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Pas même le pape?

Lundi 18 Novembre 2019 - 10:47

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Le constat saute aux yeux : il n’y a personne pour convaincre les dirigeants sud-soudanais d’aider leur pays à se relever de la crise politico-militaire qui le déchire depuis quatre ans. Il n’y a personne, même pas le Saint-Père qui, heureusement, y croit encore puisqu’il envisage de se rendre dans le plus jeune Etat du monde si, dans un délai raisonnable de trois mois, les nouvelles en provenance de Djouba se révèlent être bonnes. Cette échéance est l’ultime engagement pris par les parties au conflit de rapprocher leurs vues à travers la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dans les cent prochains jours.

Le problème est que depuis quatre ans, Salva Kiir Mayardit et Rieck Machar, respectivement président de la République et vice-président (avant qu’il ne soit évincé par le premier en 2015), s’affrontent sur le terrain militaire pour le contrôle du pouvoir. Ils avaient vécu le grand amour les quatre premières années de l’indépendance de leur pays avant de se brouiller pour longtemps. On ne compte pas le nombre d’accords de paix qu’ils ont signés ni les rounds des pourparlers au cours desquels tous les deux ont renouvelé sur papier leur volonté de se réconcilier sans jamais y parvenir.

Il reste que le 10 avril dernier, quelque chose a fait dire aux deux frères ennemis que le Vatican pouvait être une terre de bénédictions pour tous les Sud-Soudanais. Ils s’y étaient rendus et purent bénéficier de l’hospitalité du souverain pontife. Disons que le pape François a prononcé à leur endroit plus que la simple exhortation de mettre un peu d’eau dans leur vin. Il s’était humilié pour la paix en s’agenouillant à leurs pieds qu’il avait embrassés. Par sa profondeur et son intensité, l’image de cette audience mémorable peut être considérée comme la meilleure de l’année 2019 en matière de plaidoyer pour la paix.

On a bien compris que les intérêts des acteurs soudanais n’ont que faire de cette approche papale de la réconciliation nationale. La charge émotionnelle qu’elle a produite chez ces derniers qui sur place donnaient à penser qu’ils entérineraient pour de bon les sollicitations de l’homme d’église n’a donc été que factice. Tel est, en tout état de cause, le sentiment que prodiguent les tergiversations des principaux protagonistes de la crise sud-soudanaise à l’heure où, arrivée presque au bout de sa patience, la communauté internationale veut les voir arrêter de prendre leur pays en otage.

Entre nous, quatre ans de guerre civile pour un pays dont l’indépendance n’est que vieille de seulement huit années ne peuvent pas être une gloire pour les dirigeants qui ont la charge d’assurer le bonheur de leurs compatriotes.

Gankama N'Siah

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