Pointe-Noire : le séminaire inter-municipalités sur la lutte contre l’exclusion sociale des enfants de la rue, a atteint ses objectifs

Jeudi 6 Février 2014 - 18:45

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C’est ce qu’a estimé Émilienne Raoul, ministre des Affaires sociales et de la Solidarité, ainsi que les organisateurs et participants à cette activité des pouvoirs publics d’Afrique francophone, qui s’est déroulée du 29 au 30 janvier dans la capitale économique. Des recommandations ont été faites au terme de l’activité

L’activité était organisée par la municipalité de Pointe-Noire et le Samusocial international, avec la participation de l’Association internationale des maires francophones (AIMF) et en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD), l’Union européenne et la Délégation de coopération internationale monégasque. Elle s’est tenue sur le thème : « Enfants de la rue : les villes d’Afrique francophone se mobilisent pour lutter contre l’exclusion sociale ». Ouverts par Raymond Mboulou, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, les travaux de ce séminaire ont été clôturés par Émilienne Raoul, en présence d’Anatole Collinet Makosso, ministre de la Jeunesse et de l’Instruction civique, du docteur Xavier Emmanuelli, ministre président fondateur du Samusocial international, de Roland Bouiti Viaudo, maire de la ville et président du Samusocial de Pointe-Noire, et Pierre Baillet, secrétaire permanent de l’AIMF.

Exposés, table ronde, débats et visite du Centre d'hébergement d'urgence du Samusocial de Pointe-Noire, ont marqué ce séminaire qui a réuni les mairies de Brazzaville, Dolisie, Bamako, Kinshasa, Ouagadougou, Dakar, Bangui, ainsi que les responsables des Samu sociaux de ces grandes villes. Le séminaire a consisté en des échanges sur le phénomène d’exclusion sociale des enfants de la rue et en une réflexion sur les mécanismes devant contribuer à lutter contre ce phénomène. Occasionnée par l’urbanisation incontrôlable des villes africaines, cette problématique ne cesse de prendre de l’ampleur. Elle est causée par la fragilisation du tissu familial pour diverses raisons. En rupture quasiment permanente avec leurs familles, les enfants de la rue sont livrés à eux-mêmes, sans protection et repères familiaux, s’exposant aux violences de toutes sortes (exploitation sexuelle, économique). Ils font souvent l’objet de stigmatisation. Le cas de la République démocratique du Congo a été évoqué, où il y a des enfants soldats, des enfants dits « sorciers » victimes de l’Église ainsi que des enfants exploités par les marabouts.  

Concertation, coordination et intégration : trois choses à retenir du séminaire

L’exclusion sociale des enfants de la rue préoccupe de plus en plus les pouvoirs publics d’Afrique francophone, les ONG et associations qui sont malheureusement souvent freinés dans leurs actions en raison du manque de moyens, de ressources et de qualification. Néanmoins, l’on a noté des avancées et perspectives des collaborations entre le secteur associatif et les politiques municipales en faveur des enfants et des jeunes de la rue. Quelques initiatives prometteuses sont menées dans certaines villes. C'est le cas de Bamako, avec la mise en place d’un cadre de concertation  réunissant les associations qui s’occupent des enfants de la rue, dont le Samu social, les services de la municipalité et les services déconcentrés de l’Etat. Il y a aussi le partenariat institutionnel entre la municipalité et le Samu social mis en place à Pointe-Noire, initiative qui a été beaucoup saluée et encouragée.

Le séminaire inter-municipalités entend contribuer au développement et à la visibilité des synergies locales, public-privé de lutte contre l’exclusion sociale en milieu urbain et favoriser les dynamiques de coopération entre des métropoles africaines sur la problématique des enfants et jeunes de la rue. Il a permis de mutualiser les expériences des municipalités et des Samu sociaux en termes de lutte contre l’exclusion sociale en milieu urbain.

Concertation, coordination et intégration sont, selon Émilienne Raoul, les trois choses qu’il faut retenir des travaux de ce séminaire. « La concertation car lorsqu’on a bien défini et déterminé le problème nous devons être ensemble pour en parler. La coordination surtout opérationnelle au niveau des pouvoirs publics, collectivités locales, ONG et société civile. La coordination nous amène à travailler ensemble sur le terrain. L’intégration sociale, économique, c’est notre finalité parce que ces enfants en situation de rue doivent devenir des pères et mères de familles bien intégrés dans la société. C’est à nous travailleurs sociaux, ONG et associations de les emmener vers cette intégration sociale et économique pour que ces jeunes deviennent des personnes autonomes et participent au développement de leur pays », a expliqué la ministre.

Du fait que l’exclusion sociale ne concerne pas seulement les enfants de la rue, la ministre a suggéré qu’à l’avenir, on parle aussi de l’exclusion sociale des personnes du troisième âge, phénomène qui devient un problème dans les villes africaines. « C’est une urgence sociale. Il faut les aider et aider aussi les associations qui travaillent dans ce sens », a-t-elle souhaité.

Des recommandations pour une action plus efficace

Le séminaire s’est achevé par un débat qui a abouti à plusieurs recommandations, à savoir : améliorer la répartition des rôles et le transfert des compétences dans le cadre des processus de décentralisation ; dupliquer les expériences réussies de délégation de missions de service public aux acteurs de la société civile ; anticiper la réflexion pour la prise en charge des jeunes adultes (> 18 ans) ; bénéficier des échanges internationaux pour valoriser les savoirs, savoir-faire extérieurs (non-francophones) aux pays ; favoriser le lien entre la prise en charge immédiate des urgences sociales et l’insertion/réinsertion ; pérenniser les actions entreprises par la société civile ; envisager un événement technique sur les cadres de concertation ; organiser une rencontre technique avec les autorités centrales sur l’exclusion sociale (comportements, troubles cliniques, savoir-être)...

Evoquant les faits marquant de ce séminaire, Marie Chuberre, directrice du Samusocial international a évoqué la mobilisation des ministres qui ont prit part à l’activité, la participation des représentants  de plusieurs municipalités et la richesse des débats. « C’est au délà de ce que nous avons prévu au départ » a-t-elle confié satisfaite, indiquant que l’activité trouve son origine sur une proposition de Roland Bouiti Viaudo : « L’idée originelle était de faire un séminaire sur la problématique transfrontalière des enfants et jeunes de la rue entre les municipalités de Pointe-Noire, Brazzaville et Kinshasa. Très vite nous avons vu l’intérêt qu’il y avait à l’élargir à toutes les municipalités en particulier  celles de l’Afrique de l’Ouest où sont présentent les samusociaux.» 

 

 

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

Émilienne Raoul, au centre, entourée de Xavier Emmanuelli, de Roland Bouiti Viaudo (à gauche), et d'Anatole Collinet Makosso, Pierre Baillet (à droite), pendant le débat.