PME et PMI : des "pratiques fallacieuses" à l'origine du découragement des investisseurs nationaux

Lundi 29 Juillet 2013 - 17:57

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     La prédominance des capitaux étrangers aurait-elle pour origine une concurrence déloyale ? Convaincus de l'existence d'une "discrimination des nationaux", notamment sur le marché bancaire, les experts ont lancé le débat et demandé aux pouvoirs publics de restaurer une compétitivité saine, condition de l'émergence d'une classe moyenne en RDC. 

Dans sa dernière livraison, le magazine économique « Entreprendre » a dénoncé une « maffia » très active qui tue les entreprises. Mais sa réflexion ne s'est pas limitée pas sur cette seule interrogation. Il a poussé le bouchon encore plus loin à travers un autre titre sans équivoque : « Qui discrimine les Congolais dans les affaires ? ». Simple cogitation ou profond malaise qui règne dans le monde des affaires, cette série d’articles a suscité un vrai débat. En effet, les plus gros investisseurs actuels en RDC sont de nationalités indienne, britannique et américaine (source : Agence nationale d’investissements). Les investissements directs étrangers ont représenté et continuent d'ailleurs de représenter la catégorie la plus importante. Une autre source approchée cette fois à la ville de KInshasa n’a pas manqué de certifier que le secteur industriel est aujourd’hui entre les mains des étrangers.

Pour autant, et c’est tant mieux, le magazine n’a pas versé dans une simple comparaison numérique ou une réflexion très passionnée mais il s’est attelé aussi à cerner des enjeux souvent minimisés mais qui expliquent les frustrations des acteurs nationaux. Par exemple, l’accès au crédit constitue l’une des grosses contraintes. La condition pour une participation accrue des nationaux passe par des crédits aux  petites et moyennes entreprises(PME) et petites et moyennes industries (PMI) congolaises. Or, a révélé Entreprendre, des pratiques fallacieuses sont mises au grand jour et devraient interpeller les pouvoirs publics. «Cette pratique prendrait des racines et se consoliderait actuellement dans les milieux des groupes d’entreprises dirigées par des expatriés, particulièrement ceux qui disposent des banques». Le magazine a décelé un mode opératoire. « Cette situation se traduit soit par l’entrée d’office dans le capital de l’entreprise, soit par le rachat car le propriétaire du projet se sentant incapable de le poursuivre suite aux difficultés financières». Ainsi les entreprises sont rachetées dans des circonstances floues et très souvent sans moyens d’actions des pouvoirs publics.

Le niveau élevé de découragement dans les rangs des acteurs nationaux est à la hauteur du drame qui se joue dans ce secteur. Sur un ton alarmiste, Entreprendre a déploré la dépossession sous des motifs fallacieux des propriétaires des entreprises. Selon lui, la liste des entreprises englouties par la magie des concurrents à bras longs ne fait que s’allonger. Il s’agit ni plus ni moins d’un conflit d’intérêt grandissant entre opérateurs économiques souvent concurrents, a-t-il martelé. Tout peut se résumer dans une détermination à élargir la sphère d’activités et à embrasser des secteurs comme les banques, l’industrie, les nouvelles technologies et les services, a-t-il ajouté.

Le niveau d’essoufflement du secteur industriel doit nécessairement inquiéter d’autant que l’on est passé de 1800 à 110 industries en l’espace de trente ans, soit de 1980 à 2012. Actuellement, l’on estime qu’au moins 4 milliards de dollars américains seraient rapatriés annuellement dans le cadre des transferts des bénéficies. Les secteurs des mines et des télécommunications qui tirent la croissance congolaise sont dominés par les capitaux étrangers. Dès lors, le gouvernement cherche à resserrer son emprise sur les mouvements des capitaux mais les résultats ne seront guère reluisants sans une politique de relance de l’industrie locale. En dehors de la pression fiscale, des infrastructures et de l’amélioration du climat des affaires pour ramener la compétitivité, l’autre grand défi et non des moindres sera de trouver les financements nécessaires car les capitaux bancaires disponibles sont estimés actuellement à 20 milliards de dollars américains et les taux d’intérêt sont hors de portée pour la majorité des opérateurs locaux.   

Laurent Essolomwa