Pisciculture : Marceline, une cheffe de file atypique

Jeudi 12 Novembre 2020 - 18:25

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Activité principalement exercée par les hommes, la pisciculture attire de plus en plus de femmes à Madingou, non plus comme un moyen de subsistance, mais plutôt comme une activité commerciale à part entière. Boutsolo Ngounga Marceline, la quarantaine, en a fait sa profession et ne jure que sur le tilapia, son poisson fétiche.

Ongles abimés, mains rêches et pleines de gerçures, odeur de poissons imprégnés sur les vêtements, piqûres d’insectes, Marceline est vaccinée contre toutes ces contraintes car l’essentiel, pour elle, est d’obtenir du bon poisson. « On passe beaucoup de temps dans nos étangs. Mais tout métier exige quelques sacrifices, mais cela ne veut aucunement dire qu’on perd notre féminité », a lancé d’emblée Marceline du groupement Mikaya Tendé Développement. 

La pisciculture est un métier qui exige bravoure et concentration, ce qui laisse peu de temps à ces « poissonneuses » de prendre soin d’elles. « C’est un travail fastidieux qui exige beaucoup d’attention et de finesse. Avant d’obtenir du beau poisson, il faut en amont plusieurs étapes qui ne sont pas nécessairement glamours », a informé Boutsolo qui dit être,  depuis quelque temps, l’objet de toutes sortes de remarques de la part de certaines femmes.

Mais au diable, toutes ces railleries et remarques malveillantes. Marceline a suivi une formation grâce au projet de renforcement des capacités des acteurs de la filière piscicole (Récafif) financé par l’Union européenne. Elle envisage dans les prochains jours d’en faire son unique activité. «Quand j’ai commencé avec la pisciculture il y a peu, c’était comme de l’amusement. Mais à notre première vente, j’ai vu combien cette activité était rentable. Un kilo de poisson est parfois vendu à 1500 FCFA ou plus. Imaginez si vous avez une tonne », a fait remarquer cette dernière qui possède un étang de barrage de 50 m2 et deux étangs de service, dans le village Nkosso à Mouyondzi, où elle se retrouve tous les week-ends. « La pisciculture occupe désormais une grande place dans ma vie. Chaque week-end, je me rends à Mouyondzi pour surveiller mes activités, mais aussi transmettre ce que j’ai appris », a fait savoir Marceline qui est convaincue que la promotion et le développement de la pisciculture sont essentiels car celle-ci, dit-elle, « contribuera sans aucun doute à la création d’emplois durable à travers la valorisation de ressources locales ». Pour que cela devienne une réalité, elle souhaite que d’autres femmes bénéficient de cette formation, afin qu'elles soient mieux outillées. « Cette formation m’a été bénéfique. Grâce à elle, j’ai désormais du poisson frais à ma table. Et quand j’en vends, je peux prendre soin de ma famille, ce qui fait que depuis un moment, je forme aussi mes enfants, même ceux qui sont à l’université.  Avec la pisciculture, ils ont un travail à portée de main ».

Notons que trois cents ménages agricoles vulnérables des départements du Pool, de la Bouenza et de la Lékoumou et trente-cinq organisations vont bénéficier du projet Récafip 2. Ce projet a pour but de diversifier l’économie à travers la valorisation de la pisciculture comme activité créative d’emploi, développer une pisciculture agro-écologique familiale visant le marché de consommation, a informé Daouda Bambara formateur et chef du projet qui encourage les femmes à rejoindre l’univers de la pisciculture.

Une initiative très bien accueillie à Madingou comme l’a indiqué Boutsolo qui s’inquiète cependant des difficultés liées à l’accessibilité des terres. « il est souhaitable que nos autorités règlent ce conflit car l’inaccessibilité des terres freine le développement à grande échelle de ce secteur et ralentit le processus de lutte contre la pauvreté », a noté cette dernière qui reste toutefois enthousiaste quant à l’avenir.

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Boutsolo Ngounga Marceline en pleine activité/DR

Notification: 

Non