Perspectives économiques : l’émergence viendra-t-elle des mines ?

Lundi 15 Décembre 2014 - 19:22

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Devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, le président de la République, Joseph Kabila, s’est étendu quelque peu sur la part des mines dans le défi de l'émergence de la RDC, avec une hausse projetée de plus de 50% de la production du cuivre.

 Joseph Kabila est revenu, une fois encore, sur la nécessité de promouvoir une industrie de transformation capable d’accompagner les activités minières en RDC, avec l’entrée en production prochaine de plusieurs sociétés qui ont investi des millions de dollars américains en exploration au cours de la dernière décennie . Le pays se doit de réduire autant que possible la sortie des concentrés miniers en s’efforçant de les transformer sur place pour assurer au pays une valeur ajoutée et un meilleur impact sur l'économie. L’idéal est de tout faire sur place pour augmenter la valeur des minerais. D’ailleurs, le gouvernement central avait en son temps interdit toute exportation de concentré minier, une mesure qui aurait dû être de stricte application depuis des années en raison d’un moratoire établi en 2007. Dans le Katanga, c’est le gouvernorat qui avait levé le ton en exigeant aux opérateurs miniers de la province cuprifère de construire des usines métalliques sur place pour produire le cuivre brut et d’autres métaux.

Mais qu’en est-il sur le terrain ? C’est la grande question. Pour la RDC, le défi est énorme mais pas impossible. En effet, le plus grand obstacle à la construction de ces usines de transformation est davantage lié au déficit énergétique, comme l'explique le gouvernement lui-même. Il s’agit d’un problème préoccupant notamment dans le Katanga où des projections sérieuses recommandent un meilleur accès à l'énergie électrique des miniers pour espérer faire la transformation sur place. Et Inga III reste un projet de grande importance car il est question également d'acheminer une partie de sa production vers le secteur minier. L’on estime la part des industries extractives à la croissance économique de la RDC à environ 20%, et la valeur ajoutée du secteur minier s’est accrue de 10% en moyenne entre 2010 et 2013. Pour s’en convaincre, le cuivre produit en RDC a connu un bond de 52% en 2013, et forcément cela a permis de compenser la baisse des cours de 7,4% au cours de la même année. Il s'agit d'une tendance à la hausse plus générale, notamment 56% pour l’or et 18% pour le zinc.

Toutefois, de plus en plus d’acteurs parlent d'une contribution faible du secteur minier aux recettes de l’État. selon eux, les gros intérêts souvent cachés bloquent la révision du Code minier depuis le démarrage du processus depuis une année en collaboration avec les miniers et la société civile. Plusieurs partenaires au développement ont demandé au gouvernement de parachever cette réforme et de reprendre l’initiative dans un secteur stratégique. En effet, depuis 2006, la hausse des cours des matières premières a stimulé les investissements directs étrangers et a carrément doublé les productions minières. Les exportations minières ont doublé. Le cuivre a représenté 63% de ces exportations en 2013. Actuellement, les mines représentent le seul secteur capable de générer suffisamment de ressources pour permettre au gouvernement d'émettre en oeuvre des programmes efficaces de relance d’autres secteurs productifs, notamment l’agriculture. Les partenaires au développement privilégient ce schéma pour accélérer le développement économique de la RDC et maintenir des taux de croissance positifs sur une période suffisamment longue pour atteindre l’émergence.

Laurent Essolomwa