Pédophilie : le Vatican prend acte des critiques, mais réfute les insinuations

Jeudi 6 Février 2014 - 15:56

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Le Saint-Siège indique qu’il va étudier attentivement le rapport de l’ONU et prendra des mesures, mais toujours en conformité avec la doctrine catholique

Dont acte. C’est ainsi que se résume la réponse du Saint-Siège à la mise en cause formulée contre lui par le Comité des droits de l’Enfant de l’ONU. Son rapport incrimine fortement la hiérarchie catholique pour avoir tu ou même couvert pendant longtemps les actes de pédophilie des prêtres. Mais cette réponse est assortie d’observations qui entendent souligner qu’en aucun cas le Saint-Siège ne s’est comporté de manière volontairement délictueuse dans cette affaire. Tout en se réservant d’étudier les conclusions du rapport de l’ONU, le Saint-Siège en souligne les lacunes manifestes.

Tout en réaffirmant « son engagement en faveur de la défense et de la protection des enfants, en droite ligne avec les principes de la Convention sur les droits de l’enfant et selon les valeurs morales et religieuses contenues dans la doctrine catholique », le Saint-Siège note par exemple que le rapport n’a pas pris en compte les avancées accomplies jusqu’ici. Car, non seulement depuis 2000 tous les cas avérés de pédophilie ont occasionné de sévères sanctions sur les coupables, mais encore l’actuel pape, en créant une commission de 8 cardinaux-conseillers, a adopté l’attitude de tolérance zéro.

Le Vatican n’a donc pas couvert les cas d’abus, réaffirment les officiels de l’Église, même si, préférant les canaux de la discrétion, il a pu en donner l’air. Ou que dans certains cas, toujours nombreux, des évêques aient fait la sourde oreille. Pour Mgr Silvano Tomasi, représentant du Saint-Siège à Genève, le rapport de la commission onusienne semble « avoir été écrit avant ; il ne reflète pas la contribution et la clarté de ce qui s’était déroulé » le 16 janvier dernier, lors d’une session précédente de la Commission à Genève. Il y avait été question déjà des mêmes accusations auxquelles le Vatican avait fait face avec la même « clarté ».

Très médiatique, cette affaire ne semble toucher les médias occidentaux que par l’aspect « abus sexuels sur des mineurs commis par des prêtres ». Pourtant la Commission a embrassé du regard un ensemble de situations dans lesquelles le sort des enfants n’est pas mis en avant. Si le Vatican s’est fortement insurgé contre les attaques contre sa position sur l’avortement, l’euthanasie et les unions homosexuelles (et les adoptions éventuelles d’enfants par des parents homosexuels) les qualifiant « d’interférences », le rapport attire aussi l’attention sur la situation des enfants nés de prêtres ou de religieuses et contraints de vivre une vie de semi-anonymat. L’ONU recommande que l’Église catholique réfléchisse à leurs conditions et répare les injustices.

Lucien Mpama