Partenariat politique: l’alliance Palu et la majorité présidentielle vole en éclats

Jeudi 4 Octobre 2018 - 16:30

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En réaffirmant leur autonomie, le parti d’Antoine Gizenga et ses alliés se désolidarisent de la famille politique présidentielle, retirant du coup leur « soutien inconditionnel » au candidat choisi par le chef de l’Etat pour la présidence de la République.

 

La formation politique du patriarche Antoine Gizenga Fundji, le Parti lumumbiste unifié (Palu), est monté au créneau pour dénoncer le traitement que ses alliés d’hier et d’aujourd’hui font subir à son leader. Comme réaction et sanction, ce parti d'obédience socialiste décide de mettre un terme à l’alliance formée avec ceux qu’ils considèrent désormais comme « les bourreaux » de son secrétaire général.

On se rappellera, en effet, que l’ancien Premier ministre, Antoine Gizenga, a été écarté de la liste des candidats à la présidence de la République pour les élections attendues au mois de décembre. La Centrale électorale a jugé sa candidature irrecevable et la Cour constitutionnelle a confirmé cette décision. Les deux institutions ont argué que le formulaire du candidat avait été signé par une personne non habilitée.

Le regroupement politique Palu et alliés, qui avait présenté la candidature d'Antoine Gizenga, s’est donc vu offusqué par ces décisions. Aussi a-t-il carrément décidé de rompre l'alliance formée avec les autres partis de la majorité présidentielle (MP). « Le Conseil national demande aux militants, les militants du Parti lumumbiste unifié et des partis alliés, de rester unis, mobilisés et de s’abstenir de prêter oreille aux discours démobilisateurs d’où qu’ils viennent. Le regroupement Palu et alliés réaffirme son autonomie et son indépendance dans son engagement politique pour le triomphe », a martelé le deuxième vice-président de ce regroupement, le député national Henri Thomas Lokondo. Il a ainsi rappelé, le 3 octobre, l’autonomie qui les caractérise dans leurs engagements politiques, afin de gagner les prochaines élections.

Déjà, en janvier dernier et même bien plus avant, l’alliance scellée entre le Palu et la MP tendait vers une fin qui annonçait ses couleurs depuis des mois, voire des années. De plus en plus fragile avec le temps qui court et l’incertitude des jours à venir, le lien qui attachait les deux tourtereaux aux noces de 2006 et 2011 ne tenait plus qu’à un câble.

Après les sorties médiatiques de l’ancien Premier ministre (octobre 2008-mars 2012) et secrétaire permanent adjoint du Palu, Adolphe Muzito, qui critiquait ouvertement l’action des gouvernements de ces dernières années et la gestion de la crise économique qui prenait son envol dès 2015, c’est le patriarche Antoine Gizenga en personne qui était monté au créneau, profitant de son message de vœux pour faire le point. Le patriarche avait évoqué la méfiance de certains partenaires, parties prenantes à l’Accord de la Saint-Sylvestre, particulièrement ceux de l’opposition, envers la tripartite Céni-Gouvernement-Conseil national de suivi de l’accord chargé d’évaluer le processus électoral. Il avait sollicité, d’urgence, la convocation d’un cadre de concertation en vue d’obtenir des engagements « fermes » pour le respect du calendrier publié par la Céni. « Le peuple congolais n’a que trop attendu », avait-il dit. Cela pourrait être la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase, sonnant les glas de l'alliance.

La fin d’une époque

Du coup, l’on se remémore cette position affirmée par certains autres hauts cadres de ce parti, le Palu, qui leur a valu, à un moment, des sanctions de la part de leur hiérarchie, soit. Avec cette rupture « plus ou moins officielle » (car dans ce genre de réactions, le parti d’Antoine Gizenga a livré à l’opinion, dans le passé, plusieurs spectacles déjà), les chemins du Palu et d’autres formations dont le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie se sont séparés. Ce qui marque un autre temps dans l’histoire politique du Congo-Kinshasa.

Cette décision, note-t-on, est consécutive à la réunion extraordinaire tenue le 26 septembre dernier sur la situation générale du pays et l’évaluation du processus électoral en cours. Un autre point fort de cette déclaration avait trait à la machine à voter, au centre de la controverse au sein de l’opinion. Le regroupement Palu et alliés a, en effet, dit constater qu'il n’y avait pas consensus au sein de la classe politique. Aussi appelait-il à la résolution des points de divergence en vue des élections crédibles et transparentes.

Le regroupement Palu et alliés recommande ainsi à la Centrale électorale de poursuivre les échanges avec différentes parties prenantes, afin de rassurer tout le monde. Il considère ce dialogue comme un gage pour la tenue d’élections crédibles et transparentes dans le pays.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabila et Antoine Gizenga en 2006, lors des moments heureux de l'alliance Palu-MP

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