Partenariat politique : la majorité présidentielle courtise l’opposition représentée au gouvernement

Mardi 15 Mai 2018 - 17:10

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Le deal à passer entre les deux parties consisterait, pour les opposants membres de l'exécutif, à soutenir le candidat de la famille politique du chef de l'Etat à la présidentielle de décembre.

La nomination de Bruno Tshibala comme Premier ministre, à la faveur de l'accord de la Saint-Sylvestre (31 décembre 2016) et, avec lui, une kyrielle d’opposants promus à divers postes ministériels, n’était pas du goût d’une certaine opinion qui y avait vu l’ombre d’une trahison. Issu du Rassemblement, une plate-forme qui avait plutôt jeté son dévolu sur Félix Tshisekedi, Bruno Tshibala s’est résolu de se démarquer de ses pairs de Limete pour convoler avec une majorité présidentielle qui avait besoin de sa caution en tant qu’opposant pour se crédibiliser. Dans la foulée, le Premier ministre avait réussi à embarquer dans son équipée un groupe d’opposants qui fut vite gratifié de juteux postes ministériels. Aujourd’hui, ces ministres ont du mal à assumer leur statut d’opposants, parce qu’obligés d’accompagner et de soutenir la vision du chef de l’Etat telle que matérialisée par le gouvernement que conduit Bruno Tshibala.

Dans l’imaginaire collective, les opposants prenant part au gouvernement passent pour des éléments additifs d’une majorité présidentielle (MP) élargie. José Makila, Jean Lucien Bussa, Thomas Luhaka, Lisanga Bonganga, Emery Okundji, Bitakwira et autres se font désormais le relais des thèses de la MP. Plusieurs d’entre eux sont curieusement devenus des chantres de la « Kabilie », créant une confusion dans le chef de leurs partisans qui ne savent plus sur quel pied danser. Il n’est un secret pour personne que les opposants œuvrant au sein du gouvernement font l’objet d’une cour assidue de la MP qui cherche à les intégrer comme membres à part entière de la plate-forme présidentielle. Lors de la dernière rencontre à Kingakati, entre Joseph Kabila et les délégués des partis et regroupements politiques affiliés à la MP, la possibilité d’une alliance plus large avec les opposants prestant au sein de l'exécutif national a été envisagée. Une option qui tend à se concrétiser.

La MP aurait déjà l'accord de principe de ses futurs alliés

Il est fait état des tractations entre la MP et ces opposants en vue de la constitution d’une éventuelle coalition électorale. D’après certaines indiscrétions, le groupe d'opposants faisant partie du gouvernement aurait déjà donné son accord de principe pour un partenariat avec la MP, quitte à régler certains détails. « Le chef de l’État a déjà obtenu l’accord de principe de principaux cadres de l’opposition qui sont au gouvernement. Les négociations formelles pour finaliser le partenariat vont débuter sous peu », a révélé une source gouvernementale, sous le sceau de l’anonymat. Ce qui se tramait en dessous des tables est actuellement mis sur la place publique. Les concernés, eux, ne s’offusquent guère et confirment plutôt ce qui n'était hier qu’une simple rumeur.

A en croire Jean Pierre Lisanga Bonganga, ministre en charge des Relations avec le parlement, la proposition de la MP devrait préalablement faire l’objet des discussions en interne entre le Premier ministre et les opposants membres du gouvernement. Selon certaines indiscrétions, il appert que ces derniers refuseraient d’être dilués dans la MP comme membres à part entière et plaideraient plutôt pour un partenariat du type MP-Parti lumumbiste unifié où ils sont censés garder une marge de manœuvre en tant qu’alliés. Reste à savoir si l’autorité morale de la MP voit les choses de cette manière.  

Qu’à cela ne tienne. Le deal à passer entre les deux parties est tout simple. Il consisterait, pour les opposants membres du gouvernement, à soutenir le candidat MP à la présidentielle. En cas de victoire de celui-ci, ils seront rétribués en fonction du nombre des députés qu’ils auront à l’issue des élections générales en décembre. Si jamais ce deal se concrétisait, il est un fait que le gouvernement dit de coalition deviendrait sans objet, puisque devant se passer de la caution que lui apportait l’opposition. Ce qui justifierait un réaménagement du gouvernement Tshibala avec l’entrée de nouvelles têtes que la MP pourrait « débaucher » éventuellement dans une opposition toujours émiettée où des politiques de conviction continuent à se compter au bout des doigts.         

 

 

 

Alain Diasso

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