Perspectives économiques régionales : une donne mondiale inquiétante pour la croissance africaine

Samedi 26 Avril 2014 - 15:30

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Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) a fait état de l’affaiblissement progressif des facteurs favorables ayant soutenu la bonne santé de l’économie de la région subsaharienne au cours des dernières années.

 Le document a épinglé notamment la reconfiguration de la demande mondiale et de la croissance de certains grands pays émergents qui a pour conséquence de faire baisser les prix des produits de base. Ensuite, selon le FMI, le resserrement des conditions financières mondiales contribuera aussi à l’accroissement des coûts de financement pour de nombreux pays. Au regard de cette donne mondiale, les tendances, si elles se confirment dans la durée, conduiront inéluctablement à un ralentissement de la croissance africaine dans un grand nombre de pays de la région.

Toutefois, pour l’heure, l’économie africaine semble bien se porter, avec une projection revue à la hausse de la croissance qui passera à un peu plus de 5% en 2014, contre 4,9% en 2013. L’élément déterminant de cette hausse est l’impact des niveaux élevés d’investissement dans les infrastructures et les activités minières. Même pour les pays à faible revenu de la région, le rapport du FMI a annoncé des taux de croissance approchant les 7% en 2014. Pour faire face aux enjeux futurs, les pays de la région devront concentrer leurs efforts sur le maintien de la stabilité macroéconomique. Cette dernière a été d’un précieux concours pour alimenter la croissance forte de ces dernières années. Malgré tout, il persiste des déficits budgétaires très élevés au regard du niveau important des investissements publics financés en partie par des prêts concessionnels.

Mais actuellement, les prix des produits de base restent encore élevés. Comme l’a fait remarquer l’institution financière internationale, il y a aussi des cas où les déficits publics se sont creusés après une augmentation des dépenses courantes. Se voulant optimiste, le FMI a relativisé la situation en parlant des effets limités de ces « influences négatives » sur l’activité de la plupart des pays de la région. Pour autant, cette réaction n’est pas une invitation à relâcher les efforts, a-t-il mis en garde. Les prochains défis devront nécessairement tourner autour de la réduction des déficits publics grâce à une mobilisation accrue des recettes. Il convient aussi de continuer à sauvegarder la stabilité du cadre macroéconomique. Certains pays en situation d’instabilité permanente comme la République Centrafricaine et le Sud Soudan devront attacher une attention particulière au retour de la paix et de la stabilité. Un constat s’est dégagé.

Certes, dans la plupart des pays, la croissance vigoureuse de ces dernières années a eu pour effet d’améliorer les indicateurs de développement et de faire reculer la pauvreté. Pourtant, il ne s’agirait pas d’une relation de cause à effet automatique. Dans certains cas, a martelé le FMI, notamment celui du Mozambique, sa croissance a été aussi rapide que le Vietnam mais n’a pas fait reculer la pauvreté comme dans ce pays asiatique. En effet, la baisse de la pauvreté a été plus marquée au Vietnam. Pour l'explication, le Vietnam a connu une croissance soutenue tirée essentiellement par le secteur manufacturé, secteur réputé à forte intensité de main d’œuvre et la productivité agricole.

Laurent Essolomwa