement supérieur, avec à la clé, le choix à faire entre une université de masse et élitiste au moment où le pays a besoin des ressources humaines de qualité, ou mieux des techniciens de niveau supérieur. Un rééquilibrage est nécessaire. Ce qui, a-t-il dit, impose une orientation des jeunes dans le choix de leur filière de formation. Parlant de la parité, Joseph Kabila s’est soucié de la faible représentation de la femme dans les institutions et a invité le Parlement, le gouvernement, les partis politiques à prendre des dispositions pour que ce hiatus soit corrigé.    

Abordant le chapitre de la diplomatie, le président de la République s’est attardé sur l’avenir de la Monusco dont le maintien du contingent sur le sol congolais ne se justifie plus dans un pays où il n’y a plus de guerre classique et où la protection des civils relève maintenant du ressort des opérations de police en plus de l’amélioration de la situation militaire. Il a demandé à la mission onusienne d’amorcer le processus de réduction des effectifs des casques bleus sur le territoire national.

C’est sur une note d’espoir qu’il a clos son intervention en disant que la RDC a quitté la zone du désespoir, étant entendu que les fondamentaux pour une croissance encore plus forte sont en place. « L’État de la Nation congolaise est globalement bon », a-t-il conclu. Il a terminé par lancer un appel solennel à l’unité et à la cohésion nationale.            

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le président Joseph Kabila